L’énergie dans le monde

L’énergie dans le monde

L’énergie est à l’origine de plus de deux tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Alors que le Royaume-Uni et les États-Unis, des pollueurs historiques, sont désormais distancés, la Chine et l’Inde prennent la tête. La production d’électricité et les transports restent les secteurs les plus émetteurs de CO2.

L’énergie responsable de deux-tiers des émissions de gaz à effet de serre

Le changement climatique est causé par l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, notamment le CO2 et le méthane. Les deux tiers de ces gaz sont dus à notre consommation d’énergie. Les principales sources de ces gaz sont les énergies fossiles, telles que le pétrole, le charbon et le gaz, qui émettent d’énormes quantités de CO2 lorsqu’elles sont brûlées.

En 2018, la combustion des énergies fossiles a relâché 37 gigatonnes (soit 37 milliards de tonnes) de CO2 dans l’atmosphère, soit deux fois plus qu’en 1975. La moitié de ce CO2 est absorbée par les océans et les forêts, tandis que l’autre partie s’accumule dans l’atmosphère, contribuant ainsi au réchauffement de la planète. Les gaz à effet de serre restent dans l’atmosphère pendant des années, voire des siècles, et ont un impact mondial, peu importe leur lieu d’émission.

La concentration de CO2 dans l’atmosphère est restée stable autour de 280 parties par million (ppm) pendant des milliers d’années. Cependant, à partir du 19e siècle et de la Révolution industrielle, cette concentration a commencé à augmenter rapidement. En effet, toutes les nouvelles machines nécessitaient une grande quantité d’énergie, principalement du pétrole.

L’énergie dans le monde
Entre l’an 1000 et 1800, la concentration de CO2 dans l’atmosphère est restée stable à 280 ppm, avant de grimper aux 19e, 20e et 21e siècles. Cela est dû aux activités humaines depuis la Révolution industrielle, notamment celles liées au secteur de l’énergie. © NOAA

Au cours de la première moitié du 20e siècle, les guerres mondiales ont conduit à une augmentation considérable du nombre de machines : tanks, avions, camions, etc. À tel point que le soldat américain de la Seconde Guerre mondiale a consommé 228 fois plus d’énergie que celui de la Première Guerre mondiale. Cette explosion de la consommation énergétique s’est encore accentuée après les guerres. Cette période a été surnommée la “Grande Accélération”. Avec l’émergence de la publicité et de la société de consommation, ainsi que le développement de l’électricité, la production industrielle a augmenté, favorisant ainsi l’essor de l’électroménager. Dans les années 1990, l’apparition d’Internet et la révolution numérique, puis dans les années 2000, l’explosion des smartphones, ont encore fait augmenter la demande en énergie.

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Contrairement à l’idée reçue selon laquelle les nouvelles énergies se substitueraient aux anciennes, toutes ces sources d’énergie se sont en réalité ajoutées les unes aux autres. Au cours des 40 dernières années, la consommation d’énergie primaire a augmenté en moyenne de 2% par an. En Asie, cette hausse est encore plus prononcée, atteignant près de 5% par an. La demande en électricité croît à une vitesse fulgurante, et il est prévu que la consommation mondiale d’électricité double d’ici 2040, en raison des besoins croissants dans les domaines du numérique, des transports, du chauffage et de la climatisation.

Au cours du 20e siècle, la population mondiale a été multipliée par 3,75 et la production énergétique par 10 pour répondre à la hausse de la consommation. Ainsi, les émissions de dioxyde de carbone n’ont jamais cessé d’augmenter, aggravant ainsi le changement climatique. Cependant, entre 2014 et 2016, les émissions mondiales de CO2 provenant des combustibles fossiles, de l’industrie et de la production de ciment ont connu une baisse, laissant espérer que le monde était enfin sur la bonne voie. Malheureusement, cette illusion s’est dissipée en 2017, et les émissions ont repris leur augmentation, qui s’est encore aggravée en 2018.

