Les constructeurs automobiles sont actuellement confrontés à une transition vers les véhicules électriques, poussée par de nouvelles réglementations sur les émissions de CO2 et les primes à l’achat. Selon un rapport du cabinet de conseil KPMG, les dix plus grands constructeurs mondiaux investissent plus de 200 milliards de dollars dans ce domaine, ce qui représente une somme plus importante que l’ensemble des dépenses de la NASA pour les programmes Apollo.
Cependant, cette vague d’investissements suscite des inquiétudes quant à un éventuel excès de production. KPMG met en garde contre la surcapacité mondiale de production, qui pourrait atteindre 40 millions d’unités d’ici 2030, si les véhicules électriques représentent 30% du marché automobile. Cela signifierait une surproduction de 200 usines.
En 2018, l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA) a déjà exprimé ses préoccupations auprès de la Commission européenne quant aux normes strictes de réduction des émissions. Selon l’ACEA, une transition trop rapide vers les véhicules électriques serait très préjudiciable à l’industrie automobile.
Emplois en danger
Un autre aspect à prendre en compte est l’impact sur l’emploi. Maxime Picat, directeur Europe de PSA, souligne que la fabrication d’une voiture électrique nécessite 40% de main-d’œuvre en moins que celle d’un véhicule thermique. Il est donc compréhensible que l’industrie automobile ait besoin de temps pour s’adapter à ces changements.
Une étude de l’Observatoire de la métallurgie avertit que 20% des emplois liés au secteur automobile en France sont menacés à terme par l’électrification du parc, soit un total de 40 000 emplois.
Gary Silberg, un responsable de KPMG, avertit également que parier trop lourd et trop tôt sur l’électrique pourrait laisser les constructeurs traditionnels sans les véhicules à essence nécessaires pour maintenir leurs bénéfices. Toutefois, prendre du retard dans cette transition pourrait les conduire à leur disparition. Silberg prédit même la disparition d’au moins un ou deux des plus grands constructeurs automobiles qui échoueront dans cette transition délicate.
Conséquences financières
Un autre problème est que les coûts de maintenance des voitures électriques sont considérablement réduits par rapport aux voitures thermiques. KPMG estime qu’en moyenne, une voiture électrique génère 60% de moins de revenus pour les réparations et les pièces détachées. Cette situation risque de faire disparaître de nombreux garagistes. En revanche, les assureurs devraient connaître une augmentation de leur chiffre d’affaires. Il est clair que les gagnants d’aujourd’hui ne seront pas ceux de demain.
En conclusion, l’industrie automobile se trouve à un tournant majeur avec la transition vers les véhicules électriques. Si cette opportunité offre de nombreux avantages en termes d’environnement et de santé, elle n’est pas sans risques. Les constructeurs automobiles doivent trouver le bon équilibre pour ne pas compromettre leur rentabilité tout en se préparant à une industrie automobile électrifiée.