Les fausses informations : une menace pour notre société

Les fausses informations : une menace pour notre société

Les réseaux sociaux ont révolutionné notre façon d’accéder à l’information. Ils sont désormais la principale source de nouvelles pour de nombreux internautes, en particulier les jeunes âgés de 18 à 25 ans. Cependant, il est important de prendre du recul et de questionner la fiabilité de ces informations. En effet, les réseaux sociaux, tels que Facebook, n’ont pas été conçus pour diffuser de l’actualité de manière fiable. Cette plateforme fonctionne selon des logiques affinitaires, ce qui signifie que nous avons tendance à faire plus confiance à la personne qui partage une information plutôt qu’à la source elle-même.

Cela crée un problème majeur : les internautes sont de plus en plus enfermés dans des “bulles idéologiques”, où ils ne sont exposés qu’à des informations qui confortent leurs opinions, car elles sont partagées par leurs proches. Cette situation favorise la propagation de fausses informations.

Un autre aspect à prendre en compte est l’industrialisation de la production de rumeurs politiques. Les grands acteurs du web tirent leurs revenus de la publicité diffusée sur leurs plateformes. Plus les internautes passent de temps sur ces sites, plus ils sont exposés à des publicités et plus ces entreprises gagnent de l’argent. Dans ce contexte, les fausses informations sont particulièrement “engageantes”, car elles captent l’attention des internautes et les incitent à réagir. Les grandes plateformes, par le biais de leurs algorithmes de recommandation, peuvent être accusées de promouvoir délibérément des fausses informations et des contenus complotistes afin de générer davantage de revenus publicitaires. Cette situation est particulièrement préoccupante lorsque l’on constate que des fausses informations destinées aux enfants sont diffusées sur des plateformes telles que YouTube Kids.

En outre, les réseaux sociaux peuvent également servir de canal de diffusion pour des producteurs de fausses informations cherchant à toucher un large public. Par exemple, lors de la campagne électorale américaine de 2016, Buzzfeed a découvert qu’une centaine de sites diffusant de fausses informations pro-Trump avaient été créés par des adolescents en Macédoine. En hébergeant de la publicité sur leurs sites et en utilisant Facebook pour cibler certains publics aux États-Unis, ils ont attiré un grand nombre d’internautes américains sur leurs sites et ont ainsi généré d’importants revenus.

Enfin, les fausses informations sont souvent utilisées à des fins de propagande politique, en particulier par les blogosphères d’extrême droite. Que ce soit aux États-Unis ou en Europe, les fausses informations sont souvent fortement marquées idéologiquement. Lors de la campagne présidentielle française de 2017, de fausses informations affirmant que les célibataires devraient accueillir des migrants chez eux, qu’Emmanuel Macron prévoyait de supprimer les allocations familiales, ou encore que les jours fériés chrétiens seraient remplacés par des fêtes musulmanes ont été massivement partagées sur Facebook. Cependant, le partage de fausses informations ne se fait pas toujours par croyance, mais plutôt par volonté de critiquer les institutions politiques et médiatiques, ou encore par affiliation à une communauté idéologique.

La propagation des fausses informations est avant tout le résultat d’une perte de confiance envers la politique dans de nombreuses démocraties occidentales. L’éducation aux médias joue donc un rôle crucial dans la lutte contre ce phénomène. Elle propose une réflexion approfondie sur la valeur de l’information et s’adresse spécifiquement à un public vulnérable. Mais cette éducation doit également tenir compte des caractéristiques des nouveaux environnements informationnels. Il est nécessaire d’intégrer une dimension économique afin de comprendre comment le fonctionnement du marché publicitaire favorise la propagation des fausses informations. Il faut également enseigner la compréhension des infrastructures techniques, comme les algorithmes des moteurs de recherche et des réseaux sociaux. Enfin, il est essentiel d’éduquer au débat pour montrer comment les mécanismes d’appropriation de l’information sont influencés par les contextes sociaux.

Il est grand temps de prendre conscience de l’impact néfaste des fausses informations sur notre société. En restant vigilants et en développant notre esprit critique, nous pourrons résister à cette menace et préserver la fiabilité de l’information dans nos démocraties.