Les idées reçues sur les voitures électriques : démystification

Les idées reçues sur les voitures électriques : démystification

Arnauqe voiture électrique

Derrière un titre percutant se cache un message récurrent sur les réseaux sociaux depuis des années. Mais pourquoi est-il tant relayé ? Penchons-nous sur ce sujet pour dissiper toute confusion.

Le mythe de l’hiver

Au premier abord, ce message exprime des inquiétudes quant à la capacité des voitures électriques à faire face aux situations d’urgence ou aux conditions climatiques extrêmes. Il mentionne notamment le cas d’une voiture électrique bloquée dans les embouteillages, sans chauffage et avec une batterie à plat.

Ce genre de post, accompagné de la même photo, se répand sur les réseaux sociaux. Il s’agit en réalité d’un canular. Ces informations fausses, périmées ou invérifiables prolifèrent sur Internet avec un succès retentissant. Ce spécimen en particulier a été partagé 131 000 fois et a généré plus de 21 000 commentaires. Des chiffres effrayants lorsque l’on sait que ce scénario catastrophique ne tient pas une seconde. Les arguments avancés sont tout simplement obsolètes, infondés voire totalement irréalistes. Analysons cela en détail.

Une batterie qui fond comme neige au soleil ?

Le premier argument soulevé est la durée de vie de la batterie par temps froid. Il est vrai que les voitures électriques sont moins performantes en hiver qu’en été, avec une baisse de l’efficacité de l’ordre de 20% à 30% en moyenne. Cependant, il est important de souligner que lorsque la voiture est à l’arrêt, par exemple dans les embouteillages, la consommation du moteur électrique est proche de zéro, contrairement à un moteur thermique qui continue de brûler du carburant. Seuls les équipements accessoires tels que la radio, les phares ou le chauffage nécessitent encore de l’énergie. Si les deux premiers sont négligeables, le chauffage demande effectivement plus d’énergie. Mais quelle quantité d’énergie exactement ? Lisez aussi : Les équipements d’une voiture électrique réduisent-ils l’autonomie ?

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Chauffe Marcel !

Contrairement à ce que beaucoup pensent, les voitures électriques ont toujours été équipées de chauffage. Si un Renault Kangoo ZE des années 2000 faisait usage d’une résistance énergivore et peu efficace, la grande majorité des voitures électriques actuelles sont dotées de systèmes sophistiqués qui intègrent des pompes à chaleur (PAC). Ces dernières extraient la chaleur de l’air ambiant, la compriment et la transfèrent à l’intérieur de la voiture. Ce processus est beaucoup plus économe en énergie car il exploite la chaleur existante plutôt que de la créer à partir de rien. De plus, la batterie peut être enfermée dans un caisson avec circulation d’un liquide caloporteur, optimisant encore davantage la consommation. Mais ce n’est pas tout. Les voitures électriques peuvent également préchauffer l’habitacle pendant qu’elles sont encore branchées sur le réseau électrique. Une fois la température de consigne atteinte, la consommation de la PAC diminue considérablement. Le maintien de cette température après la déconnexion de la voiture est donc peu énergivore. Pour vous donner une idée, il s’agit de moins d’un kWh par heure de fonctionnement. Autrement dit, si vous vous retrouvez coincé avec une Renault Megane EV60 par exemple, et qu’il vous reste 50% de batterie, vous pourrez compter sur plus de 30h de chauffage. Les essuie-glaces, la radio ou le GPS, quant à eux, consomment pratiquement rien. Lisez aussi : La pompe à chaleur, vraiment utile dans une voiture électrique ? Toutes nos données exclusives.

Et si la batterie est vraiment vide ?

Imaginons maintenant que la batterie soit vraiment vide, que vous ayez 3% de batterie en rejoignant une station de recharge et que vous vous retrouviez “coincé dans une voiture électrique dont la batterie est à plat”, comme le suggère le message. Dans cette situation, selon le modèle de voiture, il est fort possible que vous puissiez encore utiliser le chauffage. Pourquoi ? Tout simplement parce que la plupart des constructeurs programment leurs véhicules de manière à conserver une petite réserve d’énergie, même lorsque l’indicateur de batterie atteint 0%. Cela permet notamment de protéger l’accumulateur et de maintenir certaines fonctionnalités de base, comme le chauffage. Ainsi, la pompe à chaleur peut continuer de fonctionner jusqu’à l’arrivée des secours.

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En cas d’urgence réelle, que ce soit la police, les ambulances ou les pompiers, la sécurité est la priorité. Ces véhicules seront toujours en mesure de fournir une assistance, qu’ils soient électriques ou non. Même si vous êtes bloqué sur l’autoroute, des voies de secours sont prévues pour permettre le passage des véhicules d’urgence. L’argument selon lequel les voitures électriques bloqueraient ces voies ne tient pas la route.

Et l’été alors ?

Changement de contexte ! Le message évoque les embouteillages estivaux et suggère que les batteries des voitures électriques ne pourraient pas supporter une utilisation prolongée de la climatisation. Or, il est surprenant de savoir que les pompes à chaleur sont souvent réversibles, ce qui permet à la voiture électrique de fonctionner comme un climatiseur pendant les périodes chaudes. La consommation liée au fonctionnement de la climatisation sera donc sensiblement la même en été qu’en hiver, en fonction de l’ensoleillement et de l’isolation de la voiture. Lisez aussi : Autonomie : en été, vitres ouvertes ou climatisation ?

Enfin, évoquons la question de la recharge. Bien que notre reportage de cet été montre qu’il n’y avait pas de files d’attente aux bornes de recharge sur les aires d’autoroute, le message pose implicitement la question des solutions de recharge en cas de panne de batterie. Même si cela arrive très rarement, cela ne signifie pas que cela ne peut jamais arriver. Dans ce cas, il suffit d’appeler une dépanneuse qui emmènera le véhicule à la première station de recharge. Il est important de noter que lorsque l’ensemble du parc automobile sera électrique (d’ici au moins 30 ans), les solutions de recharge auront énormément évolué, tout comme les batteries. Il est donc inutile de raisonner avec notre vision actuelle, ce serait comme regarder une scène par un trou de souris. Il n’est donc pas étonnant que le message se termine par “Personne n’en parle”. Évidemment, il n’y a pas de débat sur ce sujet ! Vous pouvez critiquer les voitures électriques, mais il faut le faire sérieusement, sans scénario tiré d’un mauvais polar. En d’autres termes, si vous voulez critiquer les voitures électriques, vous devrez faire preuve d’un peu plus de sérieux ! À moins que les détracteurs ne soient à court d’arguments ? Dans tous les cas, il est essentiel de remettre en question les idées reçues propagées sur Internet et de se tenir informé des avancées technologiques.

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En conclusion, et pour répondre à la question posée par le titre : non, les voitures électriques ne sont pas la “plus grande arnaque que le monde ait jamais vue”. Elles représentent plutôt une évolution majeure vers une mobilité moins polluante en CO2 et deviennent de plus en plus compétitives sur le marché automobile. Leur part de marché ne cesse d’ailleurs d’augmenter, atteignant 20% en novembre 2023.