Les voitures électriques 100 % canadiennes : une histoire méconnue du début du XXe siècle

Les voitures électriques 100 % canadiennes : une histoire méconnue du début du XXe siècle

Au tournant du siècle, l’idée des voitures électriques commence à se répandre. Des taxis électriques circulent déjà dans les rues de New York et de Londres, et le public commence à prendre conscience de leur utilité en milieu urbain. En 1899, le Belge Camille Jenatzy fait sensation en battant le record de vitesse sur route avec sa voiture électrique, la “Jamais Contente”. Partout dans le monde, la demande pour des voitures électriques ne cesse de croître, et le Canada ne fait pas exception.

Les débuts prometteurs de la Canadian Motor Syndicate (CMS)

Dès la fin des années 1890, Toronto possède déjà un prototype de voiture électrique, la Fetherstonhaugh, conçue par William Still. Il était évident que Still était destiné à passer de la création de prototypes à des projets commerciaux. C’est ainsi qu’en 1897, la Canadian Motor Syndicate (CMS) voit le jour, avec Still en tant qu’ingénieur en chef, pour accorder des licences, fabriquer et vendre des voitures électriques.

Des premiers modèles peu convaincants à de nouveaux horizons

En 1898, lors de sa première participation à l’Exposition nationale canadienne, la CMS présente un tricycle de livraison électrique à trois roues prêt à être commercialisé. Plus tard cette année-là, elle lance son premier véhicule particulier : un tricycle biplace qui ressemble à un canapé roulant. Malheureusement, ce modèle ne trouve pas preneur, ce qui pousse Still à envisager des projets plus ambitieux.

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En 1899, Still invente un moteur électrique plus grand et plus performant, adapté aux véhicules de plus grande taille. La CMS est alors réorganisée sous le nom de Still Motor Company Limited (SMC) et se lance véritablement dans la vente de voitures particulières et commerciales. Son usine, située sur la rue Yonge à Toronto, tourne à plein régime. Les commandes affluent si rapidement que l’entreprise doit installer l’une des premières lignes téléphoniques de la ville.

Des voitures électriques légères et performantes

En général, la SMC ne construit pas les véhicules de A à Z. Les clients amènent leurs propres véhicules commerciaux et l’entreprise les équipe de moteurs et de batteries Still. Parmi les premiers clients se trouve la société voisine Parker’s Dye Works, et dès 1900, de nombreuses grandes entreprises industrielles et commerciales de Toronto possèdent au moins une ou deux voitures SMC dans leur flotte. Les voitures électriques de la SMC sont réputées pour leur légèreté, leur vitesse relativement élevée et leur maniabilité. Cependant, elles sont principalement des modèles sur mesure, ce qui entraîne des coûts élevés et des marges réduites pour l’entreprise.

Les hauts et les bas de la Canadian Motors Limited (CML)

En difficulté financière, la SMC est rachetée à la fin de 1899 par un groupe d’investisseurs britanniques qui la renomme Canadian Motors Limited (CML). À cette époque, Still développe une gamme de voitures électriques à deux et quatre places, les Ivanhoe et les Oxford, qui rencontrent un succès modéré. La CML devient ainsi la première entreprise automobile britannique au Canada et le premier exportateur de voitures du pays. Entre la fin de 1900 et le début de 1901, des dizaines de véhicules sont expédiés en Angleterre.

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Malgré la publicité éblouissante de la CML et les performances prometteuses des Ivanhoe et des Oxford lors de différents essais routiers en Angleterre, l’entreprise ne perdure pas. En 1904, pour des raisons obscures, elle ferme ses portes des deux côtés de l’Atlantique.

Un héritage durable

Après la fermeture de la CML, Still abandonne l’industrie automobile pour se consacrer à des projets d’ingénierie plus lucratifs. Cependant, son héritage perdure. En 1903, la Canadian Cycle & Motor Company rachète l’ancienne usine de la CMS pour développer sa propre voiture électrique, une conception américaine également appelée Ivanhoe. Bien que les premières tentatives canadiennes de voitures électriques commerciales aient connu un échec, il ne fait aucun doute que la voiture électrique a trouvé sa place sur le marché et que sa popularité ne cessera de croître… du moins pendant un certain temps.

Image d'une voiture électrique

L’histoire des voitures électriques 100 % canadiennes des années 1897 à 1902 est souvent méconnue, mais elle témoigne de l’intérêt précoce pour cette technologie au Canada. Elle rappelle également que l’innovation en matière de mobilité électrique ne date pas d’aujourd’hui. Alors que nous assistons à une nouvelle vague de popularité des voitures électriques, il est bon de se souvenir que le Canada a joué un rôle pionnier dans leur développement il y a plus d’un siècle.

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