Les mots « audi, vide, tace » signifient en français « voir, entendre, se taire ». Ils constituent une devise utilisée par certaines juridictions maçonniques, se retrouvent fréquemment sur des médailles maçonniques et apparaissent souvent de manière appropriée dans des documents maçonniques.
Le Secret
Les deux premiers mots, “audi” et “vide”, se réfèrent à la vigilance propice à l’acquisition des connaissances. En effet, c’est par ces deux sens, la vue et l’ouïe, que nous absorbons la majeure partie de nos informations.
Quant à “tace”, ou se taire, cela fait référence à la diffusion de l’information et incite à réfléchir avant de parler, de décider ce qui doit rester caché, de toujours garder en mémoire les vertus maçonniques de silence et de prudence.
Malheureusement, le mot secret, bien qu’inoffensif en soi, est souvent associé à des choses furtives, sournoises ou maléfiques. Cependant, pour l’esprit clair, il est évident qu’une chose peut être gardée cachée sans pour autant être corrompue ou trompeuse.
Jésus, en tant qu’enseignant, a exposé ses doctrines sous forme de paraboles, à la fois obscures et énigmatiques, compréhensibles uniquement par ceux qui avaient des oreilles pour entendre et des yeux pour voir. Il ne jetait pas des perles aux porcs.
Dans le cas de la franc-maçonnerie, l’illusion du secret est utile car il est dans la nature de l’homme de rechercher ce qui est interdit, de vouloir ce qui est juste au-delà de sa portée.
La Défense du Secret
Celui qui sait mesurer ses mots avec soin ne sera pas enclin à divulguer imprudemment des informations. C’est le premier avantage du silence. Le second avantage découle du fait que lorsque l’on est silencieux, on peut écouter et observer, ce qui ouvre la voie à l’acquisition de nouvelles connaissances.
Le secret est une vertu maçonnique. C’est pourquoi c’est l’une des premières leçons enseignées à l’apprenti maçon, et dans notre grande juridiction, de manière très spectaculaire ! De plus, l’instruction à l’apprenti maçon lui demande de garder sacrés et inviolables les mystères de l’Ordre, car ils sont destinés à le distinguer du reste de la communauté et à marquer son importance parmi les maçons.
Le secret est un devoir maçonnique, et il est enjoint aux maçons de ne pas révéler ces secrets précieux qu’ils ont promis de garder et de ne jamais divulguer. S’ils le faisaient, ils s’exposeraient au mépris et à la détestation de tous les bons maçons, et la franc-maçonnerie devrait changer progressivement au point de devenir méconnaissable, voire de cesser d’exister.
Les Choses Manifestes
Beaucoup des activités de la franc-maçonnerie sont ouvertes, et non secrètes. Certaines sont imprimées, telles que son but, son histoire, ses préceptes, la liste de ses membres, l’heure et le lieu de ses réunions. D’autres sont publiques, comme les funérailles maçonniques, la pose de pierres de fondation, l’installation des officiers. Et d’autres encore sont des institutions et des édifices, tels que les foyers maçonniques, les bibliothèques maçonniques, les temples maçonniques.
Les Choses Cachées
Ce que la franc-maçonnerie garde pour elle-même peut être considéré sous quatre rubriques :
- Le travail ésotérique, avec ses obligations et modes de reconnaissance.
- Les problèmes et affaires personnelles d’un Frère qui est Maître Maçon.
- La bienfaisance maçonnique.
- Les doctrines telles qu’elles sont présentées dans les rituels, évidentes pour certains, toujours cachées pour d’autres.
Le Travail ésotérique
Par définition, le travail ésotérique est secret, car le mot ésotérique désigne ce qui est conçu et compris par les initiés spéciaux seulement.
Autrefois, le maçon qui détenait les secrets techniques de l’Art de la construction se voyait donner les modes de reconnaissance. Ainsi, il pouvait établir son identité lorsqu’il voyageait dans des pays étrangers.
La maçonnerie spéculative moderne a hérité et conservé ces signes, ces mots et ces symboles. Ils sont précieux car ils parlent un langage universel et servent de passeports pour l’attention et le soutien des initiés du monde entier.
Les Secrets d’un Frère Maître Maçon
Un Maître Maçon promet de garder les secrets d’un Frère Maître Maçon lorsqu’ils lui sont confiés comme tels, sauf lorsque la conscience exige de les révéler. Si la maçonnerie ne faisait que former ses membres à garder fidèlement les secrets des autres qui leur sont confiés, elle accomplirait une grande œuvre. Cela justifierait à lui seul son existence et lui vaudrait le respect de l’humanité.
