L’érosion de la biodiversité, de quoi s’agit-il ?
L’érosion de la biodiversité se manifeste par une augmentation du taux d’extinction des espèces, un déclin des populations et la dégradation des habitats naturels. Ces problèmes résultent principalement de la destruction et de la fragmentation des milieux naturels causées par les activités humaines telles que l’urbanisation, l’intensification des pratiques agricoles, etc. De plus, la pollution d’origines domestique, industrielle et agricole, la surexploitation des espèces sauvages, l’introduction d’espèces exotiques envahissantes et le changement climatique contribuent également à l’érosion de la biodiversité.
Depuis l’arrivée de l’Anthropocène, le taux d’extinction des espèces animales et végétales n’a jamais été aussi élevé, estimé à 100 fois supérieur aux taux des cinq grandes extinctions de masse sur Terre. Nous assistons actuellement à la sixième extinction massive, avec près de la moitié des extinctions d’espèces se produisant sur des continents au cours des vingt dernières années. La biodiversité est sérieusement menacée dans le monde entier.
L’érosion de la biodiversité a plusieurs conséquences néfastes :
- Elle entraîne une perte de patrimoine génétique, avec l’extinction d’espèces et la diminution des populations.
- Elle affecte le fonctionnement des écosystèmes terrestres et aquatiques, entraînant des modifications des habitats, le déplacement des espèces et la dégradation des eaux de surface, par exemple. Ces écosystèmes fournissent de nombreux avantages à l’homme, tels que la nourriture, l’eau et les ressources génétiques. Cependant, ces services écosystémiques sont susceptibles d’être dégradés, menaçant ainsi leur pérennité à long terme.
Près de 65 800 hectares artificialisés chaque année en métropole entre 2006 et 2015
L’artificialisation, qui correspond à la transformation des sols naturels, agricoles ou forestiers par des actions d’aménagement, a un impact significatif sur la faune et la flore. Elle exerce une pression considérable sur la biodiversité en détruisant les milieux naturels et les espèces qui y vivent. Les régions les plus touchées par l’artificialisation en France sont l’Île-de-France, la Bretagne, la Normandie et les Hauts-de-France. Entre 2006 et 2015, l’artificialisation a augmenté de 1,4 % en moyenne par an, trois fois plus rapidement que la population.
De même, dans les départements d’outre-mer, plus de 300 hectares ont été artificialisés chaque année entre 2000 et 2012, ce qui a eu un impact important sur les forêts, habitats de nombreuses espèces (avec une diminution de 780 hectares de feuillus sur cette période).
La fragmentation des milieux naturels et des cours d’eau
La fragmentation des milieux naturels se produit lorsque de vastes écosystèmes sont divisés en de nombreux petits fragments. Ce morcellement du territoire constitue une menace pour la biodiversité, en entraînant notamment un isolement génétique des populations.
La fragmentation des cours d’eau est causée par la construction de barrages, de seuils et d’écluses, qui créent autant d’obstacles à l’écoulement des cours d’eau. En 2018, plus de 97 200 obstacles majeurs ont été recensés, soit une densité de 16 obstacles pour 100 kilomètres de cours d’eau. Ces ouvrages modifient les caractéristiques hydrologiques, physico-chimiques et morphologiques des cours d’eau, perturbant ainsi le bon fonctionnement des écosystèmes aquatiques et entravant la mobilité des espèces migratrices telles que le saumon et l’anguille.
Des pratiques agricoles intensives qui dégradent les écosystèmes
L’agriculture intensive, caractérisée par une utilisation massive d’engrais chimiques et de produits phytosanitaires, une monoculture et une mécanisation poussée, fragilise la biodiversité et la santé humaine. Elle contribue notamment à la pollution de l’air, des sols, des nappes phréatiques et des cours d’eau. De plus, la simplification des paysages et la diminution des surfaces de prairies entraînent une perte de biodiversité en milieu agricole.
Les espèces exotiques envahissantes sont également l’une des principales causes de l’érosion de la biodiversité à l’échelle mondiale, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). L’introduction volontaire ou accidentelle de ces espèces sur un territoire constitue une menace pour les écosystèmes et peut avoir des répercussions considérables sur la santé et l’économie. Elles exercent une pression sur les espèces locales, en compétition avec elles, en les prédateurs ou en transmettant des maladies. En France métropolitaine, en moyenne, 12 nouvelles espèces exotiques envahissantes s’installent dans chaque département tous les dix ans depuis 1982.
La pollution lumineuse, une perturbation pour les écosystèmes et les espèces nocturnes
La pollution lumineuse, causée par un éclairage artificiel excessif la nuit, a de nombreux effets néfastes sur la biodiversité. Elle perturbe les déplacements des espèces nocturnes, affecte leur activité alimentaire et influe sur leur période d’activité et de reproduction. En 2020, l’Observatoire national de la biodiversité a développé un nouvel indicateur pour mesurer l’ampleur de la pollution lumineuse sur le territoire métropolitain.
Le changement climatique, une menace pour la biodiversité
Selon le dernier rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) en 2018, le changement climatique est le troisième facteur qui affecte la biodiversité, avec des impacts allant des écosystèmes à la diversité génétique. Ce rapport souligne que de nombreux habitats naturels sont menacés par les effets du réchauffement climatique.
En modifiant les aires de répartition des espèces, le changement climatique entraîne leur déplacement vers les régions polaires ou vers des altitudes plus élevées. Toutefois, la vitesse de déplacement dépend des capacités de migration propres à chaque espèce et des interactions avec les activités humaines. Ces changements auront des conséquences sur les populations et les interactions entre les espèces. En France, la fonte des glaciers entraîne des modifications profondes des écosystèmes et met en péril les espèces spécifiques de ces habitats. Par ailleurs, les calendriers biologiques des espèces seront également perturbés, ce qui peut avoir des effets complexes sur les écosystèmes.
En conclusion, la biodiversité est confrontée à de nombreux défis, tels que l’érosion, l’artificialisation des sols, la fragmentation des milieux naturels, les pratiques agricoles intensives, les espèces exotiques envahissantes, la pollution lumineuse et le changement climatique. Il est essentiel de prendre des mesures efficaces pour protéger et préserver la biodiversité, afin d’assurer un avenir durable pour notre planète.