Les secrets du succès des voitures électriques en Norvège

Les secrets du succès des voitures électriques en Norvège

La Norvège est connue pour son industrie pétrolière et gazière. Pourtant, il est ironique de constater que les voitures électriques y sont omniprésentes. À Stavanger, capitale norvégienne de l’extraction pétrolière, on peut voir des voitures électriques partout, même aux abords du musée qui célèbre l’épopée du pétrole. Ces véhicules se chargent dans les parkings des supermarchés et dans les allées des maisons individuelles. Aux heures de pointe, ils empruntent les voies de bus, doublant ainsi les voitures thermiques.

La Norvège est en marche vers un objectif ambitieux : interdire la commercialisation de véhicules neufs fonctionnant à l’essence ou au diesel d’ici le 1er janvier 2025. Pour atteindre cet objectif, les Norvégiens, y compris les entreprises, doivent encore accélérer leurs efforts. En 2023, la part des ventes de voitures électriques neuves n’a augmenté que de trois points pour atteindre 82 %. Même si ce chiffre est impressionnant, il dépasse de loin le pourcentage record de 26 % de voitures électriques ou hybrides parmi les nouvelles immatriculations enregistrées en France fin 2023.

Une mobilisation citoyenne

La Norvège doit son statut de pionnière de la voiture électrique à des citoyens engagés comme Harald Nils Rostvik. Dans les années 1990, ce professeur d’urbanisme de l’Université de Stavanger a importé une Fiat 127 électrique, partageant les coûts avec l’ONG environnementale Bellona et deux membres du groupe populaire A-ha. Pour sensibiliser le grand public à la décarbonation possible grâce aux véhicules électriques, Harald Nils Rostvik a invité les journalistes à faire des tours du périphérique d’Oslo en compagnie du chanteur Morten Harket. Il a également évité de payer les péages, entraînant la saisie de sa voiture par les autorités. Après une vente aux enchères et de multiples actions similaires, les autorités ont finalement cédé aux revendications des citoyens.

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Une politique de carottes et de bâtons

La Norvège a mis en place une série de mesures incitatives pour promouvoir les voitures électriques. Certaines de ces mesures sont toujours en vigueur, tandis que d’autres ont été ajustées. Par exemple, la TVA est désormais appliquée aux véhicules électriques dont le prix dépasse 500 000 couronnes. De plus, les conducteurs de voitures électriques doivent désormais payer un péage, cependant inférieur d’au moins 30 % à celui des véhicules thermiques.

Ces mesures incitatives sont accompagnées de taxes élevées sur les véhicules thermiques. En 2022, les taxes moyennes pour l’achat d’une voiture thermique neuve atteignaient l’équivalent de 10 000 €, voire 70 000 € dans certains cas. Cette combinaison de carottes et de bâtons a incité de nombreux Norvégiens, comme Chadi, à opter pour la voiture électrique malgré ses limitations, car cela revient beaucoup moins cher à l’usage.

Penser au-delà du pétrole

La Norvège est consciente de la nécessité de se tourner vers un avenir sans pétrole. Trygve Meyer, responsable du réseau des villes innovantes au sein de l’ONG Nordic Edge, est convaincu que la Norvège doit profiter de son expertise dans l’industrie pétrolière pour inventer un avenir plus vert. Le pays dispose d’un fonds souverain d’une valeur d’environ 1 200 milliards de dollars, alimenté par les ressources pétrolières et gazières. Cependant, l’État ne peut prélever qu’une petite partie de ce fonds chaque année afin de maintenir l’équilibre budgétaire.

La Norvège exporte ses solutions

La Norvège, qui bénéficie d’une énergie propre grâce à l’éolien, au solaire et à l’hydraulique, poursuit sa transition vers la mobilité électrique tout en préservant son industrie pétrolière et gazière tournée vers l’exportation. Le pays a tenté de produire ses propres voitures électriques, mais cette aventure a été de courte durée. Aujourd’hui, l’industrie norvégienne profite de l’électrification dans le domaine de la microélectronique, notamment chez Westcontrol, une entreprise de la banlieue de Stavanger. Les bornes de recharge du producteur norvégien Zaptec sont également fabriquées en Norvège. Ces bornes, destinées aux particuliers et aux copropriétés, sont connectées entre elles pour une répartition optimale de la puissance totale de l’installation en fonction du nombre de véhicules et de leurs besoins. Zaptec a vendu plus de 250 000 bornes en Europe.

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“Vous y arriverez !”

Le cas de Zaptec illustre parfaitement la transition vers l’électrification en Norvège. Au départ, cette PME développait un outil léger pour l’industrie pétrolière, sans succès commercial. Cependant, Renault lui a demandé de concevoir un chargeur pour la voiture électrique Zoe, ce qui a changé la donne. Selon Vianney Devienne, directeur général de Zaptec France, ce qui se passe en Norvège aujourd’hui se produira demain en France.

La Norvège, avec ses montagnes et ses conditions climatiques extrêmes, sert de laboratoire pour la transition vers l’électrification des transports. Harald Nils Rostvik, qui a joué un rôle clé dans cette transition, encourage les autres pays à suivre l’exemple norvégien. “Si nous pouvons réussir cette transition en Norvège, vous le pouvez aussi !”, déclare-t-il avec optimisme.

Sarah Muller