Les bornes de recharge pour voitures électriques : un nombre suffisant ?

Les bornes de recharge pour voitures électriques : un nombre suffisant ?

Enfin, le cap des 100 000 bornes de recharge pour véhicules électriques ouvertes au public a été atteint en mai. Le gouvernement avait promis d’atteindre cet objectif d’ici la fin de l’année 2021. Cependant, selon certains experts, cette réussite cache le manque d’une véritable politique d’exécution dans le pays.

Une nette accélération de ces derniers mois

Malgré les critiques, Clément Molizon, délégué général de l’Avere-France, association pour le développement de la mobilité électrique, préfère mettre en avant la nette accélération de ces derniers mois. En effet, en 2021, le rythme de déploiement des bornes de recharge a été multiplié par 5, passant de 4 000 à 20 000 points de charge. Aujourd’hui, environ 4 000 bornes de recharge publiques sont installées chaque mois, soit le double de l’année précédente. Cette dynamique est considérée comme majeure et structurante pour le développement de la mobilité électrique en France.

Un classement européen honorifique

Avec 100 596 bornes de recharge à la fin du mois de mai, dont près de 6 800 d’une puissance de charge rapide de plus de 150 kilowatts (kW), la France dépasse l’Allemagne en termes de nombre de points de recharge, même si elle compte moins de véhicules électriques en circulation. Elle se classe juste derrière les Pays-Bas qui comptent 115 000 bornes de recharge en mars. Toutefois, l’Avere estime qu’il faudrait entre 330 000 et 480 000 bornes de recharge ouvertes au public d’ici 2030, année où entre 5 et 7 millions de véhicules électriques circuleront en France.

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Des tests pour cet été

Les départs en vacances estivaux constituent un test d’envergure pour le réseau de bornes de recharge. Des files d’attente sont-elles à prévoir sur les autoroutes bondées, comme sur l’aire de Montélimar sur l’A7, près de l’A9, ou au carrefour entre l’A31 et l’A4, en banlieue de Metz ?

Des disparités entre les types de routes

Les autoroutes à péages, gérées par des sociétés privées, se classent parmi les bons élèves, avec un taux d’équipement des aires de service atteignant 80% à la fin de l’année 2022. Ce chiffre passera à 90% au début de l’été, avec un objectif de 100% en octobre. En revanche, le constat est moins satisfaisant pour les autoroutes non concédées et les routes nationales. Parmi les 184 aires de service existantes, seulement 31 étaient équipées de bornes de recharge à la fin de l’année 2022, soit un piètre taux d’équipement de 17%. Le ministère des Transports promet toutefois d’équiper 77 aires supplémentaires d’ici la fin de l’année avec plus de 350 bornes de recharge d’une puissance de plus de 150 kW au total.

Les défis à relever

Lors du Salon Drive to Zero, des dirigeants de Vinci Autoroutes, Sanef et APRR ont mis en garde contre les risques de tensions lors des grands flux de circulation sur les routes de France d’ici trois ou quatre ans. Pour éviter la saturation, il faudrait en moyenne entre 60 et 70 bornes de recharge sur chaque aire d’autoroute, avec une puissance installée de 9 MW par aire. Cela signifie qu’il faudra multiplier par 6 à 10 le nombre de bornes au cours des dix prochaines années. Un défi majeur à relever, particulièrement sur les axes très fréquentés tels que l’A10, l’A7 ou l’A9. De plus, il reste encore des efforts à faire pour améliorer le taux de disponibilité des bornes, qui n’est actuellement que de 84%.

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En conclusion, bien que la France ait réussi à dépasser le cap des 100 000 bornes de recharge pour véhicules électriques, il reste encore des défis à relever pour répondre à la demande croissante. Une politique d’exécution plus effective et un déploiement plus large des bornes de recharge sur les routes nationales sont nécessaires pour assurer une transition réussie vers la mobilité électrique.