Le débat fait rage. Nickel, cobalt, manganèse… Lithium, fer, phosphate… Certains affirment que nous en manquerons avant 2040, tandis que d’autres estiment que nous en avons déjà suffisamment.
Pourtant, selon Daniel Breton, président de Mobilité électrique Canada et ancien ministre québécois de l’Environnement, dire que nous manquerons de minéraux critiques revient à penser que les batteries produites en 2050 auront la même chimie qu’en 2023. Selon lui, il est essentiel de prendre en compte l’évolution technologique. Regardons les téléphones cellulaires de 1996, ils sont incomparables à ceux d’aujourd’hui. Cela nous aide à comprendre que les batteries électriques suivront probablement le même chemin d’évolution.
Cette réaction fait suite à la déclaration d’un haut dirigeant de Toyota qui, en mars dernier, invitait à se préparer à la pénurie de métaux rares. Selon lui, il ne sera jamais possible d’électrifier l’ensemble du transport mondial car nous manquerons de métaux critiques bien avant 2040. Mais de plus en plus d’études démontrent exactement le contraire.
Des métaux pas si rares…
Si vous avez acheté une Tesla millésimée 2022 ou plus récente, vous faites déjà partie de la solution. Le constructeur californien a annoncé qu’il privilégierait de plus en plus les batteries au lithium-fer-phosphate (LFP) plutôt que les batteries au nickel-manganèse-cobalt (NMC). Malgré quelques limites techniques, les batteries LFP sont fabriquées avec des matériaux dont l’extraction pose moins de problèmes géopolitiques et éthiques, et suscite donc moins de controverses.
Le reste de l’industrie devrait suivre cette tendance dans les années à venir et se tourner vers des métaux et des matériaux tels que le fer et le phosphate, qui sont abondamment présents et disponibles ailleurs qu’en Asie. De nombreux efforts sont actuellement déployés pour remplacer le cobalt, un minerai dont l’extraction est souvent associée à des normes de travail peu respectueuses.
Le constructeur allemand BMW a également franchi une étape importante en lançant la cinquième génération de ses moteurs électriques. Les véhicules iX M60, commercialisés en début d’année 2023, sont déjà équipés de moteurs de nouvelle génération ne nécessitant pas d’aimant permanent ni de terres rares (néodyme, terbium, etc.). Tesla a également annoncé qu’elle adoptait des moteurs sans terres rares. Il est donc important de prendre en compte ces avancées technologiques lorsqu’on projette la disponibilité des métaux dans le futur.
Une batterie qui a une seconde vie
L’un des problèmes liés aux véhicules électriques est le cycle de vie des batteries. Vont-elles finir à la poubelle ? Certainement pas. Il est fort probable que lorsque votre véhicule électrique atteindra la fin de sa vie, sa batterie sera soit recyclée, soit réutilisée. La société Recyclage Lithion de Montréal dispose déjà d’une usine capable de recycler jusqu’à 97 % des composants des batteries usagées. Son principal problème actuel est plutôt surprenant : la durée de vie des batteries est plus longue que prévu, ce qui réduit l’offre de batteries disponibles sur le marché pour le recyclage.
Le marché de la réparation s’adapte également pour réduire le gaspillage. Pour l’instant, les constructeurs ont tendance à remplacer les batteries entières, mais il sera bientôt possible de ne remplacer que les cellules défectueuses. Selon Daniel Breton, les batteries des véhicules électriques pourraient avoir une durée de vie allant jusqu’à trente ou quarante ans. Et pour ceux qui s’inquiètent du recyclage des batteries en fin de vie, rappelons que nous ne recyclons pas non plus le pétrole que nous brûlons dans les moteurs à essence.
Tesla et la décarbonation
Au début du mois de mars, Tesla a réagi aux déclarations de Toyota en promettant la publication d’un livre blanc contenant des études détaillées prouvant que l’électrification complète du transport est à portée de main, à condition que nous nous investissions sérieusement. Elon Musk, le PDG de Tesla, a démontré récemment sur Twitter qu’il n’est pas parfait, mais il a également prouvé dans le passé qu’il possède un bon jugement en ce qui concerne l’avenir des technologies. Selon lui, l’économie mondiale finira par être durable et nous en serons les témoins de notre vivant.
Tesla estime que cela coûterait 10 billions de dollars US pour parvenir à cet objectif, soit deux fois la valeur économique produite au Québec en 2021. Cet investissement permettrait de construire des centrales d’énergie renouvelable capables de générer une puissance de pointe de 30 térawatts. Il faudrait également investir dans le stockage de cette énergie, soit l’équivalent de 240 térawattheures. Cependant, selon Tesla, tout cela est réalisable. En tout cas, on ne pourra pas reprocher au constructeur californien de ne pas essayer…
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