En cette période de COP 26, l’écologie est au centre de toutes les attentions, avec un objectif clair : réduire les émissions de CO2. Le secteur automobile n’échappe pas à cette volonté. Fin octobre, le président Emmanuel Macron a annoncé, dans le cadre du plan France 2030, l’objectif de produire deux millions de véhicules électriques et hybrides dans les dix prochaines années. Plus largement, la Commission européenne a publié le 14 juillet dernier son plan climat “Fit for 55”, qui vise à réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre du secteur automobile d’ici 2030, par rapport à 1990. La solution privilégiée pour y parvenir est l’électrique.
La “dette CO2” des voitures électriques
Mais est-ce vraiment la seule solution ? Si l’on se concentre uniquement sur les émissions de CO2 sur la route, la réponse semble évidente. Cependant, un rapport de l’Institut Montaigne démontre que les choses sont plus complexes si l’on prend en compte le coût en CO2 de la construction du véhicule, notamment de sa batterie au lithium. En effet, produire une voiture électrique est plus émetteur de CO2 qu’une voiture thermique, en raison de la fabrication de la batterie. “Lorsque vous achetez une voiture électrique, vous commencez avec une dette CO2”, déclare Diane Strauss, directrice du bureau France de l’ONG Transport & Environnement. Cependant, cette dette est rapidement remboursée en France. “Elle est amortie à partir de 18 000 km, soit environ un an et demi d’utilisation pour un conducteur moyen.”
Le nombre de kilomètres nécessaires pour rembourser cette dette CO2 dépend grandement du pays dans lequel vous roulez. Plus le mix énergétique est bas en carbone, plus les économies de CO2 sont importantes. Ainsi, cette dette est remboursée plus rapidement en France qu’en Allemagne ou en Pologne, par exemple. La situation devrait néanmoins s’améliorer dans les années à venir, avec le développement de la fabrication des batteries en Europe et le recyclage industriel des métaux.
L’importance du mix énergétique de chaque pays
En attendant, les constructeurs automobiles jouent le jeu de l’électrique et respectent les réglementations européennes. Cependant, une certaine méfiance persiste. “Il est important de mesurer l’impact de manière objective, sans dogmatisme. La même solution ne convient pas à tous les endroits de France”, rappelle Claude Cham, président d’honneur de la FIEV (Fédération des équipementiers), qui représente des entreprises travaillant souvent sur plusieurs continents. “De plus, il ne faut pas se focaliser uniquement sur notre territoire. Il y a des pays qui n’ont pas les mêmes règles que nous, et il faudra les servir.”
Pour l’instant, la production de moteurs thermiques se poursuit, ce qui désole certaines ONG qui espèrent mettre fin à cette production dès 2030. De son côté, la France souhaite maintenir les modèles hybrides rechargeables au-delà de 2035.
En conclusion, les voitures électriques constituent une solution réelle pour réduire la pollution, mais il faut tenir compte de l’ensemble du cycle de vie du véhicule, y compris la production de la batterie. Il est également important d’adapter les solutions à chaque pays en fonction de leur mix énergétique. Toutefois, le développement continu de la technologie et des réglementations permettra de progressivement réduire l’impact environnemental du secteur automobile.