Les voitures électriques consomment moins de matières premières que les thermiques, selon T&E

Les voitures électriques consomment moins de matières premières que les thermiques, selon T&E

La dépendance au pétrole brut de l’Europe dépasse largement la nécessité en matières premières pour les batteries des voitures électriques, selon une étude récente de l’ONG Transport & Environment (T&E). Selon cette étude, une voiture électrique alimentée par des énergies renouvelables nécessiterait 58% moins d’énergie qu’une voiture thermique tout au long de son cycle de vie.

L’impact de la recharge et de la fabrication de la batterie

Selon les calculs de T&E, 60% de l’énergie utilisée par une voiture électrique tout au long de son cycle de vie est dédiée à la recharge. Ensuite, viennent la fabrication de la batterie (23%), du véhicule (11%) et la production d’énergie. Dans un scénario entièrement renouvelable (éolien et solaire), cette dernière ne représenterait que 7% de l’énergie totale utilisée. Il est également important de noter qu’un véhicule électrique moyen en Europe émet 64% de CO2 de moins qu’un modèle thermique sur l’ensemble de son cycle de vie.

L’étude estime également qu’une voiture thermique de taille moyenne brûle près de 17 000 litres d’essence sur 225 000 kilomètres, soit l’équivalent d’une pile de barils de pétrole de 90 mètres de haut. Pour un véhicule diesel, cela représente 13 500 litres de carburant. Cette énergie “perdue” ne fait qu’entretenir la dépendance européenne aux importations pétrolières.

L’importance du recyclage

Bien que l’analyse de T&E mette en avant les nombreux avantages des véhicules électriques, elle souligne également la nécessité d’un recyclage efficace. En effet, la batterie d’une voiture électrique de taille moyenne est composée d’environ 160 kg de métaux (graphite, aluminium, nickel, lithium, etc.). Avec un système de recyclage bien structuré, une grande partie de ces matériaux pourrait être récupérée et réutilisée. Cela favoriserait l’économie circulaire, réduirait la pression sur des matériaux tels que le lithium et le cobalt, et permettrait à l’Europe de devenir de moins en moins dépendante des importations extérieures.

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Lucien Mathieu, analyste transport et e-mobilité chez T&E, affirme que, en tenant compte du recyclage des matériaux, seulement 30 kg de métaux seraient perdus tout au long du cycle de vie d’une batterie, soit environ la taille d’un ballon de football. Selon T&E, plus d’un cinquième du lithium et du nickel, et 65% du cobalt nécessaires à la fabrication d’une batterie de voiture électrique pourraient provenir du recyclage d’ici 2035.

Dans cette optique, la Commission européenne a proposé une directive en décembre 2020 visant à imposer des quotas minimums de recyclage pour les batteries. Les objectifs fixés sont de 65% en 2025 et de 70% à l’horizon 2030. Ces quotas varieront en fonction des matériaux, avec un taux de recyclage de 90% pour le cobalt, le nickel et le cuivre dès 2025. En revanche, le taux proposé pour le lithium n’est que de 35%, une cible jugée insuffisante par T&E compte tenu du fort potentiel de cette filière.

L’autosuffisance de l’Europe en batteries pour véhicules électriques dès 2021

Outre les besoins en matières premières, l’étude de T&E s’est également penchée sur la fabrication des batteries. Alors que l’Europe dépendait pendant longtemps des fournisseurs asiatiques, l’industrie automobile européenne est en train de se structurer. Selon T&E, l’Europe devrait être en mesure de répondre à ses propres besoins dès 2021, avec une capacité de production estimée à 91-92 GWh, équivalente à la demande actuelle.

Pour la prochaine décennie, 22 méga-usines de batteries sont prévues en Europe. Elles atteindront une production totale de 460 GWh dès 2025, permettant d’équiper environ 8 millions de voitures électriques chaque année. À titre de comparaison, la capacité de production européenne n’était que de 49 GWh en 2020. D’ici 2030, cette production annuelle pourrait atteindre 730 GWh. Cette expansion de la production devrait créer environ 64 000 emplois directs dans le domaine de la fabrication de batteries d’ici 2025 et 100 000 emplois d’ici 2030.

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L’Allemagne, qui concentre une part importante de la production automobile, devrait représenter environ la moitié de la production européenne de batteries d’ici 2025. La Pologne se positionnera en deuxième position avec 14% de la production grâce à l’implantation de LG Chem. La Hongrie, la Norvège, la Suède et la France devraient être à peu près au même niveau, représentant environ 7 à 8% de la production européenne en 2025. En France, l’usine de fabrication de batteries de SAFT (filiale de Total) et de Stellantis se concrétise, ce qui permettra, selon T&E, aux fabricants européens de prendre le relais des fabricants asiatiques dès 2026.

L’étude complète de T&E est disponible à l’adresse suivante : lien vers l’étude