Les carrosses de porcelaine : un luxe éphémère

Les carrosses de porcelaine : un luxe éphémère

Dans les années 1780, le monde du luxe atteint son apogée avec l’utilisation de la porcelaine pour l’ornementation de quelques voitures, appelées “carrosses de porcelaine”. Ces pièces uniques étaient créées par des particuliers tels que Petit et Jean-Baptiste Locré, dont la maison fondée en 1771 comptait Madame du Barry et le marquis de La Fayette parmi ses clients prestigieux.

Le 25 mars 1780, la duchesse de Valentinois fait sensation lors de la célèbre promenade de Longchamp en apparaissant dans un carrosse de porcelaine. Cette voiture est considérée comme la plus belle de la promenade. La jeune femme, fille de la duchesse de Mazarin et l’une des plus belles de la Cour, attire tous les regards avec ses quatre chevaux gris pommelés et ses harnais en soie cramoisie brodée d’argent. Une autre voiture en porcelaine est également présente lors de cette promenade, exhibant Mademoiselle Beaupré, qualifiée de “petite actrice” par Alfred de Champeaux.

Mademoiselle Duthé, ancienne danseuse de l’Opéra devenue l’une des courtisanes les plus recherchées de Paris, possède également un carrosse de porcelaine offert par le comte d’Artois, futur Charles X.

Mais comment fabrique-t-on une voiture en porcelaine ? La porcelaine, fragile et cassante, est le matériau le moins adapté à la construction de voitures, aux côtés du verre. Il était donc techniquement impossible de fabriquer entièrement une voiture en porcelaine capable d’accueillir des passagers. La porcelaine ne pouvait être utilisée que sous forme de petits éléments assemblés sur les panneaux d’une voiture. Le choix excentrique de ce matériau, sa grande fragilité et les coûts exorbitants de fabrication et de mise en œuvre expliquent le succès éphémère des carrosses de porcelaine. Aucun de ces véhicules n’a survécu à l’épreuve du temps, ce qui rend difficile de les imaginer avec certitude. Cependant, en comparant avec une splendide commode réalisée après 1760 par l’ébéniste Bernard Van Risen Burgh, constituée de plaques de porcelaine insérées dans une armature de bronze doré en forme de réseau, nous pouvons avoir une idée de l’apparence de ces voitures.

Les carrosses de porcelaine demeurent donc un symbole éphémère du luxe et de l’excentricité de l’époque, de véritables œuvres d’art mobiles qui ont su captiver l’attention et faire rêver.