Imaginez des batteries plus performantes, moins polluantes et plus sûres que les batteries lithium-ion actuelles pour les voitures électriques. C’est la promesse des batteries solides, une technologie qui suscite des investissements massifs et qui pourrait être produite à grande échelle d’ici la fin de la décennie. Une usine française utilisant cette technologie est actuellement à l’étude.
Des avantages prometteurs
Les batteries à électrolyte solide transportent le courant via un conducteur dur plutôt que liquide, offrant ainsi plusieurs avantages par rapport aux batteries lithium-ion à électrolyte liquide. En théorie, cela permet d’améliorer la sécurité en réduisant les risques d’incendie, tout en augmentant le volume, la vitesse de charge et la densité énergétique. Selon l’ONG Transport et Environnement (T&E), elles pourraient également réduire l’empreinte carbone de 24 à 39 %.
Cependant, pour que ces avantages environnementaux se matérialisent, il est essentiel que des normes strictes régissent l’extraction des métaux nécessaires à la fabrication de ces batteries, souligne Cecilia Mattea, responsable des politiques en matière de batteries et de chaîne d’approvisionnement chez T&E.
Un seul retour d’expérience
La commercialisation des batteries solides est encore limitée, mais une entreprise française, Blue Solutions (groupe Bolloré), a réussi à équiper des véhicules électriques avec ces batteries depuis plus de 25 ans. Cependant, en avril 2022, deux véhicules ont pris feu à Paris, entraînant la mise hors service de 148 véhicules de la même série. Ces incidents étaient dus à un mauvais positionnement d’isolant, et la société a depuis corrigé ce problème.
De plus, les anciennes batteries solides ne fonctionnaient qu’à 60 °C, obligeant les utilisateurs à laisser leur véhicule branché lorsqu’il n’était pas utilisé pour éviter la décharge de la batterie. Mais grâce à une nouvelle formule du polymère constituant l’électrolyte solide, la quatrième génération de batteries solides fonctionne à température ambiante, offrant ainsi plus de praticité.
L’avenir des batteries solides
Malgré ces défis techniques, plusieurs acteurs majeurs de l’industrie automobile investissent dans les batteries à électrolyte solide. Par exemple, l’entreprise taïwanaise ProLogium prévoit d’investir 5,2 milliards d’euros dans une usine de batteries à Dunkerque d’ici 2030. Volkswagen et Toyota ont également annoncé leur intention de produire leurs propres batteries solides dans les années à venir.
Il est important de noter que la production à grande échelle de ces batteries ne devrait pas commencer avant la fin de cette décennie, voire plutôt d’ici 2035, selon Jean-Marie Tarascon, professeur au Collège de France. Les principaux défis à relever concernent la maîtrise de la pression lors de l’assemblage et l’interface avec l’électrolyte solide.
Malgré les obstacles à surmonter, l’avenir des batteries solides semble prometteur. Avec une technologie améliorée et une production industrielle en cours de développement, ces batteries pourraient révolutionner l’industrie automobile et contribuer à une mobilité plus propre et plus durable.