Les voitures électriques sont en plein essor et d’ici 2035, elles occuperont 100% du marché automobile. Cependant, cette révolution technologique n’est pas vue d’un bon œil par tous les garagistes, qui se sentent dépassés par cette nouvelle réalité. Ouvrir le capot d’une voiture électrique peut déjà représenter un défi en soi. “Tout est électronique, il n’y a pas de commande manuelle”, déplore Fabio Lauvin, gérant du garage “Formule M” à Montpellier. Et lorsque le capot est enfin ouvert, surprise : “au lieu du moteur, il y a un coffre”, constate-t-il, expliquant que les moteurs se trouvent à la sortie des roues.
Pour les mécaniciens chevronnés, la mécanique n’a plus aucun secret. Cependant, les voitures électriques sont conçues différemment, nécessitant moins d’entretien et moins de vidanges. Par conséquent, les interventions sont moins fréquentes. “Nous ne pourrons faire que des pneus et des freins. Ce n’est pas une bonne nouvelle si tout le monde s’y met demain. Cela peut être inquiétant pour notre chiffre d’affaires”, affirme Fabio Lauvin.
Une autre difficulté pour les garagistes est la nécessité de suivre une formation supplémentaire pour réparer un moteur électrique. Bien que ces véhicules ne représentent actuellement que 2% du marché, leur part est en constante augmentation. De plus en plus de mécaniciens retournent donc sur les bancs de l’école pour apprendre à manipuler les batteries électriques à haute tension et couper le courant d’un véhicule. Kevin Morvan, garagiste stagiaire dans un centre de formation, est un peu désorienté. “Il faut vraiment sécuriser la partie électrique, il y a donc beaucoup plus de dangers par rapport à une voiture thermique. C’est une réalité à laquelle nous devons faire face, c’est une voiture de l’avenir”, admet-il de manière fataliste.
Cependant, certains garagistes font le pari de se spécialiser dans les voitures électriques. À Baillargues, Sébastien Pons, co-gérant du garage “Limitless work shop”, a choisi de faire de l’électrique sa spécialité et cela porte ses fruits. Son garage attire des clients de toute la France. “On a beaucoup de gens qui viennent de toute la France, de région parisienne, de Lyon, de Carcassonne, il y a des gens qui viennent de loin parce qu’on n’est pas nombreux en France”, déclare-t-il. Son garage ne désemplit pas et il se dit convaincu de l’avenir de cette spécialisation.
Ainsi, les mécaniciens doivent devenir des électro-mécaniciens. Certains garages se contentent de changer des pneus, des plaquettes de freins et de faire des vidanges, réduisant ainsi le volume de travail. En revanche, ceux qui choisissent de se former aux nouvelles technologies électriques auront toujours du travail. “C’est une technologie qui fonctionne très bien, mais qui connaît aussi des pannes, comme une télévision ou une machine à café”, explique Fabio Lauvin.
À long terme, les garagistes pourraient même être gagnants. Bien que les réparations liées aux voitures électriques soient moins nombreuses, elles impliquent l’utilisation de matériaux plus coûteux, ce qui se traduit par une meilleure rémunération.