Les appareils auditifs : comprendre leur fonctionnement et comment les choisir

Les appareils auditifs : comprendre leur fonctionnement et comment les choisir

Comment fonctionne un appareil auditif ?

Aujourd’hui, tous les appareils auditifs sont numériques. Le fonctionnement de ces prothèses est basé sur la captation des sons par un micro, leur traitement et leur amplification grâce à un microprocesseur, et enfin leur restitution dans l’oreille via un écouteur. Les audioprothèses actuelles sont capables d’isoler les différentes fréquences sonores (graves, médiums et aigus) et de les amplifier de manière différenciée en fonction du type de déficience auditive. Ces réglages sont effectués par l’audioprothésiste et la performance de l’appareil dépend du nombre de canaux dont il dispose. De plus, grâce à des programmes prédéfinis pour différents environnements sonores (calme, bruyant), les aides auditives sont en mesure d’analyser l’environnement et de sélectionner automatiquement le meilleur équilibre pour la restitution du son. Il est important de noter que les appareils auditifs ne restaurent pas complètement les capacités auditives perdues, mais compensent partiellement ce que l’oreille ne peut plus faire par manque de sensibilité.

Quand faut-il s’appareiller ?

Il est préférable de s’équiper dès que possible, tant que le cerveau est encore capable d’interpréter les sons transmis par l’oreille. L’appareillage est recommandé à partir d’une perte auditive de 30 décibels (dB), en particulier en cas de perte importante dans les fréquences aiguës ou lorsque la compréhension est manifestement affectée.

Qui peut prescrire des appareils auditifs ?

Pour bénéficier d’une prise en charge, l’appareillage doit être prescrit par un médecin qui se basera sur un examen initial de l’audition, appelé audiogramme. La plupart du temps, c’est un otorhinolaryngologiste (ORL) qui prescrit l’appareillage, mais un médecin généraliste peut également le faire s’il estime être en mesure de répondre aux besoins de ses patients. Une formation spécifique en otologie devait être obligatoire pour la prescription en médecine générale, mais cette obligation n’ayant pas été mise en place, tout généraliste peut maintenant, et officiellement jusqu’au 31 août 2020, prescrire un équipement. Cette possibilité est à prendre en compte dans les régions où les délais de rendez-vous avec un ORL sont longs.

Comment choisir un audioprothésiste ?

Il est préférable de choisir un audioprothésiste près de chez soi pour faciliter les nombreuses visites nécessaires lors de la phase d’adaptation de l’appareil, notamment pendant le mois d’essai gratuit. De plus, le suivi après l’achat implique de se rendre chez l’audioprothésiste au moins deux à trois fois par an. Idéalement, demandez des recommandations à des proches satisfaits de leur équipement, ou à défaut, demandez conseil au médecin qui a prescrit l’appareillage. N’hésitez pas à consulter plusieurs audioprothésistes pour déterminer celui avec lequel vous vous sentez le plus en confiance. Il est important de mentionner que les audioprothésistes maîtrisent généralement deux ou trois marques d’appareils, en raison de leur complexité technique. De plus, le marché évolue constamment, avec des marques qui rachètent des chaînes de magasins et imposent la commercialisation d’un pourcentage élevé de leurs produits. Le choix de votre audioprothésiste limite donc logiquement les possibilités à deux ou trois marques.

Les principales marques d’appareils auditifs

  • Bernafon
  • Oticon
  • Phonak
  • Resound
  • Rexton
  • Signia
  • Starkey
  • Unitron
  • Widex
  • etc.

Chaque marque propose une gamme complète d’appareils, allant de l’entrée de gamme au haut de gamme. Les prix ne sont généralement pas affichés sur les sites Internet des audioprothésistes, il est donc nécessaire de se rendre en boutique pour se faire une idée. Le prix des appareils varie de 600 à plus de 2 000 €.

