Chaque hiver, l’épidémie de gastro-entérite est bien au rendez-vous, généralement sans gravité pour l’adulte, néanmoins elle peut être redoutable pour le jeune enfant. Bébé présente des signes de cette inflammation du système digestif et vous vous demandez comment adapter son alimentation ? S’il faut changer sa façon de l’hydrater ? S’il est important de consulter et à quel moment ? Cet article vous éclairera sur le sujet et vous permettra de réagir au bon moment, et ce en toute quiétude.
Symptômes et causes de la gastro-entérite
Il existe deux types de diarrhées, une d’origine virale, la plus fréquente, et une autre d’origine bactérienne qui se reconnaît principalement à la présence de sang dans les selles. Cette dernière est heureusement bien plus rare. Dans les deux cas, la prise en charge est équivalente d’un point de vue nutritionnel.
Une diarrhée peut s’accompagner d’une fièvre de degré variable et/ou de vomissements. On la reconnaît particulièrement par des selles molles ou liquides, et/ou augmentées en fréquence (supérieure ou égale à 3 par 24h). Cette dernière risque de provoquer une déshydratation aiguë voire même une dénutrition chez votre enfant. La contamination se fait par l’eau, les selles ou les mains souillées. C’est pour cela qu’il est primordial de se laver les mains le plus régulièrement possible (d’autant plus après chaque change) !
Une gastro-entérite peut entraîner une perte de poids chez votre enfant, il va donc falloir être vigilant(e). Si cette perte de poids est :
- Inférieure à 5% : il ne sera pas forcément nécessaire de consulter
- Entre 5 et 10% : la déshydratation est dite modérée : vous devez consulter. Par exemple : un enfant perdant plus de 500 g alors qu’il pèse initialement 10 kg
- Supérieure à 10% : la déshydratation est dite sévère : vous devez consulter en urgence
Cependant, ce pourcentage est parfois difficile à calculer car nous ne connaissons pas toujours le poids de bébé avant une gastro-entérite. Pour vous aider, des signes cliniques tels que l’absence de larmes, des yeux creux, une sécheresse des muqueuses et la constatation d’un pli cutané persistant sont les principaux éléments qui permettent d’apprécier la sévérité de la déshydratation. Le nourrisson est à risque de déshydratation rapide car son corps est composé de plus d’eau (80% à la naissance, 60% vers 1 an) que l’adulte (45-60% en moyenne). Le risque de déshydratation est donc d’autant plus important que l’enfant est petit !
Comment pallier la déshydratation ?
Dans un premier temps, il sera important de proposer une hydratation régulière à votre enfant ; si possible, en privilégiant des solutés de réhydratation orale (ou SRO), disponibles en pharmacie, qui permettront souvent d’arrêter les vomissements. Ils n’arrêtent cependant pas la diarrhée mais permettent de corriger la déshydratation. Ils doivent être pris dès les premiers symptômes, à volonté et tant que les selles molles ou liquides persistent. Il sera également préférable de proposer ces solutés en petites quantités et très régulièrement, par exemple, 10 à 20ml par prise (à la seringue) et toutes les 20 minutes. Si les vomissements persistent, il sera alors important de consulter rapidement. L’eau pure n’est cependant pas recommandée car elle entrainera une dilution du sodium sanguin.
Si vous allaitez au sein votre enfant, il sera recommandé de le mettre régulièrement au sein, de fractionner les tétées pour ne pas surcharger l’estomac (surtout en cas de vomissements) et de proposer des solutés de réhydratation entre les tétées.
Pour les bébés allaités au biberon, proposer également des solutés entre les biberons (composés du lait infantile habituel). Du lait infantile sans lactose pourra être prescrit, par le pédiatre ou le médecin généraliste de votre enfant, pendant 1 à 2 semaines si la diarrhée est persistante (c’est-à-dire supérieure à 5 jours après la reprise du lait habituel).
Dans un deuxième temps (soit 4 à 6 heures après la phase de réhydratation dite « intensive »), la reprise de l’alimentation pourra être proposée à bébé, composée d’aliments solides, moulinés ou mixés (selon son âge) :
- En évitant les aliments riches en fibres, comme : les féculents complets (pain, riz, pâtes complètes), les légumes et principalement les verts, les fruits, les crudités de fruits ou de légumes, les épices, les graisses cuites et les produits laitiers (laitages, lait, fromages frais).
- En favorisant les aliments faciles à digérer et peu gras, comme : la viande blanche sans peau ou poisson blanc (avec une cuisson vapeur ou au court-bouillon), le jambon blanc cuit, le riz, les pâtes sans sauce, le pain, la pomme de terre, le tapioca, les vermicelles, la carotte cuite, la betterave cuite, les fromages à pâte cuite, la banane, la compote de pomme ou de coing et la biscotte.
De l’eau de riz, riche en amidon, pourra également être proposée. Vous pouvez aussi saler un peu vos préparations, pour compenser la perte en sels minéraux. Et enfin, fractionner l’alimentation (c’est-à-dire donner de petites quantités régulièrement) afin d’éviter les vomissements.
Il est à noter que ce régime dit « antidiarrhéique » n’est ni indispensable ni d’efficacité prouvée, il peut même compromettre la renutrition chez un enfant par son caractère hypocalorique et peu attractif. Il sera donc préférable de donner à bébé les aliments qu’il apprécie ou qu’il tolère afin qu’il se rétablisse au plus vite !
Pensez à consulter le médecin qui suit votre enfant au moindre doute afin de voir avec lui la meilleure attitude à adopter.
Tiffany DEROYER
Diététicienne – Nutritionniste spécialisée en pédiatrie