La distribution automobile connaît un bouleversement, où les grands acteurs s’achetaient autrefois les plus petits. Aujourd’hui, ces mêmes mastodontes s’achètent mutuellement. C’est le cas du leader français PGA Motors, anciennement connu sous le nom de Pierre Guénant Automobiles, qui est racheté par son concurrent suisse Emil Frey. Cette transaction, qui s’élève à plusieurs milliards d’euros, est actuellement examinée par la Commission européenne et doit encore être soumise à l’approbation du personnel.
PGA Motors, filiale de Porsche Holding Salzburg (PHS) depuis 2003 et détenue par Volkswagen (VW), a réalisé un chiffre d’affaires de 5,7 milliards d’euros en 2016. Le groupe exploite environ 250 concessions en France, aux Pays-Bas, en Belgique, en Pologne, ainsi qu’en Italie et en Espagne. Cela représente une part importante de PHS, qui a vendu pour 21 milliards d’euros de voitures, de pièces détachées et de réparations en 2016. PGA distribue les marques de VW (Porsche, Skoda, Audi, Seat, Porsche, Bentley), ainsi que BMW, Peugeot, Renault, Ford et Toyota.
Le groupe Volkswagen ne conservera que les concessions vendant ses propres marques, soit 44 points de vente et 1 milliard d’euros d’activité, en plus des 19 concessions qu’il possède directement en France. Une filiale, Volkswagen Group Retail France, prévoit d’étendre ses activités et recherche actuellement des bureaux à Paris pour accueillir une cinquantaine de personnes dans un nouveau siège social d’ici l’été prochain. Son objectif est d’atteindre un volume de ventes de 30 000 véhicules en France, contre 8 000 actuellement, tandis que le premier constructeur automobile mondial en commercialise 270 000 par an, tous distributeurs confondus.
“Fidéliser les clients”
Pourquoi le groupe allemand a-t-il décidé de vendre cette activité en France ? “Nous suivons la même logique que nos concurrents, celle de nous concentrer sur nos marques et de fidéliser les clients sans nous disperser”, explique Alain Favey, président de PHS et ancien collaborateur de PSA et Citroën. Cette opération s’inscrit dans le contexte de la digitalisation du secteur, où les clients se renseignent sur Internet mais souhaitent ensuite essayer leurs achats en concession. “Il y a un enjeu de professionnalisation de la relation client que seuls quelques grands acteurs pourront développer, d’où cette course à la taille critique”, souligne Alain Favey. Dans cette même optique, PHS a également étendu sa présence en Suède cette semaine en rachetant son principal importateur, et sa filiale PGA a déjà absorbé le réseau de concessions Schuller dans le nord et l’est de la France en 2016.
De son côté, le groupe suisse Emil Frey acquiert PGA dans le but de renforcer son développement international. Cette entreprise familiale emploie déjà 9 500 personnes et est présente en France grâce à une plateforme logistique dans le Val-d’Oise, ainsi que dans les pays limitrophes de la Suisse. Elle exploite 251 concessions multimarques, notamment Ford, Mercedes, Toyota, mais aussi les marques du groupe VW. Avec cette acquisition, Emil Frey double donc de taille.
Cette restructuration du secteur de la distribution automobile reste soumise à l’approbation de l’Autorité européenne de la concurrence, qui devrait rendre sa décision le 8 mai prochain.