L’éco-pâturage : un modèle économique durable pour l’entretien des espaces verts

L’éco-pâturage : un modèle économique durable pour l’entretien des espaces verts

Les moutons ont trouvé une nouvelle conquête : les espaces verts. Ils s’installent pour réinvestir les terrains et les friches agricoles. De nos jours, être éleveur nécessite de s’adapter à un paysage urbain industrialisé, ainsi qu’à des espaces verts très réglementés et fréquentés par des randonneurs.

Les contraintes du pâturage sont nombreuses : il faut exploiter un terrain en tant que propriétaire ou locataire, assumer les frais d’entretien et se conformer aux normes de la PAC ou du label Biologique, entre autres. De plus, il est nécessaire de gérer le roulement du pâturage des animaux et de récolter le foin, l’herbe ou les céréales pour les nourrir.

Mais le pâturage présente également de nombreux avantages : les ruminants sont plus heureux lorsqu’ils ont de l’herbe verte, leur viande et leur lait sont de meilleure qualité, ils contribuent à l’entretien du terrain et l’on peut même revendre leur laine.

Voyons maintenant quels modèles économiques peuvent être proposés pour l’éco-pâturage. Cela permettrait d’avoir des solutions durables pour l’approvisionnement en nourriture fraîche locale pour les moutons, ainsi qu’un entretien écologique des terrains en périphérie urbaine.

Qu’est-ce que l’éco-pâturage ?

L’éco-pâturage consiste à faire brouter des moutons ou d’autres animaux herbivores sur des terrains agricoles ou non qui n’appartiennent pas à l’éleveur.

Le but de l’éco-pâturage est d’échanger l’utilisation des terrains contre l’entretien de la végétation par le pâturage des animaux. D’un côté, on trouve les propriétaires de terrains privés, tels que les entreprises, ainsi que des acteurs publics, comme les collectivités. De l’autre côté, on trouve les éleveurs d’animaux herbivores tels que les moutons, les chèvres, les vaches, les chevaux, les lamas ou même les alpagas.

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Une démarche économique

L’éco-pâturage fait écho à la Loi Labbé de 2014, qui interdit l’usage de produits phytosanitaires et d’herbicides dans les lieux publics à partir de janvier 2017. Pour remédier à l’invasion de mauvaises herbes, l’éco-pâturage fait son grand retour dans des villes plus sensibles au développement durable.

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Il permet de réduire la pollution liée à la tonte par tracteur, de minimiser les déchets verts générés par la tonte et de contribuer à la préservation de la diversité floristique en apportant de la matière organique aux sols. De plus, il permet aux chèvres d’accéder aux friches envahies par les broussailles et de réduire le risque d’incendie en nettoyant les sous-bois.

En maintenant la vitalité des sols grâce à la rotation des ruminants sur les parcelles (en adoptant les modèles de pâturage tournant dynamique ou de pâturage extensif), l’éco-pâturage permet d’obtenir une herbe broutée de meilleure qualité et un rendement durable.

Que ce soit en milieu rural ou urbain, l’éco-pâturage contribue à une approche écologique et constitue une excellente alternative à l’utilisation de tondeuses.

Baisse de coûts d’entretien des animaux

L’éco-pâturage permet de réduire les coûts d’entretien des animaux : il n’est plus nécessaire d’acheter autant de céréales et de fourrage, et les animaux bénéficient d’une alimentation à base de végétaux frais.

L’éco-pâturage se distingue économiquement des formes de pâturage héritées de l’agriculture industrialisée, qui reposent sur l’importation de céréales telles que le soja ou le maïs. De plus, grâce à l’utilisation de terrains empruntés à des propriétaires publics ou privés, l’éleveur peut profiter de plus de terres à moindre coût.

Renouvellement des pâturages

Grâce aux différentes techniques de pâturage tournant dynamique, l’herbe a le temps de se renouveler entre deux passages des animaux, ce qui améliore le rendement et la qualité du pâturage.

L’éco-pâturage constitue donc un système gagnant-gagnant, extrêmement simple et facile à mettre en œuvre. Il permet de respecter l’environnement et la biodiversité, tout en assurant la qualité de vie et d’alimentation des animaux.

Comment convaincre les autres acteurs ?

L’éco-pâturage est un mode d’entretien ancestral qui s’adapte aux contraintes de notre société actuelle. Il peut être utilisé aussi bien dans les bâtiments publics tels que les hôpitaux, les universités ou les maisons de retraite, que dans les sites logistiques ou industriels. Pour les propriétaires fonciers publics ou privés, il constitue un moyen d’entretenir les terrains tout en soutenant une démarche durable.

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Réduction des dépenses liées à l’entretien des espaces verts

L’éco-pâturage présente de nombreux avantages en termes d’entretien des espaces verts :

  • Réduction des dépenses liées à l’entretien : plus besoin de désherbants, de fertilisants ou de coupes, nos amis à sabots et à cornes s’occupent de tout ;
  • Alternative écologique aux tracteurs et aux tondeuses ;
  • Réduction de la dépense en carburant pour les tracteurs et des déplacements liés aux déchets verts en cas d’entretien mécanique des terrains.

