Les 5 marchés de la recharge et leurs acteurs clés

Les 5 marchés de la recharge et leurs acteurs clés

Le marché de la recharge des véhicules électriques connaît une structuration rapide, avec une segmentation déjà visible en fonction des différents besoins.

Le marché de la recharge des véhicules électriques continue de croître rapidement et de manière significative. En France, on compte actuellement 75 279 points de recharge ouverts au public, soit une augmentation de 53 % en un an. Bien que l’objectif initial du gouvernement de 100 000 points d’ici fin 2021 ne soit pas encore atteint, nous nous en approchons inexorablement.

Si le rythme de déploiement se maintient, nous pourrions atteindre le cap symbolique des 100 000 points de recharge d’ici mi-2023. Certes, cela représente un retard de 18 mois par rapport à l’objectif initial, mais il ne faut pas oublier l’impact du Covid-19, qui a mis en pause de nombreux projets pendant plusieurs mois, aggravé par la pénurie de composants.

Cependant, la croissance du déploiement des points de recharge s’est accélérée au cours des deux dernières années. En effet, autant de points de recharge ont été ouverts au cours des 3 premiers trimestres de 2022 que durant les 5 années précédentes. Ces chiffres encourageants devraient rassurer ceux qui envisagent de passer à la voiture électrique mais qui hésitent encore en raison d’une infrastructure jugée insuffisante.

Il faut accélérer encore plus rapidement

Cependant, si nous nous projetons dans un avenir proche, par exemple d’ici 2035, date marquant la fin de la commercialisation des voitures thermiques en Europe, les fournisseurs d’énergie et les opérateurs de réseaux de recharge devront travailler encore plus dur pour fournir suffisamment d’électricité et de stations de recharge pour répondre à la demande. Si nous considérons que d’ici mi-2023, nous aurons atteint 100 000 points de recharge pour un parc d’un peu plus d’1 million de véhicules électriques et hybrides rechargeables en France, soit un point de recharge pour 10 véhicules, cela est toujours considéré comme insuffisant. En 2035, il faudrait donc au minimum 1,5 million de points de recharge, car les prévisions indiquent qu’il y aura 15 millions de voitures électriques sur les routes à cette date.

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Pour atteindre cet objectif, il faudrait ouvrir près de 10 000 nouveaux points de recharge chaque mois sans interruption au cours des 12 prochaines années. Or, le rythme actuel d’ouverture, bien qu’il se soit considérablement accéléré, est de 2 105 nouveaux points de recharge par mois au cours des 10 premiers mois de 2022, soit un total de 21 048 nouveaux points de recharge ouverts au public.

Nous pouvons clairement constater que ce n’est pas suffisant, et il faudra accélérer considérablement le déploiement pour atteindre le seuil minimal d’une offre acceptable. Bien sûr, d’ici 2035, nous pouvons également supposer que les voitures électriques auront doublé leur autonomie et réduit leur temps de recharge à quelques minutes seulement, ce qui pourrait soulager la pression sur les stations de recharge. Cependant, il ne faut pas perdre de temps.

D’autre part, il est important de noter que les points de recharge ouverts au public ne représentent que moins de 10 % des solutions de recharge, car près de 90% des recharges se font à domicile ou sur le lieu de travail, de manière équivalente.

En réalité, le marché s’est déjà segmenté en fonction des différents besoins, permettant à de nombreux acteurs spécialisés d’émerger et de répondre précisément à la demande.

Comme l’a souligné François Oudot de Bump lors de notre dernier podcast, il existe désormais 5 grands segments dans le secteur de la recharge des véhicules électriques : la recharge à domicile, la recharge en voirie, la recharge sur autoroute, la recharge en entreprise et la recharge à destination (ou dans des établissements recevant du public). Chaque segment du marché a ses acteurs spécifiques. Nous allons examiner cela plus en détail.

La recharge à domicile

Cela concerne tous ceux qui résident en maison individuelle et qui ont donc le privilège de pouvoir recharger leur véhicule pendant la nuit, pendant les heures creuses, lorsque la voiture est garée dans le garage. Selon l’INSEE, cela représente 55 % de la population. Là encore, de nombreux acteurs proposent des solutions, comme les fournisseurs de prises domestiques renforcées comme Green’UP ou des solutions plus robustes comme Wallbox, qui doivent obligatoirement être installées par un professionnel des infrastructures de recharge pour véhicules électriques (IRVE). C’est la solution la moins chère au kilomètre. Avec un coût moyen de 0,17 euro par kWh et une consommation moyenne de 18 kWh aux 100 kilomètres, il ne coûtera que 3 euros pour parcourir 100 kilomètres.

