Depuis quelques années, les croquettes sans céréales font beaucoup parler d’elles. Que ce soit sur les réseaux sociaux, les forums ou lors de nos consultations vétérinaires, les propriétaires d’animaux de compagnie s’interrogent sur la pertinence d’intégrer ou non des céréales dans l’alimentation de leurs chiens et chats. Face à ces questionnements, nous avons décidé de vous apporter une réponse objective et sans parti pris.
Les croquettes “sans céréales” : une révolution ou un danger pour nos compagnons ?
Il est vrai que les croquettes sans céréales, également appelées “grain free” ou “sans gluten”, se multiplient sur internet et dans les magasins spécialisés. Mais est-ce réellement bénéfique pour la santé de nos animaux de compagnie ? Les avis sont partagés et parfois alarmistes :
- Certains affirment que les chiens et les chats étant des carnivores, les nourrir avec des glucides serait aberrant.
- D’autres avancent que les glucides et les céréales favorisent l’obésité et le diabète.
- Certains prétendent même que les céréales, notamment le gluten, sont responsables d’allergies alimentaires et de maladies cœliaques.
- Enfin, les céréales seraient accusées de contenir des mycotoxines, dangereuses pour la santé de nos animaux.
Dans cet article, nous examinerons point par point ces allégations qui sont en grande partie infondées.
La nature “carnivore” de nos compagnons à quatre pattes
Si le loup est un carnivore strict qui se nourrit exclusivement de proies, le chien, quant à lui, a évolué suite à 40 000 ans de domestication auprès de l’homme. Cette cohabitation a profondément modifié son régime alimentaire. Les scientifiques sont formels : les chiens et les humains ont évolué conjointement et ont appris à digérer l’amidon. Le chien possède désormais les enzymes nécessaires, notamment l’amylase, lui permettant de digérer jusqu’à 90% de l’amidon, à condition que celui-ci soit bien cuit.
Et qu’en est-il du chat ? Contrairement au chien, le chat est resté un carnivore et se nourrit essentiellement de proies dans la nature. Cependant, cela ne signifie pas pour autant que l’animal ne consomme que des protéines. Lorsqu’il se nourrit d’une proie, le chat ingère également le foie, le cerveau, les viscères et leur contenu (y compris les céréales consommées par les rongeurs par exemple). Les glucides représentent environ 10% de son régime alimentaire. De nombreuses études ont démontré qu’un apport modéré en glucides (environ 20%) n’a pas d’effet néfaste sur la santé du chat, en particulier sur sa digestion et son microbiote intestinal. Les signes d’un excès de glucides dans l’alimentation du chat se traduisent par des ballonnements, des flatulences et une altération de la qualité des selles.
Pourquoi les industriels utilisent-ils des céréales dans les croquettes ?
Les raisons sont multiples et plus ou moins justifiées. Les glucides sont une source d’énergie bon marché et bien assimilée par nos animaux, notamment les chiens. En comparaison, les protéines animales sont plus coûteuses. De plus, obtenir une consistance et une durée de conservation acceptables pour les croquettes est difficile, voire impossible, sans l’ajout de glucides.
Ces glucides peuvent prendre la forme de céréales telles que le blé, le riz, le maïs, etc. Dans les croquettes sans céréales, les céréales sont remplacées par des pommes de terre, des légumineuses (pois, lentilles, etc.) ou de la patate douce. Il est important de noter que les croquettes “sans céréales” ne sont pas forcément “sans glucides” et peuvent même contenir davantage de glucides que les croquettes traditionnelles.
La tendance du “sans gluten” : est-elle justifiée ?
Chez les humains, on connaît bien la maladie cœliaque, qui affecte une petite partie de la population et provoque une mauvaise digestion et des problèmes de santé en présence de gluten. Cependant, il convient de souligner que ni l’intolérance au gluten ni la maladie cœliaque n’ont été identifiées chez les chats. Elles sont extrêmement rares chez les chiens, touchant uniquement certaines lignées de setters. L’argument “sans gluten” est donc principalement un argument marketing, surfant sur la tendance actuelle à la méfiance envers le gluten, tendance qui n’est d’ailleurs que peu justifiée pour les personnes en bonne santé.