Malheureusement, la conservation d’un secret devient de plus en plus difficile. Dans le monde d’aujourd’hui, l’individualité est remplacée par le collectivisme, la vie privée se fait rare et l’homme a inventé un ordinateur dont la mission est la collecte et la dispersion indiscriminée des informations personnelles.
La Bienfaisance Maçonnique
Il est vrai que la plus grande partie de la bienfaisance de la franc-maçonnerie se présente sous forme d’institutions et est donc évidente pour l’observateur occasionnel.
Mais une grande partie est réalisée en suivant les préceptes donnés par le sage Maître de Nazareth qui a dit : “Lorsque tu fais l’aumône, ne sonne pas de trompette devant toi, comme le font les hypocrites dans la synagogue et dans les rues, pour être glorifiés des hommes.”
La charité maçonnique ne vise pas à créer une image favorable, comme le faisaient les hypocrites. Elle n’est pas pratiquée pour susciter l’admiration de la Fraternité et la demande d’adhésion. En fait, l’un de nos problèmes aujourd’hui est que la plupart de nos loges sont grossièrement surpeuplées. La charité n’est pas le but de l’Ordre. C’est un résultat, un fruit des plus louables.
Les Secrets Gardés par la Maçonnerie
Autrefois, le secret le plus important du maçon opératif consistait à savoir comment essayer l’équerre, qui est un triangle dans un cercle.
Mais dans la maçonnerie spéculative moderne, à aucun moment ni à aucun endroit, les véritables secrets du Maître Maçon ne sont révélés. Les vrais secrets sont ceux que le maçon conçoit lui-même. Ce sont ses propres conceptions et ses propres conclusions développées à partir de son étude dévouée de la maçonnerie.
Les vrais secrets de la maçonnerie ne peuvent être appris par des yeux indiscrets ou des interrogations curieuses. Un esprit littéral ne pourra jamais les saisir. Ainsi, la lecture d’une révélation ne dévoilera pas les arcanes de la maçonnerie.
Les vrais secrets ne peuvent être définis, tout comme il est impossible de définir Dieu. Car définir, c’est limiter. Les secrets sont limités uniquement par l’éducation et le cœur du détenteur. Seul un esprit honnête et un cœur pur peuvent saisir les vrais secrets de la maçonnerie. Les autres les cherchent en vain, et ne les apprendront jamais, même s’ils sont des experts de tous les signes et symboles de chaque rite et grade de l’Art.
Les secrets de la maçonnerie, comme la musique, le parfum ou la couleur, ne peuvent pas être exprimés par des mots. Ils ne peuvent être ressentis, vécus et mis en pratique. Comme toutes les choses qui valent le plus la peine d’être connues, personne ne peut les connaître à la place d’un autre, et personne ne peut les connaître seul. Elles ne sont connues que dans la fraternité. Car Dieu nous a créés de telle sorte que nous ne pouvons pas trouver la vérité seul, mais seulement dans l’amour et le service de nos semblables. Voici le véritable secret, le secret qui a le pouvoir d’évoquer ce qui est le plus caché et impénétrable dans le cœur de l’homme. Personne ne peut expliquer comment cela se fait. Cependant, nous savons que cela demande un réel effort, une étude profonde, une méditation profonde, une recherche approfondie et une pratique constante de ces vertus qui ouvriront un véritable chemin vers l’illumination morale, intellectuelle et spirituelle.
Ainsi, on nous enseigne que les véritables secrets de la maçonnerie ne sont saisis que lorsque l’étude et la méditation se déroulent dans une atmosphère d’amour et de service envers nos semblables.
Les secrets de la franc-maçonnerie sont simples, pas subtils. Ils sont profonds, pas obscurs. Et la maçonnerie ne cherche pas à les cacher, mais essaie toujours de les donner au monde. Par conséquent, on pourrait dire que la doctrine, la philosophie et les enseignements de la franc-maçonnerie sont plus sacrés que secrets.
En conclusion, il existe des secrets détenus par le maçon qu’il ne doit pas divulguer. Cela suppose des lèvres scellées. Il y a des secrets détenus par la maçonnerie que le maçon individuel ne peut saisir que s’il est prêt et capable de travailler pour les obtenir. Cela demande effort, labeur et ténacité.
Puissions-nous bénéficier de la grâce et de la fermeté de notre résolution pour mener à bien ces deux tâches.
Ainsi soit-il.
Publié dans The Texas Freemason, septembre 1973.