Bien que la part des énergies renouvelables augmente chaque année, les énergies fossiles demeurent la principale source d’énergie dans le monde. En 2018, le charbon, le gaz et le pétrole représentaient 85% de la consommation mondiale d’énergie, contre 11% pour les énergies renouvelables et 4% pour le nucléaire. Le gaz, souvent présenté comme une énergie propre, est de plus en plus utilisé.

Les pays les plus émetteurs

Alors que l’Union européenne commence lentement à réduire ses émissions, la Chine, l’Inde et les États-Unis continuent d’intensifier leur consommation de pétrole, de gaz et de charbon.

En 2013, voici les dix plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, par ordre :

  1. Chine
  2. États-Unis
  3. Union européenne
  4. Inde
  5. Russie
  6. Japon
  7. Brésil
  8. Indonésie
  9. Canada
  10. Mexique

Parmi ces dix pays ou groupes de pays, seule l’Union européenne a réduit ses émissions en 2018. En revanche, l’Inde a enregistré la plus forte augmentation, ce qui s’explique logiquement par la croissance de sa population et son développement industriel. Cependant, les États-Unis restent les plus mauvais élèves. Bien qu’étant un pays riche, responsable depuis longtemps d’émissions par habitant parmi les plus élevées au monde et disposant de technologies permettant de réduire radicalement ses émissions, les États-Unis ont enregistré une augmentation de plus de 3%. Ce piètre résultat est notamment dû à l’utilisation croissante du pétrole, en particulier dans l’industrie pétrochimique.

Les pays qui ont émis le plus de gaz à effet de serre entre 1990 et 2014
La Chine a dépassé les États-Unis en 2004 pour devenir le plus grand émetteur de gaz à effet de serre. L’Union européenne occupe la troisième place, mais est progressivement rattrapée par l’Inde et l’Indonésie. © ClimateWatch, WRI

La consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre sont très inégalement réparties dans le monde, variant considérablement d’un pays à l’autre. En 2013, les États-Unis, la Chine et l’Union européenne représentaient plus de la moitié des émissions mondiales, contre seulement 3,5% pour les 100 pays les moins émetteurs. Malgré les excès d’énergie américains, il ne faut pas oublier qu’une personne sur huit dans le monde n’a toujours pas accès à l’électricité.

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Les responsabilités historiques dans le changement climatique

Historiquement, ce sont les États-Unis et le Royaume-Uni qui ont été les premiers émetteurs de gaz à effet de serre. En 1900, ils représentaient 60% des émissions mondiales de CO2, et encore près de 50% en 1980. Ces deux grandes puissances ont en grande partie construit leur richesse sur les énergies fossiles : le charbon a été le principal carburant de l’hégémonie britannique et de sa flotte au 19e siècle, tandis que les États-Unis ont prospéré grâce à leur industrie pétrolière.

Cependant, ces dernières décennies, la situation a changé, et ces pays industrialisés précoces ont été dépassés par les économies émergentes. Dans les années 2000, les émissions de gaz à effet de serre de la Chine ont dépassé celles de l’Europe puis des États-Unis. C’est pourquoi, lors des réunions internationales, les pays émergents exigent que les pays industrialisés, qui sont historiquement responsables du changement climatique, fournissent des efforts bien plus importants qu’eux pour réduire leurs émissions.

Les secteurs les plus polluants

En 2015, voici la répartition des émissions de CO2 liées à l’énergie par secteur dans le monde :

Répartition des émissions de CO2 par secteur en 2015 dans le monde
Production d’électricité, transports, industrie et construction, usages résidentiels : chaque secteur a sa part de responsabilité dans les émissions mondiales de CO2. © AIE

Le premier secteur émetteur de CO2 est la production d’électricité, qui représente 39% du total. Cette production cache la consommation d’électricité que nous utilisons tous les jours à la maison, à l’école ou au bureau. La méthode la plus répandue et la moins coûteuse pour produire de l’électricité de nos jours est l’utilisation de centrales thermiques, qui brûlent des énergies fossiles. Ces centrales sont principalement alimentées par le charbon, qui génère près de 40% de l’électricité mondiale et émet le plus de CO2 par kilowatt-heure produit. Bien que de moins en moins utilisé en Europe de l’Ouest, le charbon reste très prisé dans de nombreux pays comme la Chine, l’Inde, la Pologne ou l’Afrique du Sud.

