Les écoles d’ingénieurs sont résolument tournées vers l’avenir et se préparent activement à la révolution de la voiture électrique. Plusieurs d’entre elles proposent dès cette rentrée 2010 de nouvelles options de spécialisation visant à former les ingénieurs de demain qui concevront et fabriqueront ces véhicules. Une évolution des compétences est nécessaire chez les constructeurs, les sous-traitants et même dans le réseau de distribution d’énergie.
Des formations spécialisées
Il était indispensable de créer des formations qui combinent la mécanique et l’électricité. Mohamed Gabsi, directeur du département électronique, électrotechnique et automatique à l’ENS Cachan, souligne ce manque. En collaboration avec Centrale Paris, Supélec et l’IFP School, son école propose cette année un master intitulé “véhicule et transport durable” avec une spécialisation en “électrification et propulsion automobile”. Les étudiants devront avoir un niveau bac+4 en mécanique, en électricité ou en physique pour intégrer cette formation. Mohamed Gabsi précise que l’objectif est de former des experts des véhicules hybrides, allant du stop and start au tout électrique.
D’autres écoles ont la même ambition. Ensta, Mines et Ponts ParisTech se sont associées à l’Ensam pour inaugurer ce mois-ci le mastère spécialisé “ingénierie des véhicules électriques”. Il est ouvert aux diplômés des écoles d’ingénieurs françaises (bac+5). Les prérequis sont des connaissances en mécanique des milieux continus déformables et en résistance des matériaux, ou en contrôle commande, électronique de puissance et asservissements, explique Philippe Degobert, responsable des mastères à l’Ensam.
Dans tous les cas, l’objectif est de former des ingénieurs pluridisciplinaires qui pourront dialoguer avec des spécialistes d’autres domaines, tout en ayant une dominante technique. C’est ce que Mohamed Gabsi, de l’ENS Cachan, affirme concernant les diplômés de son école.
Des programmes adaptés
Pour répondre aux enjeux spécifiques des véhicules électriques, les écoles ont adapté leurs programmes. Par exemple, le mastère de l’Ensam se divise en deux spécialisations. La première porte sur la conception des véhicules électriques, en mettant l’accent sur la maîtrise du poids des batteries et les systèmes de propulsion. La seconde spécialisation porte sur la gestion de l’énergie, l’hybridation, la recharge et la récupération d’énergie au freinage.
Face à la montée en puissance prévue des véhicules à batteries, les formations en génie électrique mettent également en avant leurs modules sur les systèmes embarqués. Même si ces modules ne sont pas spécifiquement axés sur l’automobile, des écoles telles que l’Enseeiht ou l’Ensem mettent en valeur leur approche système. Jean-François Rouchon, directeur du département génie électrique et automatisme de l’Enseeiht, explique : “Nous formons des ingénieurs généralistes dans les machines électriques, le stockage de l’énergie, le contrôle commande…”
Cependant, il est inévitable que ces formations adaptent leurs programmes en fonction de l’automobile. L’Ensem, par exemple, a ouvert cette année une nouvelle option en dernière année axée sur les systèmes autonomes et les technologies embarquées. Cette spécialisation approfondie permet aux étudiants de maîtriser les équipements clés pour la gestion de l’énergie et le contrôle des actionneurs. L’école prévoit également pour 2011 la mise en place d’une plate-forme de travaux pratiques sur le châssis instrumenté d’un véhicule réel, qu’il soit électrique ou hybride. Les étudiants auront le choix entre différentes technologies de moteurs, d’alternateurs et de batteries, et devront définir les lois de commande pour la gestion globale du véhicule à l’échelle réelle. De quoi susciter des vocations ?
Les écoles d’ingénieurs sont donc résolument engagées dans la transition vers la voiture électrique en proposant des formations spécialisées et en adaptant leurs programmes aux enjeux de ce secteur en pleine expansion. Les ingénieurs ainsi formés seront prêts à relever les défis de l’électrification des transports et à façonner le futur de la mobilité durable.