Lancer une nouvelle technologie sur le marché grand public suit souvent un schéma bien établi. Les produits de pointe sont d’abord réservés à ceux qui peuvent se les offrir, puis ils se démocratisent au fur et à mesure que l’intérêt du public grandit. Les industriels investissent alors massivement, voyant un potentiel de vente élevé. Et à mesure que le produit devient plus disponible, il devient également moins cher à produire et à acheter.
C’est exactement ce qui s’est passé avec l’arrivée de la Porsche Taycan, la première voiture électrique en Europe à fonctionner sous une tension de 800V. Cette petite révolution a permis à Porsche d’annoncer une puissance de charge de 270 kW, un chiffre jamais atteint auparavant. Peu de temps après, l’Audi e-tron GT a suivi, partageant la même plateforme et la même technologie.
Démocratiser la technologie
Suite au succès des voitures allemandes, il n’est pas étonnant de voir d’autres constructeurs généralistes se pencher sur cette question. Hyundai/Kia a été le premier à réagir, avec la conception de la plateforme e-GMP, utilisée par les Hyundai Ioniq 5 et Kia EV6. Avec des prix beaucoup plus abordables que ceux de la Taycan et de l’e-tron GT, à partir de 41 100 et 48 690 € respectivement, ces modèles coréens contribuent à démocratiser cette technologie, qui présente comme principal avantage de réduire les temps de charge.
En 2022, le temps de charge reste une question toujours d’actualité. Bien que l’autonomie des voitures électriques s’améliore constamment, il est essentiel que les utilisateurs puissent recharger rapidement et facilement leurs véhicules. L’objectif est d’éviter que l’électrique ne soit perçue comme trop contraignante dès que l’on dépasse un simple trajet urbain. Le système 800V permet d’accepter des puissances de charge très élevées sans nécessiter une infrastructure plus imposante que le système 400V utilisé par la majorité des autres voitures électriques du marché. De plus, il offre une meilleure efficacité énergétique, ce qui le rend encore plus attractif pour tous. Selon le responsable de la branche des motorisations électriques chez GKN, Dirk Kesselgruber, “la majorité des nouveaux modèles seront équipés en 800V d’ici 2025”. Cette vision est également partagée par d’autres équipementiers, tels que Vitesco et BorgWarner.
L’infrastructure essentielle
Cependant, il y a un obstacle à surmonter. Jusqu’à présent, Ionity est l’un des seuls réseaux européens capables de fournir jusqu’à 350 kW de puissance dans des conditions idéales. Si l’on souhaite réellement démocratiser la recharge ultra-rapide, il est essentiel de développer une infrastructure étendue, fiable et suffisante pour accueillir des milliers de nouvelles voitures électriques chaque année. Étant donné qu’Ionity est en partie dirigé par un consortium de constructeurs automobiles, il y a de bonnes chances qu’un réseau de recharge plus vaste se mette en place dans les prochaines années. Cependant, il est indéniable que nous sommes actuellement à un moment charnière de l’industrie automobile, où l’écart entre la technologie des voitures électriques et celle des infrastructures de recharge peut encore sembler déconcertant.
Si le système 800V est destiné à simplifier la vie des utilisateurs une fois que tous les constructeurs l’auront adopté, son plein potentiel ne sera réalisé que lorsque tous les conducteurs auront accès à une solution de recharge en accord avec les performances promises.