Arrêter de fumer est une étape difficile pour de nombreux fumeurs. L’un des problèmes auxquels ils sont confrontés est le soulagement des symptômes du sevrage nicotinique, le composant hautement addictif présent dans les cigarettes. La Haute Autorité de Santé recommande l’utilisation de substituts nicotiniques pour un arrêt en douceur. Parmi les plus connus, on trouve les patchs nicotine. Mais comment fonctionnent-ils vraiment ? Sont-ils efficaces ? Comment les utiliser correctement ? Et quels sont les risques associés ? Découvrez toutes les réponses à ces questions avec le Dr Catherine De Bournonville, médecin pneumologue-tabacologue au CHU de Rennes.
Les patchs nicotine : un fonctionnement bien particulier
Les patchs nicotine fonctionnent en délivrant de la nicotine à travers la peau pour réduire la sensation de manque lors de l’arrêt progressif ou total du tabac. Lorsque nous sommes dépendants à la nicotine, notre cerveau envoie un message « d’envie irrépressible » de fumer. Ce besoin physique est comblé par la fixation de nicotine sur des récepteurs spécifiques du cerveau. Toutefois, avec la cigarette, cette stimulation est de courte durée, ce qui crée un cercle vicieux de dépendance. Les patchs nicotine, en revanche, délivrent de la nicotine purifiée de manière lente et régulière à travers la peau. Cela permet de maintenir un niveau stable de nicotine dans le cerveau, évitant ainsi les fluctuations brusques et les pics de manque. Au fil du temps, on peut réduire progressivement la quantité de nicotine en utilisant des patchs moins dosés.
L’association de différentes formes de substituts nicotiniques pour une efficacité optimale
Il est possible d’arrêter de fumer uniquement en utilisant des patchs nicotine. Cependant, les médecins et les chercheurs ont constaté que les chances de réussite étaient plus élevées lorsque les patchs sont associés à d’autres formes de substituts nicotiniques. Une étude réalisée par Lindsay Stead, chercheuse à l’université d’Oxford, a montré que l’utilisation combinée de différents substituts nicotiniques augmentait de 50 à 70% la probabilité d’arrêter de fumer. Ainsi, l’utilisation de patchs associée à des sprays nasaux ou buccaux, des gommes, des pastilles, des comprimés sublinguaux ou des inhalateurs peut augmenter considérablement les chances de succès. La Haute Autorité de Santé recommande donc d’utiliser différentes formes de substituts nicotiniques pour maximiser les résultats.
Où et comment appliquer les patchs nicotine ?
Pour une utilisation optimale, il est recommandé d’appliquer les patchs sur une peau sèche, propre, sans plis et peu poilue. Il est également conseillé de changer de zone d’application chaque jour pour éviter les rougeurs et les démangeaisons. Les patchs nicotine existent en deux versions : ceux qui sont actifs pendant 24 heures et ceux qui ont une durée d’action de 16 heures. Si vous fumez votre première cigarette dans l’heure qui suit le réveil, il est préférable d’utiliser des patchs actifs pendant 24 heures, car ils délivreront de la nicotine pendant la nuit, facilitant ainsi la résistance à l’envie de fumer au réveil. Dans ce cas, le patch doit être appliqué le matin et remplacé le lendemain matin par un nouveau patch sur une autre zone du corps. Les patchs de 16 heures, quant à eux, peuvent être retirés avant le coucher. Ils sont recommandés aux personnes ayant des troubles du sommeil sous patch et aux femmes enceintes pour éviter une exposition prolongée de la nicotine au liquide amniotique.
Dosage et durée du traitement : des aspects à prendre en compte
Le dosage et la durée du traitement avec les patchs nicotine dépendent du nombre de cigarettes fumées par jour, du délai avant la première cigarette au réveil et du type de cigarette consommée. Le dosage doit être adapté aux besoins de chacun afin de fournir une quantité de nicotine suffisante pour soulager le manque sans la présence de la cigarette. Par exemple, une personne fumant 20 cigarettes par jour aura besoin d’environ 20 mg de nicotine par jour, voire davantage si elle fume des cigarettes roulées. Dans ce cas, un patch de 21 mg de nicotine serait recommandé. La durée du traitement varie d’une personne à une autre, mais en général, il dure de 3 à 6 mois. Il est important de suivre le traitement pendant toute la durée recommandée, car un arrêt prématuré peut entraîner un manque et compromettre le succès du sevrage. Un suivi médical est donc essentiel pour ajuster le dosage au fur et à mesure.
Effets secondaires et remboursement des patchs nicotine
En général, les patchs nicotine sont bien tolérés et présentent peu de risques. Cependant, deux effets secondaires peuvent survenir. Tout d’abord, des irritations cutanées telles que des démangeaisons et des rougeurs peuvent apparaître au niveau de la zone d’application. Il est recommandé de changer de site d’application chaque jour pour éviter ces réactions. Si les symptômes persistent, il est préférable de consulter un professionnel de santé pour envisager d’autres solutions. Ensuite, les patchs peuvent perturber le sommeil en rendant les nuits plus légères et en augmentant l’intensité des rêves. Ces troubles sont généralement temporaires et disparaissent dans les 15 jours suivant le début du traitement.
Depuis le 1er janvier 2019, la plupart des patchs nicotine sont remboursés à 65% par l’Assurance Maladie et à 100% en cas d’affection de longue durée. Il n’y a pas de plafond de remboursement fixé actuellement. Le reste des frais est généralement pris en charge par les mutuelles, mais le taux peut varier d’un organisme à un autre. Il est donc intéressant de demander une ordonnance pour bénéficier de la prise en charge financière. Les patchs nicotine peuvent être obtenus avec ou sans ordonnance en pharmacie. Les pharmaciens sont formés pour conseiller les personnes dans leur sevrage et des groupes d’entraide comme “Je ne fume plus” peuvent également apporter un soutien complémentaire.
Avec les patchs nicotine, vous avez un moyen efficace pour arrêter de fumer en douceur. En suivant les recommandations du professionnel de santé et en bénéficiant d’un support financier, vous augmentez vos chances de réussite. N’hésitez pas à consulter votre médecin pour obtenir une ordonnance et vous lancer dans votre voyage vers une vie sans tabac.