Le chômage est un problème économique majeur qui suscite de nombreuses réflexions et débats. Différentes approches ont été développées pour tenter de résoudre ce fléau qui touche de nombreuses économies. Dans cet article, nous explorerons deux approches majeures : les politiques classiques et les politiques keynésiennes.
Les politiques classiques : une question de coût du travail
Selon les économistes classiques, le coût du travail est la principale cause du chômage. Ils estiment que les travailleurs les moins qualifiés sont considérés comme trop chers par les employeurs, ce qui limite leurs opportunités d’emploi. Le salaire minimum et les cotisations sociales élevées sont également pointés du doigt, car ils augmentent le coût du travail et découragent les entreprises à embaucher. En France, notamment, le salaire minimum (Smic) est considéré comme supérieur au “salaire d’équilibre”. Selon cette théorie, lorsque le coût du travail est trop élevé, les employeurs ont moins d’incitations à produire et préfèrent ne pas embaucher.
Une autre problématique soulevée par les économistes classiques est la rigidité à la baisse des salaires. Cette rigidité, résultant de mesures gouvernementales ou de la pression des syndicats, conduit à une offre de travail supérieure à la demande et donc à une augmentation du chômage.
Pour réduire le chômage, les économistes classiques préconisent des politiques de l’emploi visant à réduire le coût du travail et à encourager les employeurs à embaucher les travailleurs les moins qualifiés. Ces politiques peuvent être actives ou passives :
- Les politiques actives visent à accroître le niveau de l’emploi dans l’économie.
- Les politiques passives fournissent une aide financière aux personnes sans emploi.
Parmi les mesures passives, on peut citer l’allocation chômage et les aides sociales destinées aux personnes sans emploi. Les mesures actives, quant à elles, cherchent à compenser la réglementation du marché du travail. En France, certaines mesures actives comprennent des formations professionnelles, des contrats aidés et des incitations fiscales pour favoriser l’embauche des travailleurs peu qualifiés.
Cependant, l’efficacité de ces mesures est contestée. Est-ce qu’elles parviennent réellement à réduire le chômage ? Incitent-elles efficacement les entreprises à embaucher des travailleurs peu qualifiés ? Selon certaines analyses, la baisse du chômage obtenue grâce à ces mesures est minime en comparaison des exonérations de cotisations sociales accordées. De plus, cette baisse du coût du travail entraîne une diminution des recettes pour les administrations de Sécurité sociale.
Les politiques keynésiennes : soutenir la demande pour lutter contre le chômage
Contrairement à la vision classique, les économistes keynésiens soutiennent que les salaires élevés ne sont pas la cause du chômage. Selon eux, des salaires plus élevés permettent aux travailleurs de consommer davantage, ce qui entraîne une augmentation de la production des entreprises et, par conséquent, une création d’emplois.
Cette relation entre la demande anticipée et le niveau de production est illustrée dans le schéma ci-dessous. Si la demande anticipée est importante, les entreprises embaucheront davantage pour répondre à cette demande croissante. En revanche, si la demande anticipée est faible, les entreprises réduiront leur production et embaucheront moins de personnel, ce qui entraînera une augmentation du chômage.
Selon Keynes, le marché du travail ne peut pas s’autoréguler, c’est pourquoi une intervention de l’État est nécessaire pour soutenir la demande et mettre en place des politiques de l’emploi efficaces. Pour cela, l’État dispose de différents leviers d’action :
- Stimuler la demande globale en augmentant les dépenses publiques.
- Réduire les impôts pour augmenter le pouvoir d’achat des consommateurs.
- Mettre en place des programmes de travaux publics pour créer des emplois.
- Encourager les investissements privés grâce à des mesures incitatives.
Selon Keynes, ces mesures pour l’emploi entraîneront une création supplémentaire d’emplois, à la fois grâce aux mesures économiques mises en place et aux attentes optimistes des agents économiques (augmentation du pouvoir d’achat et accès aux aides sociales).
La flexibilité du marché du travail : une alternative moderne
Malgré les différentes politiques mises en œuvre par les classiques et les keynésiens, le chômage persiste et de nouvelles mesures doivent être envisagées. Aujourd’hui, de nombreuses économies favorisent une plus grande flexibilité sur le marché du travail pour le combattre.
La flexibilité peut prendre différentes formes, telles que la flexibilité de l’outil de travail, la rémunération ou la polyvalence du personnel. On parle de flexibilité interne et de flexibilité externe pour distinguer ces différentes formes.
La flexibilité interne permet de :
- Faire varier le temps de travail des salariés en fonction des besoins de l’entreprise.
- Recourir aux heures supplémentaires pour répondre à une demande accrue.
- Rendre les salariés polyvalents en leur confiant différentes tâches.
Quant à la flexibilité externe, elle consiste à recourir à des contrats précaires et à des licenciements pour s’adapter aux évolutions des entreprises. Cette flexibilité permet notamment de faire varier les effectifs de l’entreprise en favorisant les contrats précaires au détriment des contrats permanents. Elle permet également d’externaliser ou de sous-traiter une partie de la production, ce qui facilite la gestion des variations des besoins en main-d’œuvre.
Cependant, la flexibilité du marché du travail a des conséquences sur les salariés, comme le montre le tableau ci-dessous. Les contrats précaires et les licenciements accrus augmentent le risque d’exclusion sociale pour les travailleurs.
La flexibilité a pour objectif de rendre le marché du travail plus fluide en favorisant une meilleure adaptation entre l’offre et la demande de travail, tout en améliorant la compétitivité des entreprises.
En conclusion, la lutte contre le chômage est un enjeu majeur pour les économies contemporaines. Les politiques classiques et keynésiennes ont été examinées, mais leur efficacité est discutée. Aujourd’hui, la flexibilité du marché du travail apparaît comme une alternative moderne pour faire face à ce défi. Cependant, les conséquences sociales de cette flexibilité doivent être attentivement prises en compte pour garantir un équilibre entre compétitivité économique et protection sociale.
Note : Cet article est basé sur des idées générales et il est nécessaire de considérer les spécificités de chaque économie et les différentes études menées dans ce domaine.