Les différents types d’appareils auditifs

Contours d’oreille et micro-contours

Les contours d’oreille classiques, placés derrière l’oreille, sont constitués d’un boîtier renfermant l’ensemble du système (micro, processeur/amplificateur et écouteur). Un tube creux en plastique conduit le son jusqu’au conduit auditif. Bien qu’ils aient la réputation d’être peu discrets, ils se sont considérablement améliorés ces dernières années. Selon Salomé Chemla, audioprothésiste au sein du réseau mutualiste Écouter Voir, ils sont recommandés pour des pertes auditives importantes, car ils acceptent une plus grande puissance. Ils conviennent également aux personnes ayant une mauvaise dextérité, car les piles sont plus faciles à manipuler. Les micro-contours sont similaires en apparence mais beaucoup plus petits. Ce qui les distingue, c’est que l’écouteur n’est pas situé dans le boîtier, mais dans l’embout déporté placé dans l’oreille. Ces appareils connaissent un grand succès ces dernières années en raison de leurs performances et de leur discrétion. Les deux types d’appareils sont équipés d’une seule commande accessible, permettant d’ajuster rapidement le volume sonore ou de changer de programme.

Les intra-auriculaires

Ces prothèses sont fabriquées à partir d’une empreinte du conduit auditif et se glissent entièrement dans l’oreille. Elles ne conviennent pas si le conduit auditif est trop petit. Selon Salomé Chemla, elles sont adaptées aux pertes auditives légères à moyennes. Il est important de noter que l’obstruction complète du conduit auditif peut entraîner une résonance de la voix. De plus, cela peut perturber la perception des personnes qui entendent encore bien les graves. Les intra-auriculaires nécessitent également l’utilisation de piles très petites, ce qui peut poser problème aux personnes ayant une mobilité réduite des doigts. L’humidité du conduit auditif et la production de cérumen peuvent également perturber le bon fonctionnement de l’électronique. Un nettoyage régulier par l’audioprothésiste est donc nécessaire.

Quelles caractéristiques privilégier ?

Appareil auditif à piles ou rechargeable ?

Les chargeurs sont de plus en plus populaires car ils permettent de se passer des piles. Cependant, leur coût d’achat, d’environ 150 €, n’est pas pris en charge par l’assurance maladie car considéré comme un accessoire. En revanche, une partie du coût des piles est remboursée, généralement entre 4,5 € et 15 € par appareil, selon le type de piles. Cependant, le nombre de piles prises en charge est limité. Il est possible que la complémentaire santé complète la prise en charge.

L’embout

L’embout obture plus ou moins le conduit auditif en fonction de la perte auditive. Selon Salomé Chemla, les personnes qui entendent encore bien les basses fréquences seront orientées vers un embout aéré qui permet le passage de ces fréquences.

Quelles options et programmes ?

La gamme à laquelle appartient l’appareil détermine le nombre et la finesse des options et des programmes disponibles. Les appareils haut de gamme intègrent des algorithmes plus complexes pour améliorer le traitement de la parole dans le bruit et proposent des programmes automatiques personnalisés. Les modèles les plus simples fonctionnent avec des programmes manuels. Ils sont souvent équipés de microphones omnidirectionnels qui captent tous les sons environnants, tandis que les modèles plus avancés sont dotés de microphones directionnels pour se concentrer sur la conversation avec l’interlocuteur. Les options doivent être choisies en fonction de votre mode de vie. Par exemple, un cycliste quotidien appréciera un réducteur de bruit du vent. La connexion Bluetooth avec le téléphone permet de recevoir directement les appels dans l’oreille ou d’écouter de la musique confortablement. La bobine T, qui permet de recevoir directement le son dans des salles équipées, est également une fonctionnalité intéressante présente dans la plupart des audioprothèses. Enfin, de plus en plus d’appareils auditifs peuvent être connectés aux smartphones, ce qui permet d’ajuster les réglages via des applications dédiées. Veillez à ce que l’application soit compatible avec le système d’exploitation de votre téléphone (iOS, Android) au moment de l’achat.

