Si l’invention de la première montre est attribuée à un Allemand, c’est la Suisse qui est le berceau de l’horlogerie, au XVIe siècle. Mais au XVIIIe siècle, la France s’impose comme le centre européen de l’horlogerie et attire à son tour les talents des autres pays. Voilà pourquoi celui qui a marqué l’histoire de l’horlogerie par ses inventions et ses perfectionnements à la fin de ce siècle et au début du XIXe, Breguet, est un Suisse naturalisé français ! Et la technologie du quartz s’est développée au XXe à partir des brevets déposés par Marius Lavet. Au fil des siècles, la France est devenue un pays au savoir-faire technique et patrimonial reconnu à travers le monde dans le domaine de l’horlogerie. Du fleuron de l’horlogerie française de luxe aux Maisons horlogères historiques, en passant par la nouvelle génération de maîtres-horlogers, avez-vous remarqué que les collections des marques françaises ont souvent un lien fort avec l’univers sportif ?
L’influence du sport sur les marques françaises
Fred Lip était un passionné de sports automobiles. Il était aussi le petit-fils d’Emmanuel Lipmann, fondateur du premier atelier d’horlogerie familiale à Besançon en 1867 et créateur de la marque historique française Lip. Cette passion l’a conduit à bousculer les traditions en termes de fabrication, de technicité et de design, faisant de Lip le premier horloger de France en 1954. Lip a notamment créé des montres-bracelets aéronautiques dont était équipée la « Croix du Sud » de Jean Mermoz. En 1967, il crée la première montre étanche à 200 mètres de profondeur, devenue un modèle intemporel et légendaire. Robuste, fiable et parfaitement étanche, Eric Tabarly l’a portée lors de toutes ses traversées. Quant au visionnaire Fred Lip, face à la concurrence des montres à quartz, il se retire de l’entreprise en 1971.
La marque française Saint-Honoré Paris, créée en 1885, s’inspire aussi de l’univers automobile pour développer sa gamme de montres racées, à la suite d’une rencontre aux 24 heures du Mans avec Jean-Paul Belmondo, qui avait à son poignet le modèle Orsay Chronographe. Dans les années 2000, l’acteur est devenu l’ambassadeur de la marque, qui poursuit ses collaborations avec des coureurs automobiles. Les montres de la marque Saint-Honoré sont reconnaissables grâce à leurs cadrans aux finitions aussi raffinées que celle de l’habitacle d’un bolide.
Pierre Lannier, lui, commence à créer des montres avec sa femme sur la table de leur cuisine avant de créer la marque éponyme en 1977. Connu à l’international pour ses créations à succès, il s’associe avec des représentants du monde du sport. Le joueur de tennis Cédric Pioline devient l’égérie de la marque et des collections sont créées en hommage à ses victoires (dont l’une remporte le prix de la montre de l’année en 1998). Pierre Lannier signe ensuite avec le footballeur David Ginola. En 2011, il devient l’horloger officiel de la FFBB (Fédération Française de Basket-Ball).
Ruckfield propose des montres Rugby créées par Sébastien Chabal. Les exemples d’autres sports sont nombreux : Emile Péquignet, créateur de la manufacture de montres de luxe Péquignet, signées des initiales EP, est un grand amoureux des chevaux. Il fait de sa marque une ambassadrice du monde équestre. Ses collections de montres 100% Made in France deviennent la marque fétiche de toute une génération de femmes dans les années 1990. Quant à Michel Herbelin, sa passion pour l’univers nautique le conduit à créer des collections de montres sportives et de plongée, d’une grande précision, avec des cadrans décorés à la main ou encore des diamants.
Une génération de maîtres-horlogers alliant tradition et innovation
Résistance, technicité et performance : autant de points communs entre les produits des maîtres-horlogers français et les grands sportifs. Une nouvelle génération de maîtres-horlogers à la croisée de la tradition et de l’innovation.
Connaissez-vous la Maison horlogère française Gustave&Cie ? Elle s’attache à innover, avec la mise au point de montres à mono-aiguilles (dont le mouvement indique simultanément les heures et les minutes). Le design des cadrans, les matériaux, les couleurs ont pour origine la ville de Dijon. Les boîtiers sont assemblés à Besançon et le mécanisme est sélectionné selon sa qualité en Suisse ou au Japon, car il reste difficile de fabriquer une montre 100% Made in France. Mais des marques françaises s’y emploient, comme Routine. Son fondateur l’a créée en 2016 à la suite de ses études d’ingénieur, lorsqu’il apprend que la filière horlogère française emploie 2000 personnes en 2016, contre 50 000 dans les années 1970, et qu’elle est passée du statut de leader mondial à celui de sous-traitant pour les grandes Maisons de luxe suisses et françaises. Routine a pour but de relocaliser toutes les étapes de fabrication de ses montres sur le territoire français et de sauvegarder les savoir-faire horlogers historiques en Franche-Comté. De l’usinage des boîtiers à l’assemblage des montres en passant par la fabrication des aiguilles et des cadrans, chaque étape est issue du savoir-faire des artisans et industriels horlogers français, si bien que 92% du prix d’une montre Routine irrigue l’économie française.
Une autre marque française se distingue dans le paysage actuel de l’horlogerie : Charlie Paris. Ambroise et Adrien l’ont créée en 2014 comme une alternative aux montres de luxe qui les font rêver mais qu’ils n’ont pas les moyens de s’offrir. Ils associent l’héritage patrimonial français à la modernité, pour créer des montres de qualité, intemporelles et raffinées.