Les hybrides : plus polluants que prévu ?

Les hybrides : plus polluants que prévu ?

Tout récemment, une rumeur circule selon laquelle les voitures hybrides seraient beaucoup plus polluantes que ce qui était initialement annoncé. Est-ce de la propagande anti-hybride ou une réalité inquiétante ? Penchons-nous sur l’étude menée par l’ONG européenne Transport & Développement (ou plutôt commanditée par cette dernière), et apportons-y une réflexion indépendante et raisonnable.

Rappel de l’étude T&E sur la pollution des hybrides

L’étude met en avant les résultats obtenus lors des tests effectués sur des véhicules hybrides rechargeables équipés de batteries d’une capacité de 10 à 25 kWh (que l’on pourrait qualifier d’hybrides “lourds”). Il convient de distinguer ces véhicules des autres formes d’hybridation. On peut regretter le manque de précision quant au modèle exact de l’XC60, qui n’a pas été clairement spécifié, s’agit-il du T6 Hybride ou du T8 Hybride ?

Emissions de CO2 voitures hybrides

Trois tests ont été réalisés : avec la batterie pleine, déchargée et en mode recharge (où le moteur sert à la fois à alimenter la voiture et à recharger la batterie de traction, ce qui entraîne une résistance supplémentaire selon les lois de l’électromagnétisme liées aux dynamos).

  • Test avec la batterie pleine : émission de 28 à 89% de CO2 en plus par rapport à la norme d’homologation.
  • Test avec la batterie vide : émission de 3 à 8 fois plus de CO2 que la norme WLTP.
  • Test en mode recharge forcée : émission de 3 à 12 fois plus de CO2 que la norme WLTP.

Ces chiffres restent néanmoins flous et obscurs, car ils nous sont annoncés sans trop de précisions. Il est essentiel de consulter le PDF qui détaille le protocole pour mieux comprendre l’analyse (et je ne suis pas là pour défendre les hybrides rechargeables, bien au contraire).

Analyse de l’étude : comprendre les résultats

Si l’on se contente de lire les conclusions de l’article, on pourrait croire que les voitures hybrides sont une véritable arnaque environnementale et commerciale. Il est donc nécessaire de se plonger dans l’étude pour mieux comprendre les problématiques et les réflexions qui se cachent derrière.

Tout d’abord, il est important de rappeler que les cycles NEDC et WLTP n’ont jamais réussi à refléter la réalité (même si le WLTP est un peu moins caricatural). Il n’est donc pas surprenant que les résultats soient moins bons que prévus (voire même le contraire aurait été étonnant).

De plus, les chiffres indiqués dans la première partie n’ont aucune valeur si les conditions dans lesquelles ils ont été obtenus ne sont pas précisées, à savoir un trajet de 250 km ! Cela est donc arbitraire, car si nous avions choisi un trajet de 50 km, les résultats auraient été extrêmement positifs pour ces véhicules. Les données concernant les modes “batterie vide” et “mode recharge” ne doivent en aucun cas être comparées aux chiffres WLTP, qui supposent une batterie pleine. Il est donc facile de dire que cela émet 3 à 12 fois plus de CO2. C’est la même chose avec mon smartphone : je peux très bien dire qu’il fonctionne 1000 fois moins bien lorsque ma batterie est vide et que je ne peux pas l’allumer.

Chiffres pollution voitures hybrides

On comprend mieux les chiffres annoncés lorsque l’on prend en compte le cadre de l’étude. Le problème est qu’il est presque nulle part mentionné. Ainsi, on peut également constater que les hybrides rechargeables n’émettent aucun CO2 lorsque leurs batteries sont pleines, même si l’étude tend à faire croire le contraire. Je cite : “Lors de tests réalisés par Emissions Analytics, dans des conditions optimales et avec une batterie pleine, la BMW X5, la Volvo XC60 et le Mitsubishi Outlander ont émis entre 28 et 89% de CO2 de plus que ce qui avait été annoncé”.

Bien que cette étude mette en avant le fait que les hybrides rechargeables ne sont pas parfaits, il me semble qu’elle manque de transparence (les conclusions manquent de précision, il est donc nécessaire de consulter le document complet) et qu’elle oriente légèrement et caricature le bilan des hybrides rechargeables. Encore une fois, je déconseille l’adoption d’une hybride rechargeable, ce type de véhicule est entre deux chaises et ne fait rien parfaitement (on peut même dire qu’il fait tout mal). Je suis donc enclin à recommander les hybrides légers (sous toutes leurs formes : HSD, 12/24/48V ou même une technologie propriétaire comme l’E-TEch, mais ne dépassant pas 3 kWh) ou les véhicules 100% électriques. L’entre-deux n’est vraiment pas judicieux, vraiment…

Et dans la réalité ?

Dans la réalité, même si je ne trouve pas cette étude très objective dans sa façon de présenter ses réflexions, les choses sont assez similaires à ce qui est dit par l’ONG. En effet, les propriétaires de voitures hybrides rechargeables émettent souvent beaucoup plus de CO2 que ce qui est annoncé par le constructeur, voire même plus que dans le cas d’une voiture thermique classique ! Cela est dû au fait que les utilisateurs n’ont pas été correctement conseillés lors de leur achat (mais ils auraient également pu se poser des questions…) ainsi qu’aux incitations fiscales qui encouragent des profils incompatibles avec l’hybride à franchir le pas (par exemple, des entreprises qui achètent des hybrides rechargeables pour une flotte de véhicules parcourant de longues distances).

En résumé, l’hybride rechargeable peut être extrêmement vertueux si vous rechargez votre voiture tous les jours (mais dans ce cas, une voiture électrique est bien plus pratique !). En revanche, cela devient un véritable pollueur si vous ne vous conformez pas à cette obligation, ce qui est logique étant donné que cela ajoute plusieurs centaines de kilogrammes à la voiture (sans parler du fait que la fabrication est beaucoup plus polluante ! Un beau bilan…). Comme souvent, les dispositifs d’incitation fiscale peuvent avoir des effets pervers, et ici, ils contribuent à attribuer des hybrides aux mauvaises personnes… Mais c’est tellement évident que l’on peut légitimement se demander si cette médiocrité est intentionnelle.

Conclusion

En somme, l’étude sur la pollution des voitures hybrides rechargeables manque d’objectivité et de transparence, mais elle soulève tout de même des points problématiques. Il est crucial d’être bien informé avant d’acheter un véhicule hybride rechargeable et de prendre en compte vos habitudes de conduite ainsi que les conditions dans lesquelles vous pourrez recharger régulièrement la batterie. Il est également important de faire confiance à des sources fiables et de considérer toutes les options disponibles, notamment les véhicules hybrides légers et les voitures électriques, qui sont souvent de meilleures alternatives.