La popularité des voitures électriques ne cesse d’augmenter. Entre 2020 et 2021, les ventes ont bondi de 63% en France, et cette tendance se confirme également à l’échelle européenne. De plus, avec la découverte récente d’un important gisement de lithium en Chine, un élément essentiel pour les batteries, l’industrie des voitures électriques continue de prospérer.
En France, le gouvernement est convaincu que les voitures électriques sont un élément clé dans la lutte contre le réchauffement climatique. Il propose notamment un bonus écologique pouvant atteindre 5 000 euros pour l’achat de modèles ayant une faible empreinte carbone.
Cependant, vous avez peut-être été surpris par l’association des termes “polluant” et “voiture électrique”. Et pourtant, même si elles fonctionnent à l’électricité, ces véhicules contribuent également à l’émission de CO2 dans l’atmosphère, et ce, même en dehors de leur utilisation.
De la fabrication au recyclage
Certains sceptiques, souvent mieux informés que tout le monde (notamment sur les sujets tels que le Covid, l’Ukraine et la fertilité des bovins), affirment à juste titre que le CO2 émis par les voitures électriques est important, voire supérieur à celui des voitures thermiques. Ils soulignent le coût écologique de leur fabrication, un aspect souvent négligé.
Pourtant, une étude approfondie réalisée par le cabinet indépendant Carbone 4, spécialisé dans la stratégie bas carbone et l’adaptation au changement climatique, prend en compte non seulement les émissions de gaz à effet de serre pendant l’utilisation du véhicule, mais aussi celles liées à la fabrication de la batterie, à la production d’électricité pour alimenter la voiture, ainsi qu’au traitement en fin de vie et au recyclage de la batterie.
Plus écologique après deux ou trois ans d’utilisation
Le premier enseignement de cette étude est que la construction d’une voiture électrique émet effectivement plus de CO2 que celle d’une voiture thermique. Cependant, cette différence est largement compensée lors de l’utilisation de la voiture. Carbone 4 conclut que, sur toute sa durée de vie, une voiture électrique émet trois à quatre fois moins de CO2 que son équivalent thermique, après avoir parcouru environ 30 000 à 40 000 km, soit environ 2 à 3 ans d’utilisation pour une utilisation moyenne.
Étant donné que les voitures parcourent en moyenne 200 000 km au cours de leur vie, chaque voiture électrique mise en circulation permet de réduire les émissions de CO2 de manière significative.
L’importance du mix énergétique
Cependant, les sceptiques soulèvent un point important : l’impact environnemental dépend du mode de production de l’électricité. Comme l’électricité ne tombe pas du ciel (enfin si, mais elle n’est pas utilisable pour alimenter les voitures électriques), il est essentiel de prendre en compte les différentes sources de production.
Le graphique précédent montre que, en France, où le mix énergétique est moins carboné en raison d’une plus grande utilisation de l’énergie nucléaire, le bilan carbone d’une voiture électrique est moins élevé que dans d’autres pays européens. En résumé, plus la production d’électricité est carbonée, moins l’écart entre les voitures thermiques et électriques est important.
Un avantage pour les voitures électriques dans la plupart des pays
Malgré ces considérations, l’étude montre que les voitures électriques restent avantageuses dans la plupart des pays. Même si elles sont rechargées à partir d’un mix électrique dominé par le charbon, comme en Australie, en Chine ou en Pologne, les émissions des voitures électriques restent inférieures à celles des voitures thermiques sur leur cycle de vie.
Cette tendance devrait s’accentuer à mesure que les pays s’engagent à décarboner leur mix énergétique dans les années à venir.
Cependant, quelques exceptions existent. Carbone 4 identifie une vingtaine de pays où les voitures électriques sont moins vertueuses que les voitures thermiques, notamment en Inde, dans certains pays d’Afrique et du Moyen-Orient, ainsi que dans des pays insulaires tels que Cuba, Haïti ou l’Indonésie.
La fausse bonne idée du SUV électrique
Il est important de noter que le choix du modèle de voiture électrique est également crucial. Reproduire le modèle du SUV thermique dans le domaine de l’électrique est “l’exemple parfait de la fausse bonne idée”, selon les auteurs de l’étude. Par exemple, une Audi e-tron (un SUV électrique) a une empreinte carbone deux fois plus élevée qu’une Volkswagen Up (une petite voiture thermique) sur une durée de vie de 150 000 km.
De plus, parmi les différentes voitures électriques, les émissions de CO2 varient considérablement en fonction de la taille du véhicule. Les voitures électriques les plus grandes émettent 117% de CO2 de plus que les modèles plus petits. Cependant, les plus grands modèles restent plus écologiques (en prenant en compte l’ensemble des émissions de CO2 tout au long de leur cycle de vie) qu’un modèle thermique moyen.
L’hybride n’est pas la solution ultime
Carbone 4 remet également en question l’idée reçue selon laquelle les véhicules hybrides (qui combinent un moteur thermique et un moteur électrique) seraient le compromis idéal entre les besoins réels et les objectifs climatiques.
Le cabinet souligne trois points : le mode électrique est peu utilisé (moins de 40% des kilomètres), le moteur thermique est généralement moins performant que les moteurs essence/diesel comparables, et la présence de deux moteurs augmente significativement la masse du véhicule, et donc sa consommation.
Pour illustrer ce constat, une voiture hybride émet seulement 21% de CO2 en moins qu’une voiture thermique, tandis que ce chiffre atteint 71% pour une voiture électrique. Bien que les voitures hybrides réduisent effectivement les émissions de CO2, cette réduction est bien en deçà des objectifs de réduction que la France s’est fixés (-40% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990).
En conclusion, les voitures électriques sont une alternative moins polluante que les voitures thermiques dans la plupart des cas. Leur impact environnemental est d’autant plus bénéfique lorsqu’elles sont utilisées sur une longue période. Toutefois, il est important de prendre en compte les spécificités de chaque pays et de choisir judicieusement le modèle de voiture électrique pour maximiser leur contribution à la réduction des émissions de CO2.