Les voitures de collection en Ile-de-France : une affaire impossible ?

Les voitures de collection en Ile-de-France : une affaire impossible ?

La Mairie de Paris a récemment pris des mesures qui soulèvent une question : sera-t-il encore possible de vendre sa vieille voiture en Ile-de-France ? À partir du 1er juillet, les véhicules de plus de 20 ans, qu’ils fonctionnent à l’essence ou au diesel et immatriculés avant le 1er janvier 1997, ne seront plus autorisés à circuler à l’intérieur de la capitale entre 8h et 20h en semaine. Cette restriction risque également d’avoir un impact sur la valeur de ces véhicules.

Une perte de valeur de 50% ?

C’est du moins ce que suggèrent certains opposants à cette décision municipale. Selon Pierre Steward, expert automobile chez BCA ExpertiseExperveo, “la valeur de ces voitures repose essentiellement sur la qualité de leur entretien, mais les restrictions de circulation auront un impact significatif sur ces véhicules un peu âgés : cela créera un seuil, estime-t-il dans un communiqué de l’Association 40 Millions d’Automobilistes. On estime que ces véhicules perdront 50% de leur valeur lors de la revente.”

Selon BCA ExpertiseExperveo, cela signifierait que leur valeur passerait de 2500 à 1000 euros, affectant 870 000 voitures. 40 Millions d’automobilistes a d’ailleurs l’intention de déposer un recours contre cet arrêté municipal dès sa parution en juillet. Certains sites spécialisés américains voient dans cette interdiction une opportunité pour les amateurs de voitures françaises anciennes non vendables de l’autre côté de l’Atlantique. Si cette interdiction aura sans aucun doute des conséquences négatives sur la circulation des Franciliens, les conséquences sur la revente des voitures immatriculées avant 1997 ne sont pas aussi évidentes à évaluer.

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Un marché très restreint en Ile-de-France

Premièrement, le marché des voitures d’occasion de plus de 20 ans en Ile-de-France est très restreint. En fait, c’est le plus petit marché de France, selon AutoVisual, un moteur de recherche intelligent spécialisé dans les annonces de vente de voitures. Alors que 10% des voitures vendues en Auvergne ont plus de 20 ans, cette proportion tombe à 5,09% en Ile-de-France, soit… 6 583 véhicules ! Les propriétaires préfèrent donc garder leurs vieilles voitures. “Ce ne sont pas des véhicules qui ont intérêt à retourner sur le marché de l’occasion”, explique Antoine Piombino, co-fondateur d’AutoVisual. “D’ici quelques années, avec ou sans interdiction, elles disparaîtront.”

Une valeur moyenne d’environ 1000 euros

En ce qui concerne la valeur de ces voitures, BCA ExpertiseExperveo l’estime à 2500 euros. Cependant, Antoine Piombino souligne qu’en moyenne, sur tous les départements franciliens (hors Paris), le prix moyen pour ce type de véhicule est de 1000 euros. Pour le co-fondateur d’AutoVisual, pour ce type de véhicule, un prix bas est de toute façon une condition sine qua none pour assurer une vente. Passé 20 ans, un véhicule n’est en effet plus considéré comme rare, et des prix bas permettent des transactions rapides entre particuliers.

Une demande pour des voitures à bas prix

Pour le moment, AutoVisual n’a pas remarqué de hausse des petites annonces pour les voitures de plus de 20 ans, les Parisiens ne se précipitant pas pour vendre leur vieille voiture. “Il faudra attendre quelques semaines, voire plus, après l’entrée en vigueur de l’interdiction pour mesurer son impact”, précise Antoine Piombino.

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Cependant, si une vague d’annonces se produisait, il y aurait des preneurs, selon Sylvain Girault, vice-président de l’Association Nationale des Experts en Automobile. “Les primes à la casse de ces dernières années ont fait disparaître de nombreuses voitures à bas prix. Or, depuis la crise de 2008, il y a une demande pour ce type de véhicules peu chers”, explique-t-il. Les sites de vente en ligne ont ouvert le marché, et les gens n’hésitent plus à parcourir des centaines de kilomètres pour trouver leur véhicule idéal. Ainsi, on continuera probablement de voir circuler des Fiat Bravo, des Ford Escort ou des Citroën Saxo.

Article original source: LesEchos.fr