Souvenez-vous de l’époque des années 80, lorsque des voitures issues de l’ex-bloc de l’Est étaient vendues en Europe occidentale et connaissaient un certain succès. En France, les importateurs Poch et Chardonnet ont joué un rôle clé dans la popularité de ces marques, proposant des modèles abordables. Acheter une Lada, par exemple, signifiait avoir un break assez grand pour le prix d’une 2CV neuve.
Malheureusement, le retard technologique combiné à la mauvaise qualité globale de ces voitures a scellé leur sort. Aucune marque n’a résisté à la chute du rideau de fer. Mais qu’est-il advenu de ces voitures depuis ?
Les grandes gagnantes
Deux marques ont su tirer leur épingle du jeu en s’alliant à des partenaires puissants : Skoda et Dacia. Toutes deux sont devenues des marques mondiales en s’appuyant respectivement sur Volkswagen et Renault. Elles ont ainsi pu proposer des modèles “value for money” en entrée de gamme. Il est intéressant de rappeler qu’il y a une vingtaine d’années, Skoda produisait des berlines à moteur arrière et à la technologie comparable à celle de la Renault 8, soit environ 30 ans après que tout le monde soit passé à la traction avant.
Quant à Dacia, elle a produit pendant plus de 30 ans une version remaniée de la Renault 12. Dans les deux cas, on ne peut qu’admirer le chemin parcouru par ces marques.
L’inconnue russe
La marque la plus emblématique des voitures de l’Est est sans aucun doute Lada. Elle a atteint la 7e ou 8e place du marché français à la fin des années 80 grâce à son réseau dense et au succès de ses modèles 2104/5/7, Samara et Niva.
Aujourd’hui, en France, le bilan est plutôt maigre pour Lada. La marque est toujours importée, tout en restant dans l’indifférence générale. Le nombre de modèles immatriculés chaque mois est souvent inférieur à dix, et le best-seller reste le Niva, rebaptisé simplement 4X4, lancé en… 1979. Ce n’est pas une blague.
Cependant, à l’échelle internationale, la situation est bien différente. Lada reste le leader incontesté du marché russe en constante croissance. La marque produit un demi-million de voitures par an dans son immense complexe industriel de Togliatti. De plus, Renault est devenu l’actionnaire majoritaire d’Avtovaz (le nom de Lada en russe). Carlos Ghosn envisage d’ailleurs de rééditer le succès de Dacia avec Lada. Malgré un point de départ difficile, il reste encore beaucoup à voir et Lada pourrait bien faire son grand retour un jour.
Les disparues
Si vous avez une bonne mémoire, vous vous souvenez peut-être de marques telles que Yugo, Polski-Fiat (devenue FSO) ou encore Aro. Elles ont toutes été créées dans les années 60 à partir d’éléments techniques de marques occidentales. Fiat, par exemple, a été particulièrement généreux en fournissant des usines clés en main en Pologne ou en Yougoslavie.
Ces voitures ont été vendues en Europe, voire aux États-Unis dans le cas particulier de Yugo. Aujourd’hui, ces marques sont souvent la source de plaisanteries. Une petite voiture yougoslave au pays des immenses pick-ups, cela fait toujours sourire. Malheureusement, les vagues de privatisations sauvages qui ont suivi la chute du mur ont été fatales à ces marques. Elles ont vivoté pendant quelques années, sans apporter de nouveaux produits, avant de disparaître définitivement.
Le cas de Zastava Yugo est assez emblématique. Cette immense usine CKD implantée par Fiat en Serbie à Kragujevac a produit pendant 30 ans toute une gamme de modèles dérivés de la marque italienne. Même après les années de guerre en ex-Yougoslavie, elle a survécu en se concentrant sur le marché intérieur. La marque Zastava a disparu l’année dernière. Cependant, Fiat a racheté l’usine serbe en 2010, a fait disparaître toutes les particularités locales et a transformé cette usine en l’unique source de production du modèle 500L, exporté même aux États-Unis. La guerre froide est bel et bien terminée !
La chute du rideau de fer a donc eu un impact majeur sur les voitures de l’Est. Si certaines marques ont réussi à s’adapter et à prospérer, d’autres ont disparu ou sont restées dans l’ombre. Cependant, l’histoire n’est pas encore terminée. Qui sait ce que l’avenir réserve à ces marques emblématiques ?