Les Organisations Non Gouvernementales (ONG) : Acteurs Essentiels du Monde Contemporain

Les Organisations Non Gouvernementales (ONG) : Acteurs Essentiels du Monde Contemporain

Les organismes non gouvernementaux (ONG) jouent un rôle crucial dans le monde moderne. Le terme englobe un large éventail d’associations, d’organisations et de fondations, toutes de tailles variables. L’Union des Associations Internationales en recense 70 691, sans qu’il soit possible de trouver un dénominateur commun entre elles, si ce n’est leur caractère à but non lucratif (voir la liste).

Les ONG Internationales : Agir pour le Bien Commun

Il est parfois possible de distinguer les ONG internationales (ONGI) des organisations plus petites qui opèrent à l’échelle d’un seul pays, voire moins. Les ONGI sont universalistes et transnationales. Elles sont universalistes car elles agissent au nom de valeurs conformes aux principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme, telles que l’égalité, l’accès aux soins de santé et à l’éducation. Les ONGI sont transnationales car elles recrutent leurs employés, bénévoles et donateurs dans plusieurs pays. Leur rôle est parallèle, voire complémentaire, à celui des Nations Unies (ONU), qui dépend du financement des États, bien que certaines agences, comme l’Unicef ou le PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement), recouvrent en partie les fonctions et missions des ONGI.

Les ONG de Défense de l’Environnement : Une Voix Puissante

Le sigle ONG-E fait référence spécifiquement aux organisations de défense de l’environnement, qui jouissent d’une place à part en raison de leur ancienneté, de leur nombre et de leur pouvoir. On peut citer l’UICN, le WWF, Greenpeace, parmi tant d’autres. Certaines sont généralistes, à l’instar des trois précédentes, tandis que d’autres sont spécialisées, comme Sea Sheppard pour les espèces marines ou, en France, la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO).

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Le Contexte Historique et Culturel des ONG

Les ONG sont ancrées dans un contexte historique et culturel spécifique. Bien qu’une ONG puisse agir au nom de l’humanité, elle peut aussi véhiculer un schéma de pensée philanthropique occidentocentré. Même sans le vouloir, elle peut contribuer à l’acculturation des populations ciblées par ses actions ou imposer une langue véhiculaire (comme l’anglais ou le français) au détriment des langues vernaculaires. Il existe également des ONG confessionnelles, qui, qu’elles soient prosélytes ou non, agissent au nom de croyances religieuses. La montée en puissance des ONG internationales dans le système mondial est à la fois le résultat et le vecteur de la mondialisation. Initialement, les ONG étaient principalement des acteurs des pays “riches” intervenant dans les pays en développement, mais elles ne peuvent échapper à la multipolarisation du monde, comme en témoigne l’exemple du Bangladesh Rural Advancement Committee (BRAC), spécialisé dans la microfinance (Atlas de l’espace mondial, 2018).

La Confiance : Une Condition Essentielle

Comme tout acteur public, la capacité des ONG à agir dépend directement de la confiance qu’elles inspirent aux autres acteurs, et surtout à leurs donateurs. C’est un gage de leur responsabilisation, mais cela incite également d’autres organisations à se faire passer pour des ONG afin d’exploiter la confiance associée à ce statut. Samy Cohen (2012) évoque le cas des “Gongos” (organisations non gouvernementales à tendance gouvernementale). Cela soulève également des questions sur le financement des ONG. Par exemple, Reporters sans frontières a reconnu être en partie financé par le National Endowment for Democracy, un organisme de lutte contre le communisme dépendant du ministère américain des affaires étrangères.

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Des “Multinationales du Cœur”

De par leurs ressources financières, leur structure organisationnelle (avec un siège central, des délégations continentales, des bureaux locaux, un conseil d’administration…) et le nombre d’employés qu’elles emploient, les ONG sont souvent comparées à des entreprises multinationales. Marc-Olivier Padis et Thierry Pech (2004) les ont même qualifiées de “multinationales du cœur”. Cependant, contrairement aux organisations à but lucratif, les ONG rendent des comptes à leurs donateurs quant à l’efficacité de leurs actions, et non à des actionnaires en termes de bénéfices.

Des Conséquences à Différentes Échelles

Au-delà de leurs actions directes sur les terrains où elles interviennent, les ONG ont plusieurs conséquences indirectes sur l’espace, à différentes échelles. À l’échelle mondiale, elles contribuent à l’émergence d’une société civile mondiale et à la prise de conscience de l’humanité quant à la finitude des ressources terrestres et à l’interdépendance de toutes les grandes questions environnementales à l’échelle mondiale. Les ONG ont joué un rôle actif dans la sensibilisation aux conséquences négatives prévisibles du réchauffement climatique ou de la crise de la biodiversité. À l’échelle des États, les ONG influencent les politiques nationales, peuvent influencer l’opinion publique et pallier les défaillances des politiques publiques. À l’échelle locale, les ONG peuvent façonner les territoires où elles s’implantent. Dans les espaces en crise, elles ont besoin d’équipements absents dans le reste du territoire (électricité, internet, vivres, matériel). La cartographie de crise permet à certains espaces de bénéficier rapidement d’une carte participative répondant à l’urgence de l’intervention des ONG. Dans les lieux de pouvoir transnationaux, comme Washington, Genève ou Bruxelles, elles peuvent représenter une part non négligeable de l’emploi local et exercer un lobbying en faveur de leurs causes.

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(JBB) octobre 2018. Dernière mise à jour : janvier 2022.

Références

  • Atlas de l’espace mondial, “Des ONG plurielles”, SciencesPo.fr, 2018, [en ligne].
  • Samy Cohen, “Organisation non gouvernementale (ONG)” in Cynthia Ghorra-Gobin (dir.), Dictionnaire critique de la mondialisation, Armand Colin, 2012.
  • Marc-Olivier Padis et Thierry Pech, Les multinationales du cœur : les ONG, la politique et le marché. Paris, Le Seuil, coll. “La République des idées”, 2004, 96 pages.