L’Europe est confrontée à une dure réalité concernant sa stratégie des voitures électriques. En effet, les constructeurs automobiles européens qui utilisent encore massivement des moteurs électriques à aimant permanent pourraient être contraints de revoir leur approche. Tesla, par exemple, utilise une quantité importante de métaux rares dans ses moteurs à aimants permanents. Elon Musk, anticipant peut-être un changement de donne, avait annoncé en début d’année une nouvelle génération de moteurs électriques à aimants permanents sans métaux rares, sans en dire davantage.
Le choix stratégique de Renault
En revanche, ceux qui, comme Renault, ont rapidement opté pour le rotor bobiné, semblent avoir pris la bonne direction. Même si ce type de moteur présente un rendement moindre (le bobinage doit être alimenté pour être magnétisé, contrairement à l’aimant permanent qui l’est naturellement), il permet de se passer des métaux rares indispensables à la fabrication des aimants.
La Chine, qui concentre plus de 70 % de la production et du raffinage de ces métaux rares, a récemment annoncé un embargo sur leurs exportations. Les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis ont conduit à cette situation délicate pour l’Europe qui se trouve prise au milieu de cette tempête sans avoir les mêmes atouts que les deux géants.
Un impact sur les technologies essentielles
Ce n’est pas seulement les métaux rares qui sont concernés par cet embargo, mais également les technologies d’extraction et de séparation des terres rares. Ainsi, la Chine limite à la fois les produits finis et les technologies qui les rendent utilisables dans les moteurs des véhicules électriques. Les terres rares sont également utilisées dans les technologies embarquées, les objets connectés et les énergies renouvelables telles que les éoliennes.
Ce coup dur pour l’Europe intervient au moment où elle commence à construire des usines de batteries sur son sol afin de réduire sa dépendance à la Chine. Cependant, l’Union européenne n’avait pas encore abordé la question de la liste des 17 éléments dont la Chine détient le monopole.
Les défis auxquels l’Europe est confrontée
La situation n’est pas facile pour l’Europe en ce qui concerne les véhicules électriques. Une récente étude de Siemens Financial Services met en évidence le manque criant de bornes de recharge en Europe. On constate également un rapport inquiétant entre les installations de recharge publiques et le nombre de véhicules électriques sur les routes. Seule la Chine semble avoir véritablement investi dans les réseaux publics de recharge des véhicules électriques. Parallèlement, des pays européens tels que le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et l’Espagne n’atteignent même pas la moitié du taux de mise en œuvre de la Chine.
Les taux d’intérêts élevés et les prix des véhicules électriques, la décote incertaine due aux progrès rapides dans ce domaine et l’impossibilité pour de nombreux Européens de recharger leur véhicule dans un habitat collectif sont autant d’obstacles au déploiement massif des voitures électriques promis par certaines marques dès 2028.
Malgré tout, les ventes de véhicules électriques ont atteint à deux reprises 20 % de parts de marché. Cependant, leur maintien à long terme reste incertain. En effet, Bosch a annoncé récemment que les années 2024 et 2025 seront plus difficiles que prévu pour l’industrie automobile européenne. Le géant allemand, fournisseur de composants et de pièces pour les véhicules électriques, a revu à la baisse ses ambitions. Selon lui, la dynamique de croissance espérée n’est pas au rendez-vous, et les perspectives pour les années à venir sont peu encourageantes.
Ainsi, l’Europe se retrouve confrontée à un défi de taille avec la montée en puissance de la Chine dans le secteur des véhicules électriques. La dépendance de l’Europe envers les métaux rares chinois met en péril sa capacité à développer son industrie automobile électrique de manière autonome.