Les pratiques abusives des constructeurs automobiles envers leurs sous-traitants

Les pratiques abusives des constructeurs automobiles envers leurs sous-traitants

L’émission “Pièces à conviction” diffusée sur France 3 a récemment abordé le sujet des “sous-traitants maltraités” dans l’industrie automobile. Cette crise a mis en lumière les relations violentes entre les clients et les fournisseurs, ainsi que le code de bonnes conduites récemment mis en place pour y remédier.

Plans sociaux et délocalisation

Eurostyle (plasturgiste), Jhonson Control et Arcelor Mital ont été touchés par des plans sociaux, ce qui a suscité la colère des salariés. Ces derniers ont dénoncé les excès des constructeurs et la délocalisation du bureau d’études en Roumanie. Pour obtenir gain de cause, ils ont bloqué les pièces, entraînant ainsi des négociations avec les constructeurs. Finalement, chaque licencié a obtenu une indemnisation de 23 000 euros, en plus des indemnités légales.

Relations maître à esclave ?

Lors des états généraux de l’automobile, un chef d’entreprise a qualifié les relations entre les constructeurs et les sous-traitants de “relations maître à esclave plutôt que de partenariat”. Ces propos témoignent des difficultés rencontrées par les fournisseurs dans cette industrie.

Pression pour fabriquer à l’étranger

Les constructeurs automobiles ont pour objectif d’atteindre entre 25% et 45% d’achats à bas coût d’ici 2010. Cependant, la fédération des sous-traitants dénonce une pression constante pour fabriquer à l’étranger. Ils se sentent impuissants face à leurs clients, qui détiennent le pouvoir de décider de leur survie ou de leur disparition. Cette situation les place dans une position similaire à celle des femmes battues, incapables de s’en sortir.

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Augmentation des marges des constructeurs

L’émission a également dévoilé les pratiques courantes des acheteurs dans l’industrie automobile. Par exemple, lors de la sortie d’un nouveau véhicule, les constructeurs demandent une réduction de 20% sur le prix des pièces par rapport au modèle précédent. Ensuite, ils réalisent des gains annuels de 2% à 3% pendant 6 ans, ce qui se traduit par une réduction de 35% sur le prix d’achat des pièces sur une période de 6 ans. Ainsi, les constructeurs ont augmenté leurs marges au détriment de celles de leurs sous-traitants.

Difficultés pour les journalistes à rencontrer les constructeurs

Les journalistes de France 3 ont rapporté leur impossibilité de rencontrer les constructeurs français pour discuter de ce sujet. Ils ont dû se rendre au salon de l’automobile de Genève pour obtenir de brefs entretiens avec des responsables. Cette situation témoigne du manque de transparence et de dialogue dans l’industrie automobile.

Les actions du gouvernement

Luc Chatel, secrétaire d’État chargé de l’Industrie et de la Consommation, a été interviewé par Elise Lucet à la suite des différents reportages sur les fournisseurs et les acheteurs. Il a reconnu les “rapports violents” entre les constructeurs automobiles et leurs sous-traitants par le passé, mais a précisé que le Comité Stratégique pour l’avenir de l’automobile travaille à mettre en place un code de bonnes conduites et un fonds d’investissement pour accroître la compétitivité de la filière.

Luc Chatel a également évoqué la possibilité d’augmenter les taux d’intérêt des prêts accordés aux constructeurs hexagonaux si les pratiques abusives persistaient. Il a souligné l’importance de faire respecter le code de bonnes conduites et de partager les risques avec les fournisseurs.

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Conclusion

Cette émission a révélé la logique purement économique qui prévaut dans l’industrie automobile et son impact dévastateur sur les sous-traitants français. Il est urgent de changer les pratiques abusives et de promouvoir des relations équilibrées et respectueuses entre les constructeurs et leurs fournisseurs.