Les étapes incontournables de la transition : un voyage unique vers l’authenticité

Les étapes incontournables de la transition : un voyage unique vers l’authenticité

La transition est un processus personnel et unique pour chaque individu. Il est essentiel de ne pas comparer les parcours des personnes transgenres, car chaque expérience est différente. Certaines personnes choisissent de “transitionner” afin de mieux correspondre à leur identité de genre véritable, en modifiant certains aspects de leur personnalité voire même de leur corps. Cette quête permet d’échapper à la dysphorie sociale en se rapprochant, voire en adoptant, le genre auquel elles s’identifient. Cependant, il convient de souligner que la transition n’est pas linéaire et dépend du ressenti et des souhaits de chaque individu concerné. Parfois, des obstacles tels que l’accès aux services, les coûts financiers, le rejet, la violence, voire simplement le courage, peuvent rendre la poursuite de ce chemin difficile voire impossible.

Il est important de garder à l’esprit trois principes fondamentaux :

  1. La transition n’est obligatoire ni d’un point de vue légal, ni sur le plan médical. Les étapes à franchir seront celles que la personne en transition choisira d’entreprendre. Ce choix est fait librement, en ignorant les pressions extérieures pouvant émaner de la famille ou de l’entourage.
  2. À aucun moment, la personne en transition ne devra se justifier de son identité transgenre ou de ses choix. Chaque individu gère sa propre vie selon ses propres intérêts, tant que cela ne nuit pas à autrui.
  3. Personne ne peut imposer à une personne transgenre d’être quelque chose qu’elle ne ressent pas être, quelle que soit la raison invoquée. Les motivations sociétales, religieuses ou autres ne constituent pas des justifications valables.

La transition identitaire : redéfinir son rôle de genre

La transition identitaire consiste à changer de manière permanente son “rôle de genre” afin de mieux correspondre à l’idée de ce que signifie être un homme, une femme ou “genderqueer” selon les normes de la société occidentale. Ce processus peut impliquer des traitements hormonaux substitutifs, ainsi que des interventions chirurgicales pour concorder les organes sexuels apparents avec le genre souhaité. Toutefois, il est primordial de souligner que ces décisions restent à l’entière discrétion de chaque individu concerné, la loi sur la transidentité en vigueur depuis le 1er janvier 2018 ne rendant rien obligatoire.

1. La transition sociale : exprimer son genre autrement

La transition sociale est souvent la première étape adoptée par les personnes transgenres. Elle consiste à exprimer son genre de manière différente par rapport aux normes et aux rôles attribués à la naissance. Cela peut inclure le choix d’un prénom et de pronoms correspondants, le changement de style vestimentaire, la gestion des poils, le maquillage, ainsi que le port de vêtements conçus spécifiquement pour dissimuler certaines parties du corps qui ne correspondent pas au genre auquel la personne s’identifie.

Cette étape est la plus courante, la moins coûteuse, mais également la plus risquée. Les personnes qui optent uniquement pour cette phase peuvent souvent être confondues avec des “travestis” et peuvent être particulièrement vulnérables face à des individus transphobes. En cas de contrôle policier par exemple, elles peuvent être confrontées à la nécessité de se justifier de manière difficilement compréhensible.

2. La transition légale : refléter son identité sur les documents officiels

La transition légale revêt une grande importance. Il est crucial que le nom et le genre figurant sur les documents d’identité correspondent à l’identité de genre réelle d’une personne. En effet, 52 % des personnes transgenres affirment avoir subi des actes de transphobie verbale, sociale, voire même physique, lorsqu’elles doivent présenter des documents d’identité ne reflétant pas leur véritable identité de genre. La loi du 25 juin 2017, entrée en vigueur le 1er janvier 2018, prévoit des procédures pour modifier le nom et le genre sur les documents officiels.

La démarche à suivre est la suivante :

  1. Présenter une première déclaration devant l’officier de l’état civil de la commune de résidence. Cette déclaration atteste que la personne est convaincue de son appartenance intime, constante et irréversible au genre féminin, masculin ou non-binaire, qu’elle adopte les comportements attendus pour le genre revendiqué, et qu’elle demande la modification du genre et/ou du nom figurant sur son acte de naissance et ses documents d’identité. Elle mentionne alors son nom actuel et ceux qu’elle souhaite voir figurer sur ses documents officiels.
  2. Trois mois plus tard, la personne se présente à nouveau devant l’officier de l’état civil pour réitérer sa déclaration initiale. Si le procureur du Roi n’a pas émis d’avis défavorable ou ne s’est pas prononcé, l’officier de l’état civil procède aux modifications demandées et délivre une nouvelle carte d’identité.

