Les Ouïghour·es en Chine : Détention massive et répression

Les Ouïghour·es en Chine : Détention massive et répression

La détention massive des Ouïghour·es et d’autres minorités ethniques vivant dans la région occidentale du Xinjiang en Chine suscite une vive inquiétude et de nombreuses condamnations internationales. Les révélations de l’enquête “China Cables” menée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) dévoilent pour la première fois des directives confidentielles du gouvernement chinois. Ces documents détaillent les plans opérationnels pour la mise en place de camps d’internement et l’ordre de procéder à des détentions massives grâce à la collecte de données personnelles et à l’utilisation de l’intelligence artificielle.

Qui sont les Ouïghour·es ?

Les Ouïghour·es sont un groupe ethnique turc majoritairement musulman·es. Ils ont une culture et une histoire spécifiques, avec notamment la proclamation de deux Républiques indépendantes de courte durée pendant la première moitié du 20e siècle, toutes deux connues sous le nom de Turkestan oriental. Près de 11 millions de Ouïghour·es vivent dans le Xinjiang, une région aride du Nord-Ouest de la Chine, composée de montagnes et de vastes steppes. Des groupes plus petits se trouvent également en Asie centrale. L’identité ouïghoure s’est développée autour des villes oasis au fil des siècles.

Qu’arrive-t-il aux Ouïghour·es ?

Ces dernières années, le gouvernement chinois a pris des mesures répressives à l’encontre des Ouïghour·es et d’autres minorités ethniques présentes dans le Xinjiang. Ces mesures incluent une surveillance généralisée, des détentions massives et l’assimilation forcée. Un système de vidéosurveillance et des postes de contrôle de la police surveillent en permanence les citoyen·nes. Les autorités chinoises ont emprisonné plus d’un million de Ouïghour·es, représentant près de 10 % de la population ouïghoure du Xinjiang, selon les estimations du gouvernement américain. Le traitement réservé aux Ouïghour·es a été qualifié de “tache du siècle” par le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo.

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Pourquoi le gouvernement chinois persécute-t-il les Ouïghour·es ?

La Chine affirme que cette répression est nécessaire pour prévenir le terrorisme et éradiquer l’extrémisme islamiste. Elle s’inscrit dans une campagne plus vaste visant à promouvoir le nationalisme Han en tant que force unificatrice et à supprimer toute identité ethnique, culturelle ou religieuse qui pourrait concurrencer la loyauté envers le Parti communiste chinois. Les tensions entre les Han et les Ouïghour·es ont éclaté en violence dans les rues d’Urumqi, la capitale du Xinjiang, en 2009, faisant près de 200 morts. La Chine considère les séparatistes ouïghour·es comme des terroristes et s’est engagée à éliminer leur idéologie islamiste séparatiste et militante.

Les camps de rééducation en Chine

Depuis 2017, de nombreux·ses Ouïghour·es ont été envoyé·es dans des camps appelés “Centres d’enseignement et de formation professionnelle” par le gouvernement chinois. Ces camps imposent l’apprentissage du mandarin, la suppression des pensées “extrémistes” et l’endoctrinement quotidien par la propagande du Parti communiste chinois. D’ancien·nes détenu·es témoignent de tortures et d’abus sexuels. Les détenu·es reçoivent également une formation professionnelle et sont souvent exploités dans des conditions de travail forcé.

Réactions et déclarations internationales

Les États-Unis ont imposé des sanctions à des entités et à des responsables chinois liés à la répression au Xinjiang. Plusieurs pays industrialisés ont également demandé à la Chine de mettre fin à son programme de détention massive. La Suède a accordé le statut de réfugié·e aux Ouïghour·es chinois. Cependant, certaines entreprises occidentales entretiennent des liens commerciaux avec des organisations chinoises impliquées dans la répression du Xinjiang.

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Les justifications de la Chine

La Chine affirme que ses actions sont nécessaires pour lutter contre le terrorisme et nie tout atteinte à la liberté religieuse. La Chine conteste également l’authenticité des documents divulgués dans le cadre de l’enquête “China Cables”, les qualifiant d’inventions et de propagande. Elle publie un Livre blanc officiel présentant les camps comme des établissements visant à aider et réhabiliter les personnes impliquées dans des activités terroristes ou extrémistes.

Les révélations de “China Cables”

L’enquête “China Cables” révèle les politiques officielles derrière les camps du Xinjiang. Les documents détaillent le système de contrôle social dans les camps, les mesures pour empêcher les évasions tout en prétendant qu’il s’agit d’établissements éducatifs. Ils montrent également le fonctionnement d’un programme chinois de surveillance massive et de collecte d’informations, ainsi que l’utilisation de l’intelligence artificielle pour sélectionner les candidat·es à la détention. Les autorités chinoises signalent notamment les utilisateurs·trices d’une application de communication populaire, Zapya, comme suspect·es.

Comment les “China Cables” ont été obtenus ?

Les documents confidentiels ont été transmis à l’ICIJ par un groupe d’exilé·es ouïghour·es.

Ces révélations apportent un éclairage crucial sur la détention massive des Ouïghour·es en Chine et suscitent une prise de conscience internationale sur cette situation alarmante.