Le 100% santé : calendrier et prise en charge

Le ministère de la Santé a établi des critères pour garantir le niveau technique des appareils auditifs de classe 1 relevant du 100% santé. Ils doivent, entre autres, être équipés d’un réducteur de bruit, d’un anti-larsen, de 12 canaux de réglages et d’au moins 2 programmes différents (environnement calme/bruyant). Parmi les 12 options disponibles, trois sont obligatoires, mais il est à noter que l’option avec chargeur est répertoriée sur la liste B, dédiée aux appareils auditifs de classe 2 qui ne relèvent pas du 100% santé.

L’achat et le remboursement d’un appareil auditif

L’essai gratuit pendant 1 mois

Vous avez le droit de douter voire de refuser l’appareil que vous avez testé. Le délai d’essai est d’un mois et il est gratuit, moyennant le versement d’une caution. Il est essentiel de profiter de cette période pour déterminer si la prothèse convient à votre quotidien. Il est donc crucial de la porter dans différentes situations, que ce soit lors de sorties au restaurant, en plein air, au travail ou en famille. Plusieurs rendez-vous sont proposés pour ajuster les réglages en fonction de vos ressentis, ne les manquez pas !

Le devis normalisé

Avant l’achat, l’audioprothésiste est tenu d’établir un devis conforme aux exigences réglementaires. Chaque produit et prestation doit être détaillé, indépendamment du montant total. Depuis le 1er janvier 2020, même si la prise en charge à 100% ne sera effective qu’à partir du 1er janvier 2021, le devis doit obligatoirement inclure une offre 100% santé, au prix maximum de 1 100 € par appareil.

Que comprend le prix ?

Le prix couvre à la fois l’appareillage et un forfait de prestations comprenant le suivi et l’entretien par l’audioprothésiste. Celui-ci est tenu de faire les ajustements nécessaires à votre demande, même plusieurs années après l’achat.

Le remboursement

La réforme du 100% santé a apporté plusieurs changements en termes de prise en charge par l’assurance maladie et les complémentaires santé. D’une part, la base de remboursement de l’assurance maladie a augmenté et atteint 350 € en 2020, puis 400 € en 2021. Le remboursement correspond à 60% de cette base, soit 210 € depuis le 1er janvier 2020 et 240 € à partir du 1er janvier 2021, quelle que soit la classe de l’appareil (1 ou 2). D’autre part, la participation des complémentaires santé évolue également, avec une distinction entre les classes 1 et 2. Les prothèses de classe 1 sont prises en charge à hauteur de 140 € minimum en 2020, puis 710 € en 2021. Les prix de vente seront alors plafonnés à 950 € par appareil, ce qui signifie que le reste à charge sera effectivement nul. Il n’est possible de se faire rembourser qu’un équipement tous les 4 ans. Pour les prothèses de classe 2, le système actuel reste inchangé : les prix ne sont pas encadrés et la prise en charge par la complémentaire santé dépend du contrat. Il convient donc de vérifier le montant de la couverture et la fréquence de renouvellement, car il est possible que les complémentaires santé réduisent leur prise en charge du reste à charge dans le cadre de l’offre à prix libre. Le syndicat national des audioprothésistes (Unsaf) a récemment exprimé des inquiétudes à ce sujet.

Que valent les assistants d’écoute vendus en pharmacie sans ordonnance ?

En cas de légère perte auditive, il existe des assistants d’écoute vendus à des prix très variables en pharmacie ou en ligne. Selon un test que nous avons réalisé en 2018 sur quelques modèles, ils ne sont a priori pas dangereux pour l’oreille car ils n’amplifient pas au-delà de 20 décibels. Ils peuvent donc être envisagés si vous n’êtes pas encore prêt à vous équiper de manière plus sérieuse. Cependant, ces appareils offrent une amplification sans nuances et ne sont pas accompagnés d’ajustements ni de conseils professionnels.