Pour de nombreuses voitures électriques, même les dégâts légers sur un pack de batteries après un accident peuvent rendre impossible leur réparation ou leur évaluation. Cette situation pousse les assureurs à envoyer à la casse des voitures avec seulement quelques kilomètres au compteur, ce qui entraîne une augmentation des primes et annule les avantages de passer à l’électrique dans ce domaine.
Des réparations difficiles et un diagnostic impossible
Pourquoi cela se produit-il ? En réalité, cela dépend des choix faits par les constructeurs lors du développement de leurs modèles. Par exemple, Ford et General Motors ont fait des efforts pour rendre leurs packs de batteries plus faciles à réparer, mais d’autres marques, comme Tesla, ont fait le choix inverse. Les cellules 4680 du Tesla Model Y sont collées ensemble pour former un pack qui devient également un élément structurel du châssis, limitant ainsi les coûts de production. Cependant, cela le rend trop complexe, voire impossible à enlever ou à réparer, conduisant à sa destruction en cas de moindre problème.
Avant même d’arriver à l’étape de la réparation, il est déjà difficile d’évaluer l’état du pack de batteries, car de nombreux constructeurs ne permettent pas aux tiers d’accéder aux données liées aux cellules. Par mesure de précaution, les compagnies d’assurance préfèrent donc déclarer les voitures comme épaves, même si le pack est légèrement endommagé avec des cellules probablement intactes. Michael Hill, responsable des opérations chez Synetiq, le plus grand opérateur de casses en Grande-Bretagne, estime qu’au moins 95 % des cellules des centaines de voitures électriques et hybrides sur ses sites sont intactes et pourraient être réutilisées au lieu d’être directement recyclées, d’autant plus qu’il n’existe pas d’usines locales de recyclage au Royaume-Uni.
Des conséquences écologiques et économiques
Les conséquences de cette situation sont à la fois écologiques et économiques. Sur le plan écologique, les voitures électriques ne parcourent souvent pas suffisamment de kilomètres pour compenser les émissions de CO2 supérieures liées à leur production par rapport à leurs homologues thermiques. Sur le plan économique, les primes d’assurance augmentent en raison du coût potentiel de remplacement anticipé du pack de batteries, malgré le fait que les voitures électriques, plus modernes et équipées d’aides à la conduite, ont statistiquement moins d’accidents.
Des solutions existent
Bien que les réglementations européennes récemment adoptées sur les batteries ne traitent pas spécifiquement de cette question, elles encouragent néanmoins l’établissement de normes qui “faciliteraient la maintenance, les réparations et la réutilisation”.
Pour les assureurs, deux solutions sont envisageables. La première consiste à séparer physiquement les batteries en modules, afin de les rendre plus simples à réparer ou à remplacer indépendamment des autres. La deuxième solution consiste à autoriser systématiquement l’accès aux données des batteries à des indépendants, leur permettant ainsi d’effectuer des diagnostics.
Il est donc essentiel de trouver des moyens de maximiser l’utilisation et la durée de vie des batteries des voitures électriques, afin de préserver à la fois l’environnement et les avantages économiques de cette technologie.