Les places de parking « volées » dans les supermarchés – Comment faire face à ce problème ?

Places « volées » sur les parkings des supermarchés - AVEM - Association pour l'Avenir du Véhicule Electro-Mobile

Places « volées » sur les parkings des supermarchés

C’est une excellente nouvelle de voir se développer sur les parkings des supermarchés des places dédiées à la recharge des voitures électriques et hybrides rechargeables. Malheureusement, ces places sont régulièrement occupées par des véhicules thermiques. Est-ce une situation inéluctable ?

Un sentiment de révolte

Sur le parking d’un supermarché Leclerc, quelque part dans l’ouest de la France, une vieille Citroën C25 diesel occupe l’une des 6 places prévues pour la recharge des voitures électriques. Son propriétaire incarne parfaitement le sentiment de révolte qui règne parfois autour de ces zones. Ancien boucher-charcutier à la retraite, il explique : “Cela fait déjà 10 ans que je gare mon fourgon ici et je n’ai pas l’intention de changer ! Où sont les voitures électriques de toute façon ?”. Pour lui, la Peugeot 106, située deux places plus loin, n’est pas une voiture électrique. Il est vrai que son câble de recharge, parfaitement connecté, n’est pas visible. De plus, la plupart des automobilistes ignorent encore qu’entre 1995 et 2005, plusieurs milliers de véhicules électriques PSA et Renault ont été vendus.

L’article R417-10 du Code de la route…

“Au moins que les responsables du magasin viennent me voir !” ajoute-t-il, sûr de ne pas être inquiété. Cet ancien commerçant a raison : de nombreux responsables de grandes surfaces préfèrent fermer les yeux plutôt que d’intervenir ! Certes, l’article R417-10 du Code de la route existe. Son chapitre III précise que le stationnement d’un véhicule devant les infrastructures destinées à la recharge des véhicules électriques est considéré comme gênant la circulation publique. Selon le texte de loi, tout arrêt ou stationnement gênant est passible d’une amende de 35 euros, potentiellement minorée à 22 euros ou majorée à 75 euros. De plus, si le conducteur ou le propriétaire du véhicule est absent ou refuse de mettre fin au stationnement gênant malgré l’injonction des agents, le véhicule peut être immobilisé et mis en fourrière.

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… n’est pas applicable aux parkings privés

Cependant, les dispositions de l’article R417-10 ne s’appliquent que sur la voie publique et non sur les parkings privés, même s’ils sont ouverts à la circulation. Ainsi, dans les supermarchés par exemple, les règles du Code de la route ne sont pas opposables légalement. Les services de police ne peuvent pas être directement saisis par les utilisateurs de voitures électriques qui constateraient un stationnement abusif. Ils doivent se tourner vers les responsables des établissements concernés qui, la plupart du temps, rechignent à intervenir. Cependant, au Carrefour de Flins-sur-Seine (78), à environ 2 kilomètres de la chaîne d’assemblage de la Renault Zoé, le problème est pris très au sérieux ! Les places réservées à la recharge des véhicules électriques sont situées à proximité d’un local occupé par le service de sécurité du magasin. Dès qu’une voiture thermique se gare sur une de ces places, un agent en gilet jaune se précipite sur un Segway pour retrouver le propriétaire du véhicule et lui demander de se garer ailleurs. Cette scène est suffisamment impressionnante pour faire taire les récalcitrants et les inciter à obtempérer.

L’hybride est-il électrique ?

Il existe également une variante surprenante du problème de stationnement abusif sur les bornes de recharge. On retrouve régulièrement des modèles hybrides classiques, c’est-à-dire non rechargeables, sur ces emplacements. Leurs propriétaires pensent parfois qu’ils conduisent une voiture électrique. Cette confusion grossière est également présente dans les annonces de vente en ligne. Combien de Toyota Prius et Yaris, Lexus RX 450h, Peugeot 508 RXH, Citroën DS5 Hybrid4, Volkswagen Jetta Hybrid et bien d’autres apparaissent lorsqu’on effectue une recherche parmi les véhicules en vente sur les sites comme LeBonCoin en indiquant “Électrique” dans le champ “Énergie”? À Thionville, en Moselle, Denis a dû se confronter à plusieurs reprises à l’un de ces automobilistes qui lui empêchait souvent de recharger sa Nissan Leaf.

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Il faut agir !

Dans la région PACA, José a été encore plus loin en bloquant parfois l’accès à des véhicules thermiques stationnés sur des places matérialisées en orange avec son Kangoo ZE. Son câble de recharge lui permettait tout de même de se brancher sur l’une des bornes, rendant ainsi les autres inaccessibles. “Je les attends, les propriétaires de ces voitures !” s’indigne-t-il. Avec sa carrure de rugbyman, il fait impression et en joue : “J’ai bien remarqué que certains retournent directement au magasin plutôt que de devoir s’expliquer. À ceux qui me demandent de partir, je leur propose de me donner les 4 euros que je devrais à nouveau payer pour relancer la charge.” En général, “ils attendent”, avoue José, qui leur assène sans détour cet argument percutant : “Et si je me garais devant les pompes à essence pendant que je fais mes courses ?”.

Mieux lotis que les personnes handicapées ?

Anne-Marie, qui vient de garer sa Peugeot 306 devant une borne, ne se laisse pas intimider. Elle montre le macaron qui l’identifie comme une personne handicapée : “C’est bien beau d’avoir les places réservées pour les personnes handicapées à l’entrée, mais je dois traverser quatre allées très fréquentées pour venir ici prendre ou déposer le caddie. C’est trop dangereux pour moi !”. En effet, sur le parking du supermarché où elle se trouve, l’emplacement dédié à la recharge des véhicules électriques se trouve à côté d’un abri pour les chariots. En revanche, aucune place réservée n’est prévue pour les personnes handicapées reconnues. Cette situation nécessite une correction.

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L’effet doublement désagréable

Parfois, les conducteurs de voitures thermiques se sentent lésés à double titre. Tout d’abord, ils voient disparaître quelques places où ils avaient l’habitude de se garer. Ensuite, ils constatent que des véhicules électriques se garent en dehors de ces places. Certains ont du mal à comprendre que le but du jeu est d’occuper ces emplacements uniquement le temps de recharger les batteries.

Suggestions aux responsables des grandes surfaces

Parmi les solutions permettant de réserver au mieux l’usage des places dédiées à la recharge des véhicules électriques, deux configurations se démarquent naturellement. La première consiste à aménager cette zone dans un coin du parking, à l’écart des entrées principales des magasins, là où les automobilistes hésitent habituellement à se garer. Cependant, cela peut être plus coûteux en termes de travaux de raccordement électrique. Et qu’en est-il des utilisateurs de voitures électriques handicapés ? Une autre situation favorable est lorsque le magasin lui-même dispose d’une voiture électrique clairement identifiée. C’est le cas par exemple à Pleurtuit (35), chez Leroy Merlin. Le Renault Kangoo ZE, que les clients peuvent louer à un prix abordable pour transporter des objets volumineux, marque efficacement cette zone.

Un petit ajustement ?

Il y aurait encore beaucoup d’autres choses à dire sur ce sujet. Les incivilités régulières subies par les propriétaires de voitures électriques sur les parkings des supermarchés se retrouvent également autour des espaces de stationnement publics similaires. Avec le temps, elles devraient s’estomper, à l’image de la situation vécue depuis des années par les personnes handicapées, dont les places réservées étaient également occupées par des automobilistes irresponsables. Il serait peut-être nécessaire de légèrement ajuster un ou deux articles du Code de la route.