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Malheureusement, cette solution ne s’adresse qu’à la moitié de la population, ce qui nous amène au deuxième point, celui de…

La recharge en voirie

C’est sur ce marché que des progrès importants doivent être réalisés en termes de maillage et de densité de l’offre. Il s’agit essentiellement de fournir des points de recharge pour les personnes vivant en habitat collectif. Des solutions commencent à émerger, bien que timides en raison de la complexité du sujet. Développer une infrastructure de recharge dans l’espace public n’est pas une mince affaire. Cependant, des solutions émergent grâce à la créativité de certaines jeunes entreprises spécialisées telles que E-GAP, qui promet de livrer votre recharge à domicile ou au bureau comme le ferait Deliveroo avec des repas, ou encore Charles, le robot-chargeur de la société lyonnaise Mob-Energy.

Mais ce n’est pas tout. Izivia par exemple reprend une partie des bornes Bluely à Lyon (équivalent d’Autolib) pour fournir des points de recharge stratégiques intra-muros dans différents arrondissements de la métropole. Electra et Bump tentent également de se rapprocher des centres-villes, tout comme Tesla, qui a commencé à déployer des superchargeurs dans le centre de plusieurs grandes villes américaines et devrait bientôt faire de même en Europe. Belib est également un opérateur à surveiller, bien qu’il ne soit actuellement déployé qu’à Paris. D’autres solutions intéressantes consistent à utiliser l’infrastructure existante en ajoutant des points de recharge, comme les fameux réverbères qui servent de bornes de recharge à Londres et Berlin.

Nous ne pouvons pas passer sous silence les bornes de recharge situées sur les places de village, souvent installées depuis longtemps par les syndicats départementaux de l’énergie, qui continuent de fournir un complément de recharge pendant une visite des curiosités locales.

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La recharge sur autoroute (et sur route)

Bien que ce segment ne représente qu’environ 7% de l’offre, il est au cœur de toutes les attentions et suscite parfois des polémiques. C’est également là que les grands opérateurs tels que Ionity, TotalEnergies, Electra, Fastned et autres investissent tous leurs efforts et leurs investissements. C’est dans ce secteur que la recherche et le développement ainsi que l’innovation sont les plus sollicités, et où les puissances de charge sont les plus élevées. Bump détient actuellement le record avec des bornes pouvant délivrer jusqu’à 360 kW, juste devant Fastned et ses 350 kW.

La recharge en entreprise

Si vous ne pouvez pas recharger votre véhicule à domicile, vous avez peut-être une deuxième chance avec les bornes de recharge mises à disposition sur le parking de votre entreprise. Le principe est le même, sauf que vous rechargez pendant la journée au lieu de la nuit, à moins que vous travailliez en horaires décalés bien sûr. L’employeur peut vous offrir cette recharge en tant qu’avantage en nature, ou vous la facturer partiellement ou intégralement moyennant un forfait mensuel. De nombreux opérateurs sont déjà présents sur ce marché, tels que Zeplug, ChargeGuru ou encore Bump.

La recharge à destination

Ce secteur est également promis à un fort développement. On pense tout d’abord aux établissements recevant du public tels que les supermarchés et les grandes surfaces spécialisées. Des opérateurs tels qu’Allego (en partenariat avec Carrefour, entre autres), Power Dot ou encore Bump ont déjà investi ce marché prometteur. Lidl est à la fois un “pure player” et un opérateur avec déjà plus de 384 stations de recharge déployées en France, sans rien envier aux grandes enseignes du secteur. L’hôtellerie est également un marché intéressant, avec deux opérateurs, Tesla et Porsche, qui sont déjà très présents avec plusieurs centaines de points de recharge à destination chacun.

Comme nous pouvons le constater, en matière de recharge des véhicules électriques, la segmentation de l’offre en fonction des différents besoins ne résoudra pas tous les problèmes, mais contribuera certainement à mieux répartir l’approvisionnement en énergie, tant du point de vue territorial que temporel. Pour l’avenir, nous pouvons compter sur l’imagination et la créativité des entrepreneurs du secteur pour imaginer de nouvelles solutions qui viendront enrichir l’offre existante.