Il convient de noter que ces démarches engendrent des frais, notamment lorsqu’elles doivent être effectuées auprès de plusieurs organismes réclamant des frais pour exécuter les modifications (banques, notaires, institutions financières, etc.). Au niveau communal, les frais sont nuls pour la modification du genre sur l’acte de naissance, mais ils s’élèvent à 10 % du montant prévu pour le changement de nom par une personne cisgenre. La délivrance d’une nouvelle carte d’identité est soumise à des frais variant d’une commune à l’autre, pouvant aller de 0 € à 25 €.

3. La transition médicale : des choix personnels pour se sentir en accord avec son identité

La première étape de la transition médicale est l’hormonothérapie, qui peut être masculinisante ou féminisante. Elle permet aux caractéristiques sexuelles secondaires de se développer davantage, correspondant ainsi au genre souhaité. Par exemple, les hormones masculines favorisent la croissance de la barbe, de la moustache et approfondissent la voix chez les hommes trans, tandis que les hormones féminines favorisent l’augmentation de la poitrine et des hanches chez les femmes trans, sans toutefois modifier la voix.

La deuxième étape de la transition médicale est la chirurgie de confirmation de genre, qui peut notamment inclure la mastectomie (ablation mammaire) chez les hommes trans, et la mammoplastie (implantation de prothèses mammaires) et la vaginoplastie (création d’un néo-vagin) chez les femmes trans. D’autres chirurgies non génitales peuvent également être envisagées, comme la modification de la voix par tension des cordes vocales ou l’augmentation du volume des hanches et des fesses par implants. Ces interventions sont soumises à l’avis préalable d’un psychiatre et à un suivi psychologique, selon les exigences médicales.

Les équipes de genre : un soutien médical pour accompagner la transition

Il existe des équipes médicales spécialisées dans l’accompagnement de la transition, bien qu’elles ne soient pas reconnues légalement. Ces équipes, souvent autoproclamées, ont pour objectif d’aider les personnes transgenres dans leur transition médicale. En imposant l’avis préalable d’un psychiatre, elles vont à l’encontre du principe d’autodétermination des personnes transgenres et ne sont pas en accord avec la nouvelle loi sur la transidentité.

Cependant, il est intéressant de noter que ces équipes semblent poursuivre avant tout un but commercial, profitant du vide juridique en Belgique concernant l’aspect médical de la transition. Le Canada et la France ont mis en place des principes régissant les actes médicaux. Il serait judicieux que le législateur belge s’en inspire pour garantir une plus grande équité en matière de tarification médicale.

À titre informatif, voici deux équipes médicales transidentitaires en Belgique :

  1. L’UZ Gent, Centre de sexologie et de genre, situé à Corneel Heymanslaan 10, 9000 Gent. Cette équipe est composée de 5 psychologues-sexologues, 2 psychiatres, 4 psychologues pour enfants, 2 assistantes sociales, 5 endocrinologues (dont 3 pour enfants) et 3 chirurgiens plasticiens.

  2. Le CHU Brull Liège, Centre d’accompagnement dans la transidentité, situé au 45 quai Godefroid Kurth, 4020 Liège. Cette équipe comprend un psychiatre et deux psychologues. Il est à noter que le CHU de Liège ne dispose pas de chirurgiens spécialisés dans la chirurgie de réattribution des organes sexuels.

Concernant les interventions chirurgicales, trois équipes chirurgicales sont disponibles en Belgique :

  • À l’UZ de Gent, avec les chirurgiens Prof Dr Stanislas Monstrey, Dr Marlon Buncamper et Dr Karel Claes.
  • À l’hôpital du Chirec à Auderghem, avec la chirurgienne Madame Marijke De Cat.
  • À l’hôpital AZ Nikolaas, avec le Dr Phillip Houtmeyers.

Des endocrinologues spécialisés en transidentité sont également disponibles :

  • À l’UZ de Gent, le médecin Prof Dr Guy T’Sjoen.
  • Au Centre médical Avicenne à Liège, le médecin Prof Dr Hennen George.
  • Au centre médical de la Haie des chênes à Sprimont, la docteure Corman Vinciane.
  • Au CHU Saint-Pierre à Bruxelles, le docteur Jean Vandromme.
  • Au CHU de Charleroi, le docteur Bruno Sirault.

Il est important de souligner que dans une équipe médicale spécialisée en transidentité, tel que celle de l’UZ Gent, c’est l’endocrinologue qui décide de la mise en place d’un traitement hormonal de substitution, après consultation médicale. Si vous avez des questions, vous pouvez contacter Lola Nicolas, responsable du groupe transidentitaire de la Maison Arc-en-ciel, par e-mail.