Depuis le 1er juillet, les voitures datant d’avant 1997 et les deux-roues d’avant 1999 ne sont plus autorisés à circuler entre 8 heures et 20 heures en semaine à Paris. Une image qui a circulé sur les réseaux sociaux remet en question cette mesure en prétendant qu’elle ne cible pas les véhicules les plus polluants. Mais est-ce vrai ?
Pourquoi c’est trompeur
Selon Luis Le Moyne, directeur de l’Institut supérieur de l’automobile et des transports de l’université de Dijon, les normes antipollution ont considérablement évolué depuis les années 1960. En général, plus un véhicule est récent, moins il est polluant. Ainsi, l’âge des véhicules est un critère cohérent.
Plusieurs facteurs expliquent pourquoi les véhicules récents polluent moins. Pour les véhicules à essence, l’abandon du carburant au plomb et l’introduction du catalyseur trifonctionnel ont joué un rôle important. Cependant, rien n’oblige le remplacement du catalyseur d’un véhicule âgé qui ne fonctionne plus, ce qui entraîne une augmentation significative de la pollution.
Pour les moteurs diesel, l’apparition des filtres à particules et des systèmes d’injection directe de recirculation des gaz brûlés a réduit la pollution.
Une vieille 2 CV pollue plus
L’image qui circule en ligne commet plusieurs erreurs en ce qui concerne la notion de pollution. Tout d’abord, la réglementation prend en compte les émissions spécifiques, c’est-à-dire qu’elle tient compte de la puissance du véhicule. Ainsi, si l’on considère uniquement les émissions de CO2, un gros véhicule de deux tonnes peut émettre au total plus qu’une petite voiture plus ancienne. Cependant, tous les polluants ne sont pas équivalents. Le CO2, qui est un gaz à effet de serre, ne pose pas le même problème que les particules et les oxydes d’azote (NOx), qui sont particulièrement préoccupants en termes de qualité de l’air respiré en centre-ville.
Selon M. Le Moyne, la comparaison entre une grosse berline et une 2 CV laisse entendre que cette dernière serait moins polluante en termes de CO2 et de NOx. Cependant, les 2 CV émettaient d’autres polluants, tels que le monoxyde de carbone, qui sont plus toxiques pour l’environnement. En résumé, affirmer que les véhicules actuels pourraient être beaucoup plus nocifs pour l’environnement que les anciens véhicules, comme une 2 CV, est faux.
M. Le Moyne reconnaît toutefois qu’au fil du temps, la tendance a été de produire des véhicules de plus en plus équipés et puissants, ce qui a entraîné une augmentation de leur poids ainsi qu’une diminution de leur pollution spécifique. Cependant, les bénéfices pour l’environnement ne sont pas aussi importants qu’on pourrait le croire.
Il est également important de noter que certaines exceptions sont prévues pour contourner l’interdiction, telles que les véhicules d’intérêt général prioritaires, les voitures de police, les véhicules des urgences, ainsi que les voitures portant une carte de stationnement pour personnes handicapées et celles dont le certificat d’immatriculation comporte la mention “collection”. De plus, les véhicules de plus de trente ans peuvent être utilisés dans le cadre d’une activité commerciale à caractère touristique, sous réserve d’une autorisation spécifique.
Ne pas confondre fraude et optimisation
Il est important de ne pas confondre fraude aux tests de pollution et optimisation. La fraude consiste à utiliser un “logiciel de trucage”, comme dans le cas de Volkswagen. En revanche, l’optimisation vise à trouver des astuces pour répondre au mieux à ces tests, sans enfreindre les règles en vigueur. Cependant, cela peut conduire à des conditions optimales qui ne correspondent pas vraiment à celles du conducteur moyen.
Selon M. Le Moyne, il n’y a pas lieu de considérer que les vieux véhicules polluent autant, voire moins que les véhicules actuels.
Le débat sur la pollution automobile est complexe, mais il est important de prendre des mesures pour protéger notre environnement et notre santé. En interdisant la circulation des véhicules les plus polluants, Paris espère améliorer la qualité de l’air dans la capitale.