Deux assureurs, le groupe Matmut et Crédit Agricole Assurances, ont pour objectif de préparer l’avenir de l’assurance automobile. Ils ont récemment lancé un consortium visant à développer une plateforme de données automobiles basée sur la technologie Blockchain. Cette initiative vise à impliquer tous les acteurs de l’industrie, des constructeurs aux assureurs.
Les différents maillons de la chaîne automobile
Le consortium compte déjà un constructeur, le groupe PSA, ainsi que Mobivia, spécialisé dans la réparation et l’entretien des véhicules. Les sociétés SystemX et The Blockchain SDEV, qui se spécialisent dans l’innovation numérique, accompagneront les industriels dans l’adoption et l’utilisation de la technologie Blockchain.
Les assureurs s’intéressent à cette technologie en raison de ses avantages. La Blockchain est une base de données en ligne hautement sécurisée, cryptée et détenue uniquement par ses contributeurs.
Une technologie adaptée à la voiture connectée
L’utilisation de la technologie Blockchain anticipe les développements de la voiture connectée. Avec la collecte exponentielle de données liées aux véhicules connectés, tels que l’usure des équipements, les habitudes du conducteur et l’historique des anciens propriétaires, le stockage de ces données dans une Blockchain permettrait un suivi fiable et inviolable du véhicule. De plus, cela garantirait la protection de la vie privée du conducteur conformément aux normes de protection des données.
L’objectif est de créer un passeport numérique pour les véhicules connectés, stocké dans une plateforme de données cryptées et certifiées. Cependant, cette initiative ne se limite pas à la protection des données, mais vise également à en exploiter le potentiel commercial.
Créer une économie de services personnalisés
Dans le domaine de l’assurance, par exemple, cette initiative pourrait permettre de développer des contrats d’assurance personnalisés. Les données disponibles permettraient de calculer avec précision le risque potentiel pour le conducteur et le véhicule, en échangeant de nombreuses informations en temps réel via la 5G. Ainsi, une police d’assurance déjà existante, basée sur le principe du “pay how you drive” (payez en fonction de votre conduite), pourrait être davantage plébiscitée à l’avenir.
Pour les constructeurs et les revendeurs, les données mécaniques fourniraient une estimation précise de la valeur marchande du véhicule tout au long de sa durée de vie. Du côté des garages et des réparateurs, il serait plus facile de prévoir les besoins en maintenance ou d’identifier les pannes.
En somme, cette initiative ouvrirait de nombreuses possibilités et créerait une économie de services personnalisés, mais nécessiterait également la coopération de tous les acteurs de l’industrie pour nourrir et valoriser cette base de données.
Une initiative qui suscite déjà l’intérêt de l’industrie
Le projet a été lancé en juin 2020 et est actuellement en phase d’expérimentation. L’objectif est de démontrer son intérêt stratégique dès le début de l’année prochaine. Pour favoriser la collaboration, le consortium a publié en ligne un Livre Blanc détaillant le contexte du marché, les objectifs de la plateforme et son modèle économique.
Cette initiative rappelle une tentative similaire en 2018, où les constructeurs BMW, Ford, General Motors et Renault ont fondé un groupe de recherche appelé MOBI (Mobility Open Blockchain Initiative), en collaboration avec d’autres acteurs tels qu’IBM. L’objectif était de développer des véhicules autonomes en sécurisant les informations nécessaires à leur fonctionnement sur une Blockchain, afin d’éviter tout détournement.
En conclusion, la Blockchain devrait bientôt intéresser toute l’industrie automobile. Les assureurs et les autres acteurs de cette filière sont prêts à exploiter cette technologie pour préparer l’avenir de la voiture connectée et offrir des services personnalisés à leurs clients.
