Le vrai visage, pas très séduisant, de la lingerie française

Le vrai visage, pas très séduisant, de la lingerie française

La lingerie française est souvent associée à l’élégance et au savoir-faire artisanal, mais la réalité est bien différente. Si certaines marques bon marché, comme Etam, revendiquent ouvertement une fabrication à bas coût, d’autres grandes marques préfèrent cacher leurs pratiques de délocalisation massive. C’est ce que le reportage “Les Dessous du soutien-gorge” diffusé sur France 5 a révélé.

Des grandes marques qui prétendent fabriquer en France

Aubade et Chantal Thomass prétendent fièrement ne pas avoir recours au “made in China”. Cependant, en se rendant en Asie, une journaliste a rapidement découvert que ces marques avaient bien délocalisé leur production en Chine. Et ce n’est pas tout, d’autres marques telles que Dim, Chantelle, Passionata et Princess tam-tam ont probablement fait de même. Le comble, c’est qu’un soutien-gorge fabriqué pour seulement 3 dollars est revendu dix fois plus cher dans les magasins Etam en France. Aubade, quant à elle, vend un soutien-gorge produit pour 5 euros en Chine à 100 euros en France. Le plus surprenant, c’est que la fabrication se fait dans les mêmes usines, quel que soit le prix de vente. Par exemple, l’entreprise Brunet, fournisseur de plusieurs marques françaises, a quitté Calais il y a dix ans pour s’installer en Asie, où la dentelle coûte trois fois moins cher à fabriquer. Ainsi, même les matières premières sont désormais “made in China”, contrairement à ce que prétendaient certains vendeurs d’Aubade.

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Des conditions de travail et environnementales préoccupantes

Mais dans quelles conditions les usines locales travaillent-elles en Chine ? Selon un responsable d’usine, 90 % des entreprises ne respectent pas les normes environnementales. En effet, les usines se contentent souvent de rejeter les produits chimiques, même les plus nocifs, dans la nature. Il est légitime de s’interroger sur la présence de ces substances dangereuses dans les produits finis. Certains scientifiques soulignent que le port quotidien de sous-vêtements contenant des perturbateurs hormonaux pendant de nombreuses années peut avoir des conséquences sur la santé, avec notamment une augmentation des risques de cancer du sein.

Quelques alternatives qui ont fait le choix de l’éthique

Heureusement, toutes les marques ne suivent pas ces pratiques. Les Atelières, une coopérative créée il y a deux ans par des couturières licenciées pour cause de salaires trop élevés, produit de la lingerie en utilisant exclusivement de la dentelle fabriquée à Calais par Noyon, sur des machines datant de 150 ans. Malheureusement, les difficultés financières ont conduit cette coopérative à cesser ses activités peu de temps avant la diffusion du reportage. Allande Lingerie, quant à elle, a choisi de contourner les intermédiaires en distribuant ses créations exclusivement à domicile, par le biais de démonstratrices. Grâce à ce mode de distribution, la marque garantit que sa lingerie est toujours 100 % fabriquée en France et exempte de perturbateurs endocriniens.

La vérité sur la lingerie française est donc moins glamour qu’il n’y paraît. Entre les grandes marques qui délocalisent leur production sans le dire et les marques plus éthiques mais fragiles économiquement, il est essentiel de porter un regard éclairé sur nos choix de consommation.

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