La peur de la panne. C’est l’un des principaux freins au développement des voitures électriques en Europe. Les constructeurs demandent régulièrement aux autorités de faciliter le déploiement des infrastructures de recharge. Carlos Tavares, président de l’ACEA, association des constructeurs européens, et patron de PSA, a déclaré lors du salon de Francfort : “Nous proposons à nos clients un choix croissant de voitures à motorisations alternatives. Les gouvernements de l’Union Européenne doivent suivre le rythme en augmentant considérablement les investissements dans les infrastructures.”
Les constructeurs, qui ont investi massivement pour s’adapter aux réglementations, demandent maintenant aux pouvoirs publics de contribuer financièrement. Selon l’ACEA, il y avait moins de 145 000 points de recharge en Europe en 2018, mais il en faudra 2,8 millions d’ici 2030.
Bornes mal positionnées
La situation n’est pas meilleure en France. Christian Peugeot, président du CCFA, Comité des constructeurs français d’automobiles, insiste : “Il faut donner confiance au consommateur, c’est une condition absolument nécessaire pour créer un marché !” Selon l’Observatoire Cetelem de l’automobile, 86 % des automobilistes français estiment que les infrastructures de recharge sont insuffisantes dans l’Hexagone, et 69 % pensent que les bornes sont mal positionnées.
Pourtant, l’Avere-France et Gireve ont recensé près de 28 000 points de recharge publics sur le territoire français (pour près de 200 000 véhicules électriques en circulation), soit une borne pour 7,2 véhicules électriques. “Le maillage actuel est correct : la recommandation européenne préconise un taux d’un pour 10”, reconnaît Cécile Goubet, déléguée générale de l’Avere-France. Néanmoins, il existe encore des zones blanches, comme la Haute-Loire ou la Corse. De plus, seuls 9 % des points de recharge sont des bornes rapides. “Le réseau ne suit pas la croissance du marché”, s’inquiète Cécile Goubet.
Piètre qualité du réseau
Les collectivités locales et les acteurs privés investissent, mais pas suffisamment rapidement. Bien que la PFA ait signé un contrat avec l’État pour installer 100 000 bornes publiques d’ici 2022, il est peu probable que cet objectif soit atteint. Le bureau d’études Xerfi-Precepta prévoit seulement 50 000 bornes d’ici cette date. Carlos Tavares explique : “Le modèle économique n’est pas rentable. Pour qu’il le soit, il faudrait augmenter sensiblement le prix de l’électricité vendue à la borne.”
Outre la densité du réseau, les utilisateurs se plaignent également de sa mauvaise qualité : bornes non branchées, défectueuses, incompatibles avec leur voiture… Sans oublier la multiplicité des opérateurs, qui entraîne des tarifs variables et parfois obscurs. “Tout cela crée une grande incertitude et transforme chaque voyage longue distance en aventure !” témoigne un propriétaire d’une Renault Zoe. Le gouvernement promet de résoudre ce problème en imposant des critères de qualité dans les appels d’offres. “La situation s’améliorera au fil du temps”, affirme Cécile Goubet.
Si les bornes publiques sont nécessaires pour rassurer les consommateurs lors de leurs longs trajets, il est également crucial de favoriser le développement des bornes privées, qui représenteront la grande majorité des recharges quotidiennes. Plus de 92 % des Français estiment qu’il est obligatoire d’avoir une borne à domicile ou au travail lors de l’achat d’une voiture électrique.
Selon l’Avere, la France compte actuellement 212 000 bornes de recharge, dont 120 000 en entreprise et 92 000 chez les particuliers. Les constructeurs, comme Renault, proposent généralement une installation clé en main. “Nous avons équipé la plupart de nos clients particuliers”, indique Eric Feunteun, directeur du véhicule électrique chez Renault. Les aides des collectivités locales, ainsi que le programme Advenir piloté par l’Avere-France, permettent de réduire les coûts. Cependant, les copropriétés restent un obstacle majeur, car l’installation d’une borne est encore compliquée.