“L’emballement thermique des voitures électriques sur les navires inquiète les pompiers”

“L’emballement thermique des voitures électriques sur les navires inquiète les pompiers”

Les marins-pompiers de Marseille tirent la sonnette d’alarme concernant les nouveaux risques auxquels le monde maritime est confronté en raison du transport de voitures électriques et de la taille gigantesque des navires. Les incendies causés par l’emballement thermique des batteries des voitures électriques sont devenus un scénario catastrophe redouté par les marins-pompiers à bord des navires.

Des actions de prévention en réflexion

Pour éviter la propagation de ces incendies, les pompiers doivent utiliser une grande quantité d’eau, soit 1000 litres par minute, soit deux fois plus que d’habitude. Ce nouveau risque nécessite également l’acquisition de matériel, tels que des robots dotés de systèmes de détection thermique et de dispositifs d’arrosage. Une réflexion sera menée sur ce sujet en collaboration avec Armateurs de France. Depuis deux ans, les marins-pompiers travaillent déjà sur des pistes d’actions de prévention, comme le transport de véhicules électriques à seulement 30% de charge, car les batteries complètement chargées semblent être les plus dangereuses. “Cela pourrait par exemple être une recommandation lors de l’achat d’un billet pour un ferry”, suggère le lieutenant de vaisseau Hervé.

L’enjeu des nouveaux carburants

Les pompiers doivent également s’adapter à l’émergence de nouveaux carburants dans le cadre de la décarbonation du secteur maritime. Ils considèrent que le gaz naturel liquéfié n’est pas un problème en soi, car ils sont habitués à traiter les fuites de gaz dans les réseaux urbains. “Nous transposons simplement cette expérience au milieu des navires, avec quelques adaptations”, précise le chef du bureau expertise maritime du BMPM.

En revanche, l’utilisation de l’ammoniaque pose davantage de problèmes. Bien qu’il ne produise pas de CO2 lorsqu’il brûle, il est extrêmement corrosif et toxique. “Les installations doivent être conçues en conséquence et il faut des règles pour protéger les équipages”, explique le marin-pompier. Le méthanol pose également des défis similaires, bien que les pompiers le connaissent bien, des adaptations spécifiques sont nécessaires en milieu maritime.

Les préoccupations environnementales

À Marseille, l’un des plus grands ports de croisière de la Méditerranée, la présence des gros paquebots suscite l’hostilité des habitants, qui dénoncent une pollution de plus en plus préoccupante. Les géants des mers sont responsables de 39% des émissions de dioxyde d’azote, juste derrière les 45% du trafic routier. Les mouvements écologistes et les résidents réclament l’arrêt total de ce trafic jugé contraire aux préoccupations environnementales actuelles. “Il est nécessaire de planifier une sortie complète du tourisme de croisière en Europe”, a déclaré Sébastien Bardes, adjoint à la transition écologique (EELV), dans les colonnes de 20 Minutes.

En 2022, 75 paquebots de croisière ont fait escale dans le grand port de Marseille, émettant deux fois plus d’oxyde de soufre que l’ensemble des voitures de la ville (369 000). Cela place Marseille parmi les ports les plus pollués d’Europe, selon une étude publiée le 15 juin 2023 par l’ONG Transport et Environnement.

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