Les batteries des voitures électriques représentent une part importante du prix total du véhicule, allant jusqu’à 40 ou 50%. Mais au-delà du coût de remplacement d’une batterie complète, ce sont les problèmes de réparabilité qui préoccupent les assureurs.
Certaines batteries de voitures électriques peuvent être réparées en remplaçant les modules endommagés. Cependant, d’autres packs batterie sont considérés comme irréparables, comme celui du Model Y de Tesla. En cas de dommages partiels, même avec seulement quelques milliers de kilomètres au compteur, le véhicule risque d’être mis au rebut. Cette situation pose non seulement un problème économique pour les assureurs et les consommateurs, mais soulève également des questions écologiques.
Alors que les appareils électroménagers doivent désormais afficher leur indice de réparabilité, il serait peut-être judicieux de l’appliquer également aux voitures, en particulier pour les coûteuses batteries de traction.
L’intégrité de la batterie remise en question en cas d’accident
Les batteries des voitures électriques sont composées de plusieurs modules, qui contiennent eux-mêmes plusieurs cellules. Idéalement, en cas de défaut de certaines cellules ou modules, il serait possible de les remplacer. Malheureusement, la réalité est loin de cette théorie. Toutes les batteries ne peuvent pas être réparées, et cela est souvent un choix délibéré du constructeur.
Lorsqu’un véhicule électrique a un accident, la question de l’intégrité de la batterie se pose rapidement. Si les garages ne peuvent pas vérifier que la batterie fonctionne correctement, les assureurs appliquent le principe de précaution. Deux problèmes principaux sont identifiés :
- Des problèmes logiciels liés à la connexion avec le système de gestion de la batterie et d’autres données, en raison de systèmes propriétaires ;
- Des difficultés à vérifier l’intégrité structurelle de la batterie.
Si le risque de dysfonctionnement est jugé trop élevé, le véhicule ne peut pas être remis en circulation avec la batterie endommagée. Dans ce cas, il est nécessaire de remplacer le pack batterie entier, ce qui peut ne pas être économiquement viable. Par exemple, une Tesla Model 3 est vendue neuve à partir de 45 000 €, et le remplacement de la batterie coûte environ 20 000 €. Dans la plupart des cas, la réparation n’est pas rentable par rapport à la valeur résiduelle du véhicule. C’est ainsi que des voitures électriques peuvent finir à la casse, alors qu’elles sont encore presque neuves.
Le cas des Model Y de Tesla
Les batteries des Model Y de Tesla sont un exemple frappant de leur irréparabilité. Que ce soit pour le pack batterie 2170 ou les futures batteries 4680, le constat est le même. Les différentes cellules sont insérées dans une mousse isolante, rendant toute intervention de réparation impossible. Les Model 3 Grande Autonomie et Performance sont également concernées. Ce n’était cependant pas le cas avec les anciennes générations de Model S, dont Tesla se vantait.
Dans le cas du Model Y, la batterie n’est pas le seul élément considéré comme non réparable par les assurances. La structure du châssis, fabriquée dans les Gigapress de l’usine, a réduit les coûts de production mais a augmenté les coûts de réparation. De plus en plus de véhicules accidentés sont considérés comme irréparables en raison des coûts engendrés.
Un potentiel scandale écologique
Ce qui est encore plus inquiétant, c’est ce qui arrive aux batteries endommagées. Théoriquement, elles devraient être recyclées pour une seconde vie. Mais est-ce vraiment le cas ?
Pour être considérée comme neutre en carbone, une voiture électrique doit parcourir plusieurs dizaines de milliers de kilomètres. C’est à l’usage qu’elle est écologique. Avant cette limite, les émissions de CO2 liées à sa production sont plus élevées que celles d’un véhicule thermique. Ainsi, si une voiture électrique est mise hors service avant 40 000 km, on peut considérer qu’elle aura pollué davantage qu’un véhicule thermique tout au long de son cycle de vie. Nous sommes donc loin de l’idéal d’une voiture 100% électrique sans impact écologique.
Il est donc essentiel que les batteries des voitures électriques puissent être réparées. Non seulement pour éviter des hausses de tarifs d’assurance à l’avenir, mais aussi pour prolonger la durée de vie des véhicules électriques. L’obsolescence programmée, les logiciels empêchant les réparateurs tiers d’intervenir, les données inaccessibles, les packs batterie conçus pour réduire les coûts en les rendant irréparables : tout cela est délibérément choisi par les constructeurs automobiles lors de la conception des modèles.
Une voiture électrique n’est pas un smartphone que l’on remplace à la moindre difficulté. Les bons résultats des crash-tests Euro NCAP pour les voitures électriques sont une bonne nouvelle, mais cela ne justifie pas d’abandonner la possibilité de réparer les véhicules après un accident. Il est nécessaire que les constructeurs cessent de proposer des véhicules jetables et qu’ils pensent réellement à concevoir des véhicules durables.