Les 7 robots qui ont marqué l’histoire de la robotique

Les 7 robots qui ont transformé l’histoire de la robotique

Le terme “robot” a fait son apparition pour la première fois en 1920 grâce à l’écrivain Karel Čapek. Il l’a introduit dans une de ses pièces de théâtre de science-fiction intitulée “R. U. R.” (Rossumovi univerzální roboti), qui met en scène les “robots universels de Rossum”. Le mot “robot” est dérivé du mot tchèque “robota”, qui signifie “travail” ou “serf”. Cette pièce raconte l’histoire d’une usine où des milliers d’humanoïdes synthétiques ont remplacé les ouvriers, réduisant ainsi les coûts de production de manière significative.

Depuis sa création, le mot “robot” a suscité des craintes existentielles, qu’elles soient fondées ou non, concernant la possibilité que les robots puissent un jour remplacer les êtres humains. Cent ans plus tard, quels sont les robots qui ont marqué l’histoire ? Retour sur ces machines iconiques qui ont laissé une empreinte indélébile dans les esprits, sans pour autant prendre le contrôle du monde.

Unimate, le premier robot industriel

Après l’imagination débordante de R.U.R., il a fallu attendre les années 1950 pour voir apparaître le premier robot mécanique réellement opérationnel. Appelé Unimate (pour “Universal Automation”), il s’agissait d’un bras robotique destiné à une utilisation industrielle. Il a été conçu par l’Américain George Devol et Joseph Engelberger, considéré comme le père de la robotique moderne et grand fan de l’écrivain de science-fiction Isaac Asimov.

Grâce à Joseph Engelberger, Unimate est passé du stade de prototype à celui de premier robot industriel en 1961. Après un test réussi sur une ligne de production de General Motors, 66 robots ont été commandés et utilisés par le constructeur automobile. Leur tâche principale était de saisir des pièces métalliques à très haute température et de les déplacer vers des bains de refroidissement. D’autres constructeurs automobiles, tels que Chrysler, Ford Motor, BMW, Volvo, Mercedes Benz, Fiat et même Renault, ont également adopté les robots de la société Unimation.

La popularité de cette création était telle que le robot était régulièrement invité à la télévision. Joseph Engelberger s’est assuré que l’Unimate fasse le spectacle pour le grand public. On a ainsi pu voir l’Unimate frapper une balle de golf pour la faire tomber dans une tasse, ou encore diriger l’orchestre du “Tonight Show Band”. Sa renommée a même dépassé les frontières, avec la concession de licences en Finlande et en Europe de l’Est à Nokia en 1966, puis au Japon à Kawasaki en 1969. Ce dernier finira par surpasser Unimation avec ses propres créations robotiques dans les années 1980.

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Joseph Engelberger, décédé en 2015, n’aimait pas qu’on dise que les robots allaient voler tous les emplois. Au contraire, il affirmait : “Les robots débarrassent les humains des emplois inhumains que nous leur attribuons.”

Shakey, le premier robot autonome

En 1972, le Centre d’intelligence artificielle du Stanford Research Institute (SRI) en Californie a créé le premier robot véritablement autonome. Baptisé Shakey en raison de ses mouvements oscillants lors de ses déplacements, il était capable de décomposer des commandes simples en une séquence d’actions spécifiques nécessaires pour atteindre un objectif en utilisant une certaine logique. Ce qui a rendu Shakey vraiment unique et mémorable est sa capacité à élaborer un plan pour atteindre son objectif. Il pouvait analyser son environnement et déterminer les différentes étapes à suivre, comme se déplacer tout droit, tourner à droite, monter une rampe, atteindre un mur et appuyer sur l’interrupteur pour éteindre la lumière, par exemple.

Jusqu’à Shakey, les robots exécutaient simplement une série de tâches en suivant des instructions. Cette capacité de planification a révolutionné la conception des futurs robots. Malgré ses fonctionnalités encore limitées, Shakey a été qualifié de “première personne électronique”. Aujourd’hui, on se souvient surtout de lui comme de la première machine à combiner robotique et intelligence artificielle.

WABOT, le premier robot anthropomorphe

Après les États-Unis, tournons-nous vers le Japon. En 1973, l’université de Waseda à Tokyo a conçu WABOT-1, le tout premier robot anthropomorphe à marche bipède. Son nom est la contraction de Waseda (Wa) et Robot (Bot). Ce robot était capable de contrôler ses membres, possédait un système de vision et était capable de communiquer. Il pouvait parler japonais et utiliser des capteurs externes pour mesurer des distances et localiser des objets. Avec des capteurs tactiles, il pouvait saisir des objets et se déplacer en utilisant ses membres inférieurs. On estimait que WABOT-1 avait les capacités mentales d’un enfant d’un an et demi.

Son successeur, le WABOT-2, est né en 1980. Les ingénieurs se sont lancé le défi de créer un robot artiste capable de jouer d’un instrument de musique, en l’occurrence un piano. Il pouvait également dialoguer avec une personne, lire une partition musicale grâce à une caméra en guise de tête, et jouer des morceaux de musique de difficulté moyenne sur un orgue électronique grâce à sa dextérité. Mais ce robot musicien était également doté d’une certaine intelligence, car il pouvait accompagner une personne tout en l’écoutant chanter. WABOT-2 est considéré comme le tout premier “robot personnel” au monde.

