Aromathérapie, cosmétiques, alimentation, « biopesticides »… L’engouement pour les huiles essentielles ne cesse de croître ! Mais connaissez-vous vraiment leur production, leur composition et leurs applications ? Dans cet article, découvrez tout ce qu’il y a à savoir sur ces huiles magiques.
I. La production mondiale d’huiles essentielles est en plein essor
1. Un vrai succès
L’utilisation des huiles essentielles remonte à plusieurs millénaires et leur production a connu un réel essor ces dernières années. De plus en plus de citoyens souhaitent utiliser des produits sains, naturels et écologiques, ce qui a contribué à la demande croissante d’arômes et de parfums par les industries. Ainsi, la production mondiale d’huiles essentielles a triplé entre 1990 et 2017, pour représenter un marché d’environ 6 milliards de dollars. Et cette tendance devrait se poursuivre, avec une demande mondiale estimée à 473 000 tonnes en 2027.
La France est en première ligne sur ce marché, étant le troisième pays exportateur et importateur mondial d’huiles essentielles. Ce secteur porteur contribue également à maintenir de nombreux emplois directs et indirects.
2. Les stars de la production
Parmi les 3 000 huiles essentielles connues, environ 150 sont commercialisées à travers le monde. Les huiles essentielles d’orange, de menthe des champs et de citron représentent à elles seules plus des deux tiers de la production mondiale. Chaque pays a ses spécialités : le Brésil est le plus gros producteur d’huile essentielle d’orange, l’Inde pour la menthe, l’Argentine pour le citron, la Chine pour l’eucalyptus, l’Australie pour l’arbre à thé et Madagascar pour le clou de Girofle.
La France, quant à elle, produit environ 80 huiles essentielles sur son territoire métropolitain et en outre-mer. Elle est notamment le leader mondial pour le lavandin. La qualité et la traçabilité des huiles essentielles françaises en font une référence dans les domaines de la parfumerie, de l’aromathérapie et de la pharmacie.
3. Des utilisations variées
Les huiles essentielles trouvent des débouchés dans de nombreux domaines. Elles sont utilisées dans l’agro-alimentaire (environ 35 % du marché), l’industrie cosmétique, les produits ménagers et le secteur pharmaceutique. Elles sont aussi le pilier de l’aromathérapie, une pratique médicale qui connaît un vrai engouement depuis la fin du XXème siècle.
De plus, les huiles essentielles commencent à être utilisées comme alternatives aux pesticides de synthèse. Leurs propriétés naturelles en font des “biopesticides” moins nocifs pour l’environnement et plus sûrs pour les agriculteurs.
II. La fabrication des huiles essentielles : un processus sans produits chimiques
1. Trois méthodes d’extraction
Pour obtenir une huile essentielle, les plantes sont soumises à différentes méthodes d’extraction. Les plus courantes sont la distillation à la vapeur d’eau, la distillation sèche et l’expression à froid. Ces méthodes n’utilisent aucun produit chimique.
Par exemple, la distillation à la vapeur d’eau est adaptée à une grande variété d’espèces végétales et d’organes, tels que les huiles essentielles de lavande, lavandin, camomille, géranium, eucalyptus, etc. La distillation sèche est spécifiquement utilisée pour les résineux et l’expression à froid est réservée aux agrumes.
2. L’hydrolat, un sous-produit précieux
Lors du processus de distillation, un sous-produit appelé hydrolat est également obtenu. Longtemps considérés comme des déchets, les hydrolats sont aujourd’hui valorisés pour leurs propriétés. Ces “eaux florales” sont moins concentrées que les huiles essentielles, mais elles sont utilisées dans une logique d’économie circulaire.
III. Les huiles essentielles, un cocktail de molécules actives
1. Une multitude de molécules
Contrairement aux médicaments qui contiennent un seul principe actif, les huiles essentielles sont composées de plusieurs dizaines de molécules actives, à des concentrations jusqu’à 100 fois plus importantes que dans les plantes d’origine. Ces molécules appartiennent à différentes familles chimiques et chacune a ses spécificités. C’est cette complexité qui explique la multiplicité des usages et des effets thérapeutiques des huiles essentielles.
2. Des compositions variables
La composition d’une huile essentielle dépend de nombreux facteurs, tels que l’espèce végétale, l’organe producteur, le mode de culture, la zone géographique de récolte, etc. Deux huiles essentielles issues d’une même plante peuvent avoir une composition biochimique différente, ce qui peut donner des effets thérapeutiques différents. Pour anticiper ces effets, les aromathérapeutes utilisent la notion de chémotype, qui identifie le composant biochimique distinctif présent dans l’huile essentielle.
Les huiles essentielles, bien que d’origine naturelle, peuvent avoir des effets sur l’environnement. Dans un prochain article, nous explorerons les risques écotoxicologiques et les conséquences de la production intensive d’huiles essentielles sur les écosystèmes.
Article rédigé par Vivien Lecomte le 28 mars 2022, Ecotoxicologie.fr : tous droits réservés