Création d’animation, d’espaces de partage et de joie

De nombreuses communes ont fait le choix d’installer des chèvres, des moutons ou même des fermes pédagogiques dans des espaces interurbains. L’éco-pâturage permet de réintroduire la nature en ville et de végétaliser le paysage urbain. De plus, la présence des animaux crée une animation. Les familles et les écoles peuvent venir observer les animaux et être sensibilisées aux enjeux de la biodiversité par des animateurs. Enfin, il peut être associé à d’autres formes d’agriculture urbaine, telles que les poulaillers, les ruches ou les clapiers.

L’éco-pâturage permet ainsi de créer une ambiance conviviale et pédagogique sur les lieux d’implantation, en sensibilisant le public à l’environnement.

Préservation des territoires abandonnés

Enfin, l’éco-pâturage permet d’éviter que les friches et les terrains vagues soient laissés à l’abandon. De nombreux terrains attendent une réhabilitation ou un projet. L’introduction d’animaux sur ces terrains permet de remplacer un espace vide par un espace de vie, représentant une belle opportunité pour les collectivités.

Entreprises et collectivités, pensez à l’éco-pâturage pour entretenir vos espaces verts et vides !

Exemples d’éco-pâturages en France

Depuis les années 2000, plus de 1000 projets d’éco-pâturage ont été mis en place en France, impliquant plus de 300 collectivités et des millions de moutons. Voici quelques exemples :

  • Moutons et étudiants : la ville de Lyon a encouragé dans les années 2010 un projet d’éco-pâturage près des universités, comme le campus de l’ENS de Lyon avec ses mouflons ou l’EM Lyon avec ses moutons débroussailleurs ;
  • Parc de Malbosc à Montpellier : depuis 2016, un éco-pâturage de 15 hectares sensibilise les étudiants et les élèves à la biodiversité grâce à la présence d’un berger ou d’animateurs ;
  • Golfe du Morbihan : un berger fait pâturer des races rustiques bretonnes de moutons adaptées aux prés salés et aux vents humides de Bretagne.
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Quel type de contrat propriétaire-éleveur ?

Dans le contrat entre le propriétaire du terrain et l’éleveur, il est important de fixer clairement le mode de gestion ainsi que les objectifs à atteindre. La sécurité du troupeau doit être assurée, ce qui peut nécessiter une assurance.

Le propriétaire du terrain doit veiller à ce que les moutons disposent d’une clôture, d’un abri et d’un abreuvoir. Ainsi, le berger peut exercer son métier dans les meilleures conditions et assurer le suivi du troupeau.

En termes de coûts, le propriétaire du terrain verse des revenus à l’éleveur pour l’entretien des terres. Une société tierce peut faciliter la mise en relation entre le propriétaire foncier et l’éleveur moyennant un pourcentage des coûts de gestion.

Le tarif pour faire pâturer des moutons sur un champ est dégressif en fonction de la surface : plus la surface est grande, plus la nourriture nécessaire aux moutons est abondante, ce qui réduit les coûts d’entretien des espaces.

Moutons et panneaux solaires : l’agrivoltaïsme

Il est également possible d’associer le pâturage des animaux à la production d’électricité. L’agrivoltaïsme consiste à installer des panneaux solaires photovoltaïques en rangées espacées sur un terrain à faible rendement agricole. L’enclos qui entoure l’installation solaire assure la sécurité des moutons et la protection des panneaux contre le vandalisme.

Cette association permet d’utiliser les terrains agricoles de manière double en maintenant l’herbe sous les panneaux photovoltaïques grâce au pâturage des moutons. L’ombre apportée par les panneaux limite la sécheresse et le stress hydrique des sols, ce qui favorise une pâture de meilleure qualité pour les animaux ainsi que des récoltes d’herbes, de luzerne ou de foin.

Pour de tels projets, il est essentiel de faire appel à des intermédiaires fiables, car la mise en place d’une ferme solaire représente un investissement d’environ 90 000 euros. La vente de l’électricité peut se faire via des appels d’offres de la Commission de Régulation de l’Electricité ou par le biais de contrats de gré à gré, appelés Power Purchase Agreement (PPA).

La vente de l’électricité assure des revenus au propriétaire de la ferme solaire, tandis que l’entretien de la végétation génère des revenus pour l’éleveur. Une synergie bénéfique pour tous !

Évaluer mon terrain avec Ferme Solaire

L’éco-pâturage offre un modèle économique durable pour l’entretien des espaces verts. C’est une solution qui allie respect de l’environnement, bénéfices économiques et préservation de la biodiversité. Alors, pourquoi ne pas envisager l’éco-pâturage pour vos espaces verts et vides ?

Références:

  • Image: Florian Weichelt on Unsplash
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