La municipalité de Tours a décidé de mettre fin à la gratuité du stationnement en surface pour les véhicules électriques. Cette mesure, mise en place à l’été 2019 pour encourager l’achat de véhicules Crit’Air 0 et réduire la pollution atmosphérique, a été supprimée en raison de contraintes financières.
La justification avancée par la ville est l’augmentation du nombre de véhicules électriques. En effet, la société chargée du contrôle du stationnement a constaté que de plus en plus de véhicules exempts de frais de stationnement restaient garés toute la journée. Cette décision a été prise malgré le fait que les véhicules électriques ne produisent pas d’émissions de NOx, contribuant ainsi à améliorer la qualité de l’air urbain.
Le stationnement payant : une nécessité
Avec l’essor de la voiture, le stationnement en centre-ville est devenu un problème. Certaines voitures occupaient des places de stationnement pendant toute la journée, limitant ainsi la rotation des véhicules et impactant négativement le chiffre d’affaires des commerces locaux.
Le stationnement payant est apparu dans les années 1920, mais il n’a vraiment été généralisé qu’à partir des années 60. Les municipalités ont rapidement compris que cela pouvait représenter une importante source de revenus. De plus, depuis la dépénalisation de l’infraction de stationnement, les mairies peuvent imposer des “forfaits post-stationnement” à des montants élevés. Même si vous vous rendez au parcmètre et recevez une amende, les nouvelles technologies de surveillance des plaques d’immatriculation ne tiennent pas compte des excuses. Et si vous êtes exonéré (par exemple avec une carte Mobilité Inclusion) ? Eh bien, vous devez entreprendre des démarches compliquées pour contester l’amende.
Une dérive de l’objectif initial
À Paris, le stationnement coûte 6 € de l’heure, et jusqu’à 75 € pour 6 heures de stationnement. La mairie a également décidé de faire payer le stationnement des deux-roues motorisés, à moitié moins cher que pour les voitures. Pourquoi ne pas rendre le stationnement payant pour les vélos et les trottinettes ? Après tout, ils occupent également l’espace public.
Le budget de Paris pour 2023 prévoit une recette de 379 millions d’euros provenant du stationnement payant, une somme en constante augmentation grâce à l’extension des zones de stationnement payant et à la multiplication des amendes. Face à cette “extorsion” liée au stationnement payant, ceux qui n’ont pas d’autre choix paient, tandis que les autres se rendent ailleurs, où de vastes parkings gratuits les attendent avec des centres commerciaux.
Mettre fin aux incitations pour les véhicules électriques ?
Si l’incitation au stationnement gratuit pour les véhicules électriques est abandonnée, pourquoi ne pas supprimer toutes les incitations ? La première d’entre elles est la prime pour l’achat d’un véhicule électrique. En 2023, cette prime est de 5000 € pour un véhicule coûtant moins de 47 000 €. Or, il existe des véhicules électriques légers et économes en énergie, mais aussi des véhicules électriques plus lourds et plus gourmands en kWh et en ressources. Une bonne mesure serait de limiter la prime aux véhicules les plus légers, ce qui correspondrait à une logique d’efficacité.
Les primes d’assurance pour les véhicules électriques sont également généralement moins élevées. Pourquoi ? Cela signifie que tous les assurés paient des primes plus basses sans autre raison que d’avoir un véhicule électrique. Surtout si ce véhicule électrique est une Tesla par exemple, avec ses accélérations qui peuvent parfois être risquées.
De toute façon, avec l’objectif de l’Europe de ne vendre que des véhicules électriques neufs à partir de 2035, pourquoi continuer à faire des incitations ? Les consommateurs n’auront plus le choix. Cela ne correspond-il pas à une forme d’extorsion ?
Note : À Paris, la moitié des contestations concernant le forfait post-stationnement émanent de conducteurs de véhicules exonérés, tels que les véhicules avec une carte Mobilité Inclusion (anciennement GIC) ou Crit’Air 0. Seuls 64 % des recours administratifs préalables obligatoires conduisent à l’annulation du forfait post-stationnement. En d’autres termes, de nombreux bénéficiaires d’exemptions doivent tout de même payer le forfait post-stationnement de 75 €.