Chaque année, le recrutement des saisonniers devient de plus en plus problématique. La pénurie de logements se fait ressentir et les prix augmentent. Pour faire face à cette situation qui menace l’activité touristique, essentielle dans le Sud-Ouest, les collectivités et les employeurs se saisissent de la question. Mais il y a encore beaucoup à faire.
Des difficultés accrues depuis quelques années
La Nouvelle-Aquitaine, riche en attraits naturels variés, attire chaque année de nombreux touristes. Cette activité économique est déterminante pour la région, notamment pendant la saison estivale. C’est à ce moment-là que les entreprises ont plus que jamais besoin de travailleurs saisonniers. Chaque année, plus de 200 000 emplois saisonniers sont pourvus par 152 000 salariés dans la région, sans compter les 191 000 contrats saisonniers intérimaires, selon les données de l’Insee.
Parmi ces saisonniers, un tiers n’habite pas à proximité de leur lieu de travail. Trouver un logement pendant la période estivale, très prisée par les touristes, devient alors un véritable défi. La pénurie de logements fait réfléchir les employeurs, les élus et les pousse à agir. La région Nouvelle-Aquitaine a récemment dévoilé son plan pour répondre à cette problématique : un appel à projet accompagné d’une subvention de 1,5 million d’euros pour la création de 300 lits destinés aux travailleurs saisonniers d’ici 2024.
Un critère essentiel pour attirer les saisonniers
Face à ces difficultés de logement, les saisonniers sont contraints de trouver un hébergement, quelle que soit la qualité. Parfois, les conditions de logement laissent à désirer. Certains sont logés dans des conditions déplorables, voire indignes. Face à cette réalité, certains employeurs ont pris conscience de l’importance de proposer des conditions de logement décentes. C’est devenu un critère essentiel pour attirer les saisonniers.
La pandémie de Covid-19 a également changé la donne. Suite à une longue période d’inactivité touristique, de nombreux saisonniers se sont interrogés et ont finalement décidé de changer de métier. Ils ont réalisé qu’il était possible d’obtenir un salaire similaire tout en bénéficiant de meilleures conditions de travail et d’horaires plus réguliers. Cette évolution a rendu les saisonniers plus exigeants sur leurs conditions de logement. Les salaires augmentent et les annonces de postes saisonniers avec hébergement deviennent de plus en plus fréquentes.
Des initiatives pour pallier la pénurie
Face à cette pénurie de logements, les initiatives se multiplient. Certains employeurs entreprennent de gros travaux pour offrir un logement à leurs salariés saisonniers. Par exemple, Franck Mathieu, restaurateur à Sarlat, haut-lieu du tourisme en Périgord, a entrepris des travaux afin de proposer un logement à ses salariés saisonniers. De même, la société Semitour à Montignac-Lascaux a racheté des gîtes pouvant héberger jusqu’à 25 personnes moyennant une contribution mensuelle de seulement 15 euros par saisonnier.
Les collectivités locales s’impliquent également dans la recherche de solutions. À Lège-Cap Ferret, une commune très fréquentée en Gironde, la municipalité a décidé de réinvestir un camping fermé depuis 2002 pour en faire une aire d’hébergement des saisonniers. Entre 120 et 130 saisonniers pourront être logés moyennant une participation de 300 euros pour une tente et 350 euros pour un camping-car.
Cependant, construire des logements réservés aux saisonniers n’est pas toujours simple. Le taux d’occupation n’est pas forcément optimal tout au long de l’année. Il est donc nécessaire de réfléchir collectivement pour mettre en place des solutions innovantes et adaptées à chaque territoire.
En conclusion, la pénurie de logements pour les saisonniers est une problématique majeure qui impacte l’activité touristique dans de nombreuses régions. Les initiatives se multiplient pour tenter de pallier ce manque, mais il est essentiel que les élus locaux et les entreprises s’impliquent davantage pour trouver des solutions durables. La situation actuelle, où entre 10 et 20 % des saisonniers peinent toujours à trouver un hébergement, n’est pas tenable à long terme.
