Les défis de la voiture électrique : une pénurie de métaux rares

Les défis de la voiture électrique : une pénurie de métaux rares

L’industrie automobile est confrontée à de nombreux défis. Outre les contraintes liées à son utilisation (prix, taxes, réglementations, etc.), les difficultés d’approvisionnement en microprocesseurs, principalement en provenance d’Asie, se doublent désormais d’une pénurie de batteries. Cette situation risque de freiner le développement du marché de la voiture électrique, poussé à l’excès par une réglementation incitative mais handicappé par des problèmes d’approvisionnement en accumulateurs.

La transition énergétique orchestrée à Bruxelles a imposé à l’Europe le développement de batteries électriques, mais cette initiative va prendre du retard en raison du manque de métaux stratégiques. Aujourd’hui, les ministres de l’Industrie des 27 pays membres de l’UE se réunissent dans le nord de la France, près de Douvrin, pour discuter des moyens de renforcer l’autonomie du continent en métaux tels que le lithium, le nickel, le graphite, le cobalt et les aimants permanents utilisés dans les éoliennes.

Ces métaux sont essentiels pour le stockage et la circulation de l’électricité, ainsi que pour améliorer le rendement des batteries. Ils sont jugés indispensables pour permettre à l’industrie automobile de supprimer les moteurs à combustion d’ici 2035 et ainsi réduire l’impact environnemental de ces véhicules. Malheureusement, l’Europe produit très peu de ces métaux et doit donc en importer la plupart.

Un porte-parole du cabinet de la ministre française de l’Industrie souligne qu’il est important de ne pas remplacer une dépendance aux énergies fossiles par une autre dépendance. En effet, la dépendance aux métaux rares pourrait avoir des conséquences tout aussi préjudiciables pour l’industrie automobile.

D’ici 2030, l’Europe vise à produire 25 % des batteries électriques dans le monde (contre seulement 3 % en 2020). Cette augmentation de la production aura un impact considérable sur la demande de cobalt et de graphite, qui devrait plus que doubler en Europe, ainsi que sur la demande de lithium, qui devrait décupler.

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La Chine domine actuellement ces marchés, tant en tant que producteur qu’en tant que consommateur. La Chine a anticipé depuis 20 ans la transition vers les véhicules électriques et elle a acquis de nombreux sites d’extraction minière et a multiplié les usines de raffinage et de batteries.

La réunion des ministres européens de l’Industrie et des commissaires européens porte sur les solutions possibles pour réduire les coûts d’approvisionnement en métaux rares en pleine pénurie. Différents témoignages d’industriels, tels que le suédois NorthVolt, le français Caraester et l’autrichien Wolfram, seront entendus. Ces industriels partageront leur expertise sur les batteries lithium-ion, le recyclage des aimants et l’exploitation minière des terres rares respectivement.

Parmi les solutions envisagées, la création de « plateformes » d’importation liées à des usines de raffinage européennes est proposée, tout comme la mise en place d’une économie circulaire favorisant le recyclage des batteries usagées pour récupérer les métaux nécessaires à la fabrication de nouvelles batteries.

Il est également important d’anticiper dès maintenant la fin de vie des premières générations de batteries pour pouvoir mettre en place rapidement des processus de recyclage. En ce qui concerne le lithium, quatre projets de mines en Europe pourraient couvrir 80 % des besoins du continent à terme.

Le vice-président de la Commission européenne, présent à la réunion, est engagé dans des discussions avec la Serbie pour trouver des partenariats d’exploitation minière selon des normes environnementales et sociales ambitieuses.

La pénurie de métaux rares constitue sans aucun doute l’un des défis les plus importants à relever pour l’Europe. Il est crucial de trouver des solutions permettant d’assurer un approvisionnement régulier et durable en métaux nécessaires à la production de batteries pour véhicules électriques. Tout en respectant les normes environnementales et sociales, l’Europe doit être en mesure de développer une industrie automobile électrique compétitive et respectueuse de l’environnement.

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