En ce qui concerne les allergies alimentaires éventuelles liées aux glucides présents dans les croquettes, il convient de noter qu’elles sont rares chez les chats et principalement dues au poisson, au bœuf ou aux protéines de lait. Les allergies alimentaires causées par les céréales représentent environ 8% des allergies alimentaires et le maïs est la céréale la plus souvent incriminée. Chez le chien, les allergies sont plus fréquentes, mais dans plus de 90% des cas, ce sont les protéines animales et non les céréales qui sont responsables. Bien que certaines personnes accusent les céréales d’augmenter le risque d’allergie en favorisant le passage des allergènes dans l’intestin, aucune étude scientifique n’a pu confirmer cette théorie.
Quant au risque de développer du diabète et de l’obésité, il faut savoir que ce n’est pas tant l’excès de glucides en soi qui est en cause, mais plutôt une consommation excessive d’énergie. Il est donc essentiel de veiller à bien rationner l’alimentation de nos animaux afin de prévenir ces risques.
En ce qui concerne les mycotoxines, les fabricants de croquettes Premium effectuent des contrôles qualité rigoureux pour les éviter. Néanmoins, il convient de souligner que le risque de mycotoxines ne concerne pas uniquement les céréales, mais également les pommes de terre et les légumineuses. La qualité de la conservation à domicile joue également un rôle, car les mycotoxines peuvent se développer en cas de mauvaises conditions de stockage (température, humidité, exposition à la lumière).
Pour ou contre les croquettes sans céréales ?
De mon côté, je me rangerai volontiers du côté de Coluche et dirai “ni pour, ni contre, bien au contraire” 😉. La présence ou l’absence de céréales ne fait pas la qualité d’une croquette, et la simple lecture de l’étiquette ne suffit pas toujours à trancher. En effet, certains paramètres cruciaux, tels que la bonne cuisson des glucides pour faciliter leur assimilation, une cuisson à basse température des protéines animales pour conserver leur qualité, et une incorporation à froid des graisses pour éviter leur oxydation, ne sont pas toujours précisés sur l’étiquette. De plus, il ne faut pas se limiter à la quantité de protéines, mais également prendre en compte leur qualité et leur digestibilité. Attention notamment à un taux de cendres trop élevé, ce qui peut indiquer une mauvaise qualité et une faible disponibilité des protéines utilisées (par exemple, si elles proviennent uniquement de carcasses et non de muscles).
Il est important de se méfier des croquettes bon marché et de demander conseil à son vétérinaire. Il ne faut pas oublier les critères essentiels qui indiquent si l’alimentation de votre animal lui convient : une bonne digestion (selles en quantité réduite et de consistance normale), un poil brillant et une bonne vitalité.
Les croquettes Premium constituent une option facile, rapide et économique pour nourrir nos animaux de compagnie, offrant un compromis entre l’alimentation faite maison et les croquettes bas de gamme.
Si vous avez le temps, les moyens et l’envie, une alimentation maison équilibrée avec des ingrédients de qualité et des compléments minéraux et vitaminés est la solution idéale. Votre vétérinaire se fera un plaisir de vous conseiller en ce sens. Ainsi, vous pourrez cuisiner pour votre animal en alliant plaisir et équilibre !
N’oubliez pas que chaque animal est unique, et il est essentiel de prendre en compte ses besoins spécifiques lors du choix de son alimentation. Faites confiance à votre vétérinaire pour vous guider dans cette démarche.
Sources:
- Pour la Science
- Wikipedia: Domestication du chien
- Croquettes ou pâtée ? : 50 idées reçues en nutrition du chien et du chat de Charlotte Devaux, vétérinaire