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Sojourner, le premier robot sur Mars

Après ABE, un robot sous-marin capable d’explorer les océans en totale autonomie, le Sojourner a marqué les esprits en 1997. Le 4 juillet de cette année-là, les roues du rover pesant seulement 10,6 kg touchaient le sol de la planète Mars après un long voyage à bord de la sonde spatiale Pathfinder de la NASA. Il était alors le premier engin à se déplacer sur le sol martien. L’objectif ici n’était pas de créer un androïde, mais plutôt une machine robuste capable d’affronter l’inconnu. Sojourner pouvait prendre ses propres décisions face à des situations imprévisibles, comme la présence d’un gros rocher sur son chemin par exemple.

Au cours de son “petit périple” couvrant une surface d’environ 250 mètres carrés (en raison de ses capacités limitées), Sojourner a pris environ 550 photos de Mars, analysé les données chimiques de 16 échantillons de roches et effectué des mesures atmosphériques. Pendant 83 jours, bien plus longtemps que ce que les scientifiques avaient prévu (une semaine seulement), les équipes de la NASA ont maintenu le contact avec le rover. Sojourner a ainsi ouvert la voie à ses successeurs Spirit, Opportunity et Curiosity.

Sojourner, rover-test et Curiosity. ©NASA

Kismet, le premier robot sociable

En 2000, une tête a monopolisé toutes les conversations. Kismet, un robot qui se résume à une tête alors que les robots humanoïdes se multiplient depuis plusieurs années, peut sembler étonnant. Mais c’est surtout pour sa capacité à interagir socialement que Kismet a marqué les esprits. Ce prototype développé par le Massachusetts Institute of Technology (MIT) était en mesure de voir et d’entendre ce que faisait son interlocuteur, d’interpréter ces informations et de réagir de manière appropriée.

Sa voix synthétique, capable de moduler son ton pour exprimer la joie, la tristesse ou encore la surprise, était accompagnée d’expressions faciales correspondantes (joie, colère, intérêt, ennui, etc.). Grâce à une multitude de capteurs, une analyse en temps réel des données et une capacité d’apprentissage pour ne pas reproduire d’erreurs (comme une faute de langage par exemple), Kismet pouvait être animé. De plus, le robot était équipé de 21 moteurs qui contrôlaient une paire expressive de sourcils jaunes, des lèvres rouges, des oreilles roses et de grands yeux bleus. “L’objectif est de construire une machine socialement intelligente qui apprend les choses comme nous, grâce aux interactions sociales”, expliquait Cynthia Breazeal, cheffe du projet Kismet au laboratoire d’intelligence artificielle du MIT. On estime que Kismet avait les capacités psychologiques d’un jeune enfant.

Kismet. ©MIT

De BigDog à Atlas, les robots tout-terrain de Boston Dynamics

Au départ, Boston Dynamics nous a divertis avec ses robots quadrupèdes capables de courir et de sauter. Puis le sourire s’est effacé pour laisser place à un certain malaise, voire de la peur. Aujourd’hui, la start-up américaine fournit notamment le Pentagone en robots militaires. Cependant, en 2004, BigDog a fait sensation sur YouTube. On pouvait voir ce robot à quatre pattes, sans tête, courir dans les sous-bois feuillus, grimper des pentes abruptes sans difficulté, avancer dans une épaisse couche de neige et sauter au milieu de piles de briques. Un véritable robot tout-terrain capable de se rétablir instantanément si quelqu’un le poussait violemment pour le faire tomber.

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BigDog a ensuite été suivi par Cheetah, WildCat et Atlas. Ce dernier, dévoilé en 2013, est un robot humanoïde autonome capable de faire du Parkour. Il peut sauter, courir, s’incliner, réaliser des sauts périlleux sur différentes surfaces et surmonter divers obstacles. Cet androïde peut également danser avec des mouvements très similaires à ceux d’un être humain. Accessoirement, il peut porter des colis, ouvrir des portes, conduire des véhicules, etc.

Selon les déclarations du ministère de la Défense des États-Unis, Atlas n’est pas destiné à être utilisé pour la guerre, mais plutôt comme une aide aux services d’urgence pour rechercher et sauver des êtres humains dans des environnements dangereux. On peut imaginer une situation où un immeuble risque de s’effondrer, ou encore un incident nucléaire tel que ceux de Tchernobyl ou de Fukushima.

Ameca, le robot le plus “humain” à ce jour

En 2022, lors du CES de Las Vegas, la start-up britannique Engineered Arts a surpris tout le monde avec son robot humanoïde Ameca. Il faut dire que la gamme et la précision des expressions de son visage sont troublantes de réalisme poussé à l’extrême. Mais Ameca n’est pas seulement un visage. Ce robot possède également un corps entièrement motorisé, des mains parfaitement reproduites et peut tenir une véritable conversation avec un être humain. Début septembre, Engineered Arts a publié une vidéo dans laquelle l’un de ses ingénieurs discute avec le robot.

Ameca intègre désormais le moteur de conversation à intelligence artificielle GPT-3, développé par la société OpenAI. Dans la vidéo, les conversations ne sont ni pré-écrites ni répétées. On peut observer qu’Ameca fait de courtes pauses (à 5 minutes dans la vidéo, lorsque la personne lui demande ce qui fait qu’il est ce qu’il est). Cela lui permet de comprendre la question posée, de préparer sa réponse et d’ajuster les expressions de son visage en conséquence. Un véritable vertige.

Et voilà, à travers ces exemples, nous avons pu voir comment les robots ont évolué au fil du temps pour devenir des machines de plus en plus avancées et complexes. Ces innovations ont ouvert la voie à de nouvelles possibilités et applications dans divers domaines, de l’industrie à l’exploration spatiale en passant par l’intelligence artificielle. Alors que nous continuons à repousser les limites de la technologie, qui sait quelles seront les prochaines avancées dans le monde fascinant de la robotique ?