Ensuite, les transports représentent un cinquième de la consommation d’énergie dans le monde et un quart des émissions de CO2 liées à l’énergie. Les transports aérien et maritime connaissent une croissance fulgurante, mais c’est le secteur routier qui est le plus polluant. Les poids lourds ont un impact significatif sur le climat, mais beaucoup moins que les 1,2 milliard de voitures individuelles qui circulent sur la planète. La quasi-totalité des modes de transport fonctionne grâce à des carburants dérivés du pétrole, tels que l’essence, le gazole, le kérosène et le fioul lourd.

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La combustion d’énergie dans l’industrie et la construction est responsable de 19% des émissions. En Chine, cette proportion atteint 31%, et en Europe, 28%. Cela inclut l’énergie utilisée dans l’industrie chimique, la production de fer et d’acier, l’alimentation et la cimenterie. On néglige souvent la construction des bâtiments, des autoroutes et des barrages, qui génère pourtant d’importantes émissions lors de la fabrication des matériaux, tels que le ciment, leur transport et l’utilisation de carburants sur les chantiers.

Les usages résidentiels représentent 6% des émissions. Il s’agit de l’énergie utilisée à domicile pour le chauffage, la cuisine et l’eau chaude. Les émissions liées à l’électricité consommée à la maison sont comprises dans la production d’électricité.

Les entreprises les plus émettrices

Toutes les entreprises consomment de l’énergie pour mener leurs activités et réaliser des bénéfices. Au cours des dernières années, il a été possible de mesurer l’impact de chaque entreprise sur le climat. Ainsi, 100 entreprises sont responsables de 71% des émissions de gaz à effet de serre entre 1988 et 2015. Sans surprise, il s’agit des sociétés qui extraient, raffinent et commercialisent les énergies fossiles. Parmi les entreprises privées, on retrouve ExxonMobil, Shell, BP, Chevron, Total, tandis que du côté des entreprises publiques, on trouve des entreprises saoudiennes, russes, iraniennes, indiennes et chinoises. En raison de l’augmentation de la consommation mondiale d’énergie chaque année, ces 100 sociétés ont rejeté plus de CO2 et de méthane en 28 ans que pendant les 237 années précédentes.

Les cimentiers sont également responsables de fortes émissions de CO2, car le ciment est le deuxième matériau le plus utilisé sur Terre après l’eau. Le ciment est principalement composé de ciment, dont la fabrication nécessite beaucoup de ressources et d’énergie en raison de la chaleur extrême requise. Pour chaque tonne de ciment produite, environ une tonne de dioxyde de carbone est libérée.

Le développement exponentiel des compagnies aériennes à bas coût est également néfaste pour le climat. Avec plus de 4,3 milliards de passagers, ce secteur représente désormais 3% des émissions mondiales. En 2019, une compagnie aérienne, Ryanair, a même été classée parmi les 10 plus gros pollueurs européens, aux côtés de 9 centrales à charbon, selon l’ONG Transport & Environment.

La conséquence directe de tout cela est que les scientifiques prévoient une augmentation de l’empreinte carbone du secteur du tourisme, qui représente déjà 8% des émissions mondiales. L’impact provient bien sûr des transports, mais aussi des biens et services consommés sur place, tels que l’hébergement, l’alimentation et le shopping.

Toutes ces entreprises produisent des combustibles, des biens ou des services que nous, en tant que consommateurs, utilisons. Bien que ces entreprises doivent agir pour réduire leur impact sur le climat, il revient également aux consommateurs de changer leurs habitudes et leurs modes de consommation d’énergie, afin de mettre fin à l’extraction des énergies fossiles.