L’essor des véhicules électriques à batterie ne pourra se concrétiser que s’ils occupent une place de plus en plus importante sur le marché de l’occasion. En effet, il se vend beaucoup plus de véhicules d’occasion que de véhicules neufs, et l’accessibilité économique est un enjeu majeur pour de nombreux automobilistes. Cependant, malgré les progrès fulgurants réalisés en termes d’autonomie, de rapidité de recharge et de facilité d’utilisation des véhicules électriques, le marché de l’occasion pour ces véhicules est quasi inexistant.
Les véhicules 100% électriques représentent seulement 1,7% du marché de l’occasion en France
En France, sur les 5,24 millions de véhicules d’occasion vendus l’année dernière, seuls 1,7% étaient des véhicules électriques, soit seulement 88 567 véhicules. Un chiffre dérisoire comparé à la part record de 16,8% des immatriculations de véhicules neufs réalisées par les véhicules électriques en 2023 (soit 1,77 million de véhicules). Bien sûr, il y a un décalage inévitable entre le lancement des véhicules neufs et leur arrivée sur le marché de l’occasion, mais il existe également des obstacles économiques, techniques et psychologiques à l’achat de véhicules électriques d’occasion.
La question du prix est évidemment primordiale, ainsi que celle des aides et subventions qui ne sont plus disponibles pour les véhicules d’occasion. Malgré une baisse importante des prix des véhicules électriques d’occasion l’année dernière (en moyenne, une baisse de 12,8%, soit 4 700 euros de moins par véhicule selon une étude réalisée par La Centrale), ces véhicules restent financièrement inaccessibles pour de nombreux acheteurs. En 2023, le prix moyen d’une voiture électrique ou hybride était de 32 590 euros, soit bien plus que le prix moyen des voitures à essence d’occasion qui s’élevait à environ 19 990 euros.
Les défis de l’usure des batteries et de l’obsolescence technologique
Au-delà des questions financières, l’usure des batteries représente un réel enjeu. En effet, cette usure réduit les performances des véhicules et peut engendrer des coûts de réparation importants. Cependant, le principal frein à l’achat de véhicules électriques d’occasion réside dans les avancées technologiques rapides qui rendent rapidement obsolètes les anciens modèles en termes d’autonomie, de fiabilité électronique et de rapidité de recharge.
Cette problématique s’étend à toute l’Europe, comme le montre un article d’Euractiv. En Allemagne, par exemple, le plus grand marché automobile de l’Union européenne, les véhicules électriques d’occasion ne représentaient que 1,58% du marché de l’occasion en novembre 2023, soit une augmentation modeste par rapport aux 1,23% de l’année précédente, selon les chiffres de ZDK, un groupe représentant les concessionnaires automobiles allemands. En Italie et en Espagne, les parts de marché des véhicules électriques d’occasion sont estimées à moins de 1% par les associations automobiles locales.
Un marché encore incertain
Il est donc légitime de s’interroger sur l’existence réelle d’un marché des véhicules électriques d’occasion à l’heure actuelle. Comme le souligne Marcus Weller du ZDK, les progrès considérables réalisés dans le secteur des batteries au cours des dernières années, notamment en termes de densité énergétique et donc d’autonomie, ne seront pas disponibles sur le marché de l’occasion avant deux ou trois ans au mieux. Et même à ce moment-là, il se posera la question de savoir si de nouveaux modèles plus performants ne seront pas déjà proposés sur le marché.
Face à ces incertitudes, les consommateurs se tournent naturellement vers les véhicules à essence et au diesel, qui semblent représenter une option plus fiable. Friedrich Trosse, secrétaire général de l’AECDR, une association professionnelle représentant les concessionnaires automobiles européens, reconnaît que la situation est similaire dans toute l’Europe : il est presque impossible de vendre des véhicules électriques d’occasion.
Malgré ces défis, il est essentiel de continuer à encourager le développement du marché de l’occasion pour les véhicules électriques. Cela permettra non seulement d’améliorer l’accessibilité financière de ces véhicules, mais aussi de réduire l’empreinte environnementale de l’industrie automobile.