Depuis quelques années, les véhicules électriques sont de plus en plus populaires en France. Cependant, atteindre les objectifs fixés par le gouvernement semble être un défi de taille. Avec moins de 230 000 véhicules électriques en circulation, est-il vraiment possible de les atteindre ? Quels sont les prérequis nécessaires pour y parvenir ? Une étude sur la diffusion des véhicules électriques à batterie en France a été menée pour répondre à ces questions.
La pertinence du modèle de Bass pour simuler la diffusion des véhicules électriques
Le modèle de Bass est un modèle économétrique qui permet de simuler la diffusion d’une innovation au sein d’une population. Utilisé pour simuler la diffusion d’Internet ou de l’électroménager, il prend en compte les comportements d’innovation et d’imitation des utilisateurs lorsqu’un produit ou un service innovant est mis sur le marché. Bien que le modèle ne tienne pas compte de l’impact actuel de l’épidémie de Covid-19 et des mesures de confinement, il reste pertinent pour évaluer la pénétration des véhicules électriques à long terme.
Les limites des véhicules électriques en termes de technologie et d’offre
Les véhicules électriques et hybrides rechargeables modifient les habitudes de mobilité des utilisateurs en raison de leurs caractéristiques technologiques. Cependant, ils ne répondent pas encore à tous les usages et attentes de la population. Plusieurs facteurs limitent leur adoption, notamment l’autonomie relativement faible des véhicules, bien qu’elle ait considérablement augmenté depuis 2015 (+200 km). De plus, le temps de recharge reste un problème, malgré les avancées dans les bornes de charge rapide. En outre, l’offre de véhicules familiaux reste moins compétitive en termes de prix par rapport aux véhicules thermiques, même en tenant compte des incitations écologiques. L’absence de marché d’occasion abordable empêche également une partie de la population d’accéder aux véhicules électriques.
Les projections du taux de pénétration des véhicules électriques d’ici 2040
Le modèle de Bass permet de simuler trois scénarios de développement des véhicules électriques. Dans le scénario le plus optimiste (2025), le taux de pénétration des véhicules électriques atteint 81% d’ici 2040, soit 27 millions de véhicules. Dans le scénario intermédiaire (2030), ce taux atteint 75%, soit 25 millions de véhicules. Enfin, dans le scénario pessimiste (2040), le taux de pénétration est de 57%, soit 19 millions de véhicules.
Les moyens pour atteindre les objectifs gouvernementaux
L’objectif de la France d’avoir un million de véhicules électriques en circulation d’ici 2022 semble difficile à atteindre. Même dans le scénario le plus optimiste (2025), on prévoit seulement 600 000 véhicules électriques en circulation en 2022 et l’atteinte du million de véhicules en 2024. Pour y parvenir, il est essentiel que les véhicules électriques soient compétitifs par rapport aux véhicules thermiques sur tous les facteurs clés d’adoption dès 2021-2022. Cela nécessite notamment une augmentation de l’autonomie des véhicules à plus de 500 km et le développement d’une offre compétitive pour les véhicules familiaux.
Les opportunités industrielles du développement des véhicules électriques
Quel que soit le scénario de diffusion envisagé, la croissance des véhicules électriques sera significative au cours des deux prochaines décennies. Cela représente une opportunité pour l’industrie, avec un marché annuel français de la batterie estimé entre 2 et 5 milliards d’euros d’ici 2025. Pour maximiser cette opportunité, il est essentiel d’investir dans la capacité industrielle de l’Europe en production de batteries, afin d’éviter une dépendance excessive vis-à-vis des régions productrices et de préserver la valeur locale.
En conclusion, bien que les objectifs gouvernementaux en matière de véhicules électriques semblent ambitieux, ils ne sont peut-être pas réalisables dans les délais prévus. Cependant, avec les bonnes mesures et investissements, il est possible d’accélérer la transition vers une mobilité plus verte en France.